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Le Scriptorium - Page 97

  • SANS ARMES NI BAGAGES, EN FÉVRIER d’ADIEU ET DE MIMOSA

    bonne mère.jpg

     

    ll y aurait les scripteurs de l’intervalle et ceux de la diaspora. Les premiers sont les présents qui bravent la rude pente à gravir vers la statue en or de la Vierge, et font escale. Les seconds vous rappellent que le poème nous tient lieu à lui seul. Les uns et les autres forment un ensemble à moitié visible, à moitié transparent convoqué par la rencontre des écritures. Un « intervalle », au sens où nous l’entendons, est cet espace de fortune où se mêlent les écrits des familiers du moment et ceux  des amis hors les murs pour composer un curieux geste poétique à plusieurs voix, autour de la table du jour.

     

    C’est aussi dire que nous sommes tous porteurs à notre manière de ce « chant déraisonnable » que nous a laissé Martial Teboul, disparu l’été 2012 et auquel nous avons rendu hommage en ce jour de février finissant. 

    La rencontre Sans armes ni bagages pouvait alors vivre ses  vies parallèles entre les poèmes des présents et ceux des amis hors les murs qui nous avaient fait signe. 

    Sans armes ni bagages, comme on dit nu peut-être, allégé, à la façon de cet « oiseau avare » de Michel Leiris.  À la recherche de la part manquante et native appelée par Lysey. Ou bien dans la facétie d’un sketch créé par Jean-Marc Bonnel entre un gendarme et un touriste. 

    L’intervalle avait été préfacé d’un atelier d’écriture à Aix-en-Provence, en collaboration avec l’association Histoire d’écrire 

    Sans armes ni bagages ou bien déjà sans âge ni vacarme.

    Privilège d’un instant de février avec le mimosa qui réclame déjà  à sortir de l’hiver. 

    LYSEY Sans armes ni babages Lysey graph.jpg


     

    Avare

     

    M’alléger
    Me dépouiller
    Réduire mon bagage à l’essentiel
    Abandonnant ma longue traîne de plumes
    De plumages
    De plumetis et de plumets

    Devenir oiseau avare
    Ivre du seul vol de ses ailes

     

    Michel Leiris


    __________________


    Le Coin lecture

      

    Oubliant
    Ce qui n'a pas existé,
    Visages sans reflets, os
    D’aucune communauté,
    Écrire vient

     
    Obscurément
    D'une perte qui transforme
    Le regret en désir.

    *

    Qu'est-ce qui est écrit, donné
    Pour être aimé,
    Sachant l'écrit sans avenir ?
    Écrire donne
    Et reprend donc
    Du même coup ?
    Ah réponds même en cendres
    Froides. 

    Marcel Migozzi

    ______________________

    À suivre... ( voir Anthologie des Poètes de la Coïncidence)

    Poèmes de Angèle Paoli, Laurence Verrey,
    Leonor Gnos
    Gérard BoudesDominique Sorrente



  • Légère comme une ombre ~ Angèle Paoli

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    Légère comme une ombre

    la vie se déplace
    sur un fil 

    un oiseau tire-d’aile
    ponctue la ligne 

    tes pas te conduisent
    où tu erres 

    dans l’apaisement
    des jours

    ta vie dans une conque claire
    à la levée du ciel

    tu marches à la rencontre
    des sources
    effluves de printemps
    sous la sève
     

    qui d’autre à dire
    la touffeur du maquis
    odeurs d’urine et de bêtes
    laines de velours
     

    tu as peur de ton ombre
    qui glisse
    tu regardes le ciel

     

    pour quel présage
    outremer
    le soleil dense
    sur la vague

     

    là - haut
    dans le grand espace
    des crêtes
    se livre la vie
    hors temps
     

    les chèvres sont passées
    ce matin
    houle de billes
    vagabondes

     

    mettre fin aux négociations
    cesser de tergiverser
    en finir avec les palabres
    mots vides qui s’échangent
    sur fond de tambour
    arrêter le flot des mots
    se délester des combats
    de coqs
    prendre du champ
    dans la limaille

     

    seul le grelot d’une chèvre
    compte
    et ce perce-neige docile
    qui s’ébroue
    sous des perles d’eau
     

    tu passes et encor repasses
    toujours sur les mêmes mots
    « un courlis d’eau frôle la vague »

     

    un oiseau déplace en vol
    toute la violence
    du jour silence
     

    sensible insensible
    à ce qui meut
    les âmes mortes.

     

    Angèle Paoli

     

    chèvre-corse.jpg


  • Certains soirs ~ Laurence Verrey

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    Certains soirs on voit
    passer une ombre
    un interdit
    une question égarée
    on lève un sens
    n’importe lequel
    pourvu
    qu’il répande
    un peu de jour
    cela dit 
     

    elle vient
    la nuit
    claire par endroits
    sur le pont suspendu
    et l’étoile en haillons
    qui semble trébucher
    le pur soleil de
    la nuit
    dévêtue
     

    à cette heure
    on peut voir
    une silhouette
    sur les collines
    une fenêtre éclairée
    sa lueur
    qui faiblement
    désigne 


    un berceau
    un barrage
    une dispute
    l’indéchiffrable
    mal de vivre
    l’ordre
    des choses

      

    et puis tout change
    on se réveille
    l’eau coule
    sous le pont
    le barrage cède
    soulagement
     

    alternance des poids
    et de l’allégement
    lourdes pertes
    lourdes pierres
    miraculeuses

     

    forces revenues
    mouvements
    entre pesanteur
    et lumière
     

    Sisyphe
    et Icare
    feu sur la grâce
     

    qui brûle
    en équilibre
     

    sur le fil

     

    Laurence Verrey, février 2013

     

    Aleksandra Gach Photographer.jpg
     © Photo Aleksandra Gach