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Le Scriptorium - Page 97

  • L’Initiation scriptorienne ~ Gérard Boudes

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    Il n’avait plus à se défendre

    Il n’avait plus à chasser,

    Lui avait on dit.

     

    Il était sans armes.

      

    On lui avait dit de tout laisser,

    Ici, il n’avait besoin de rien.

    Il avait donc rendu son sac.

     

    Il était sans bagages. 

     

    On l’avait poussé dans ce petit bureau,

    Nu.

    On lui avait porté papier et stylo. 

     

    Mais que pouvait il mettre sur

    Cette page blanche ?

    Il n’avait plus rien.

      

    Ses mains étaient vides

    Mais sa tête semblait

    L’être plus encore.

     

    La lumière était faible,

    Une maigre bougie

    Diffusait une pâle lueur.

     

    Les ombres grossissaient les objets.

    Il regarda le reflet de ses doigts

    Sur la page.
     

     
     

    Ils semblaient dessiner des personnages.

      

    Il était sans armes ni bagages.

      

    Mais soudain, il vit

    Sous la bille de son stylo,

    Tout un monde

    Qui naissait et grouillait

    Travaillait et chantait,

      

    Silencieux

    Hors du temps.

    Sans âge ni vacarme.

     

    Gérard Boudes15 février 2013

     

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  • Anvers, sans armes ni bagages ~ Dominique Sorrente


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    On arrive parfois ainsi, sans aucun signe de distinction

    que la lumière de l’aube,

     

    l’âme marque une pause

    dans son chemin de ronde,

     

    il y a comme

    un instinct de lenteur,

    et le reflux du paysage qui transpire en buée à la fenêtre de la chambre.

     

    Draps froissés,

    quelque chose de transparent vient se placer

    à la face du jour,

     

    on dit un repli de vivre

    et il bouge vaguement au milieu des grands rêves

    qui ont cessé d’être incendiés.

     

    On est nu

    de ce monde à naître. 


    (…)                 


    Dominique Sorrente

     

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    Souvenirs d'Anvers, Victor Hugo


  • TRAVAUX DÉTONNEMENT

     

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    Ce 8 décembre, intervalle ouvert à la montée de l’Oratoire.

    Le Scriptorium à ses travaux d’étonnement.

    À commencer par une date impossible à jouer (le 9, c’est un dimanche) qu’on rectifie, à la va-vite. Puis le salon s’invente une installation imprévue : mur qui se donne aux infiltrations et aux humeurs de pont thermique, échelle et seaux, humidificateur, et tableaux décrochés. La cheminée prend le relais, décidée à honorer le blé de la Sainte-Barbe et les trois soucoupes attendues. Nicolas en valet - feutier du langage initie un feu de camp d’intérieur.

    L’Assemblée Générale, en bonne et due forme de marche, s’ouvre sur une recommandation décisive : « Les croquants aux amandes s’attaquent par les dents du fond ».

    Deux heures plus tard, un message personnel de papillote synthétise la couleur de la tâche des scripteurs réunis : « Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses ». Parole de Gandhi.

    Autour de la table à la nappe rouge, peuplée d’olives, les échappées montent d’un cran, à la faveur des libations. Voici les premiers mots de la Métamorphose de Kafka prononcés en allemand par Léonor. Puis, un peu plus loin : « La capacité de s’étonner est la principale vertu du poète ». C’est Ossip Mandelstam qui écrit cela, et Nicolas, le nôtre, lit en russe les premiers vers de « Quelle rue est-ce là ? ».

    Entre deux dégustations pourpre, les « écritures de l’eau » portées par Patrick libèrent un monde à plusieurs voix de création partagée. « Étonnez-moi, Benoît » risque une voix espiègle qui chantonne.

    Entre la poire (qui fut raisins et mandarines) et le fromage (glorieux absent du jour), une expression caresse les visages qui dit la face et son envers : Hé oui, plus rien ne m’étonne…

    « Poème, cet étonnement désordonné du monde » assure Henri, qui a déplacé l’i grec à la fin de son nom, pour mieux nous enseigner en douce gravité :

    « La création travaille l’écart au noir ».

    Marthe, de son côté, n’a pas son pareil pour préparer la vinaigrette et évoquer les statues vivantes dans les rues du Panier. La poésie est partout, dit-elle. Et Dominique qui contemple son mur intérieur où la pluie s’est insinuée n’en revient pas.

    Un peu plus loin, plus tard, des témoins racontent qu’on a entendu dans l’Iphone amplifié quelques étranges ombres portées sonores de la parole de Bran, costumé

    en garde-imaginaire. Plus loin encore, guitare et voix ont lâché la chanson inédite « Mon Amazone » pour un instant de tropical humide.


    Vue vers les îles Richelieu.jpgHier ist Süden (Voici le Sud) a prévenu Léonor.

    Lysey n’a rien perdu de tout cela dans ses graphismes de l’instant. Elle a lu un bout de Sphère de Guillevic, devenu soudain moins jardin lapidaire que chambre d’échos. Elle a cité un vieil étonnement tiré de la Bible, quand Adam et Ève surent qu’ils étaient nus.

    En ce jour où Bonhomme Hiver, même au Sud, montre le bout de son cache-nez, ça trouble les plus réchauffés.

    À 15h30, le défilé des chapeaux a repris, au seuil où le mistral encore gagnant attendait les néo-nomades, surpris par tant de vigueur élémentaire.

    Le feu a prolongé tout seul sa rêverie, le temps de quelques Christmas Carols.

    Marcel Migozzi  avait averti la cantonade par son tout dernier écrit, reçu le matin même : « N’insistons pas ».

                                                                                      *

    Quelques ouvrages et autres sources rencontrés pendant cet Intervalle : 

     

    Léonor Gnos, Hier ist Süden, éditions Isele, 2012

    Marcel Migozzi, N’insistons pas, Encres vives, décembre 2012

    Palestines, collectif des éditions Sillages, décembre 2012

    Patrick Druinot, Le voyage est toujours possible, éditeur P. Druinot, octobre 2012

    Écritures de l’eau, livre à plusieurs voix, préface A.Ughetto, illustration Daniel Vincent, textes de Parviz Albogassemi, Geneviève Bertrand, Patrick Druinot, Léonor Gnos,  C.L.I.P,  octobre 2012 

    (Textes ci-dessous)

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