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Le sens de l'humeur

  • PATRICIA LE ROUX, in memoriam (16 septembre 1958- 17 octobre 2011)

     

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    Regardez la nuit derrière nous,

    Et voyez devant comme elle est transparente!

    Les plantes d'ombre étendent leurs branches vers le jour.

     

    Il fait céleste par devant, criez-le mais criez-le !

    Même la mort ne coupe la pente où nous montons,

    Ne perdons pas le souffle comme des adultes,

    C'est l'enfant qui s'envole en nous!

     

                               Patrice de la Tour du Pin

                              ( Hymne, Petite somme de poésie, 1957)

     
     
    Look at the night behind us,
    And see before us how transparent it is!
    The shade plants stretch their branches towards the day.
     
    It is heavenly in front, shout it out but shout it out!
    Even death does not cut the slope we climb,
    Let us not lose our breath like adults,
    It is the child who flies in us!
     
    Patrice de la Tour du Pin
    (Hymn, Little sum of poems, 1957)
     
    translated by Cynthia Sikorski 
     

    Patricia Le Roux ( 1958-2011) est né à Lyon. D'un père provençal, d'origine italienne et polonaise, et d'une mère écossaise. Elle a vécu son enfance au Tholonet, le pays de Cézanne, près d'Aix-en Provence. Ses études la conduisent à la faculté de médecine de Marseille en médecine générale, puis médecine du travail et pédiatrie. Elle marque une prédilection pour les stages au service des urgences, ainsi qu'à la caserne des pompiers d'Aix en Provence.

      

    Elle exercera, par la suite, en pédiatrie en cabinet libéral à Marseille, d'abord sur le rocher de Samatan, puis à l'entrée du vallon des Auffes, entre 1991 et 2011. Parallèlement à son activité de praticienne, elle va développer une action au niveau politique et syndical, tout en approfondissant son travail de recherche en homéopathie dont témoignent ses publications. De 2000 à 2011, elle est secrétaire générale de l’ECH (Comité Européen pour l’Homéopathie) à Bruxelles. Elle est également le vice-président du SNMHF (Syndicat National des Médecins Homéopathes Français).


    Elle enseigne régulièrement dans toute l’Europe comme membre de l’équipe des European flying doctors, créé par l’ECH.

    À Marseille, elle devient responsable du Comité éthique (Ethics and Europe) du Centre hospitalier universitaire où elle travaille dans le service d’oncologie pédiatrique.


    Elle fera aussi partie du groupe C.h.u.m.s  qui étudiait la Matière Médicale. Elle participera ainsi régulièrement aux travaux de l’école de Fréjus, dirigée par Didier Grandgeorge, qui avait été son professeur durant ses études à l’hôpital de Marseille.


    Elle a publié de nombreux ouvrages dont « Homéo et Juliette », préfacé par le poète Dominique Sorrente, ouvrage écrit pour le grand public et les patients, et qui contient une étude complète sur les remèdes de la famille des Lacs. Elle a publié un travail important sur les Acides, « L'énergie homéo-hydrogène » traduit en anglais et en allemand, contenant des cas cliniques aidant à mieux comprendre les 27 Acides présentés. On lui doit aussi plusieurs articles dans le journal Links, où elle fut responsable des publications françaises, et dans Spectrum of Homeopathy. Son dernier ouvrage est un travail novateur sur les Actinides.


    Patricia Le Roux était depuis 1983 l'épouse du poète Dominique Sorrente avec qui elle a eu 4 enfants.

    Elle est décédée le 17 octobre 2011, à la suite d’un tragique accident sur la voie publique à Paris.

    Le 17 octobre 2021, dix ans après son décès, un hommage particulier lui a été rendu à l'église Saint-Eugène d'Endoume (Marseille 7°).

     

     

  • PASSAGERS DE LA TOURMENTE, POÈME Dominique SORRENTE

    Ce poème a été écrit en ce premier jour du printemps d'une année singulière. Avec une musique des Doors, revenue d'un autre temps, qui me faisait signe.

     

    Version youtube (non répertoriée):

     

    fichier son:
    podcast

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    coquelicot solitaire sur la colline

     

    PASSAGERS DE LA TOURMENTE

     

     SOUDAIN IMMOBILISÉS

     

     

    Passagers de la tourmente, soudain

    immobilisés,

    nous nous retournons,

    la route tout d'un coup n'est plus là,

    la mer si proche interdite.

    Rentrez chez vous, beugle le haut-parleur.

     

    C'est la rumeur qui, cette fois, a les yeux rouges

    et ne ment pas,

    elle dit qu'il y a un tueur sur la route

    qui cache son visage aux vieux qui soufflent,

    aux enfants shooters de ballons, aux poignets de portes.

     

    Les corps se badigeonnent nus

    en gels miracles

    comme ils empilent l'une sur l'autre des bouées de sauvetage

    qui se dégonflent vite.

     

    Ponce Pilate n'est plus le seul à se laver les mains,

    et plutôt trois fois qu'une.

     

    Et les vagues  continuent  

    mais sans nous

    à lécher nos plages.

    L'été, ce sera pour demain. Ici, on le raconte en rêve.

     

    Étranges, nos soucis

    de passagers de la tourmente

    qui tirent sur imprimante le laisser-passer

    de sortie.

    Rentrez chez vous, répète le mégaphone.

     

     

    Sur les branches de l'acacia,

    les deux moineaux n'y entendent rien,

    ni les mésanges, ni les goélands voleurs,

    ni les guêpes qui font leur premier nettoyage de printemps.

     

    Le buis est d'une forme insolente dans son exposition

    de plein air.

     

    On voit des chiens qui tirent leurs maîtres de compagnie.

     

    Et les questions errent dans les rues.

    La rumeur qui rôde remontera-t-elle la pente?

    Comment respirent-ils, les poumons envahis ?

    Que deviennent les morts sans sépulture ?

    Comment dans l'appartement

    régler la journée des enfants et les chamailleries ?

    Ici une maman apprend à se faire appeler "maîtresse"

    par son fils. Elle en sourit et se demande combien

    de temps durera le rôle.

     

    On dit qu'à Wuhan, ce fut un temps de pain bénit

    autant pour les divorces et que les naissances.

     

    Alors les zélés travaillent, il y en a toujours eu,

    ceux qui se jettent à corps perdus sur les instants,

    plus que jamais les zélés dévorent leurs écrans

    qu'ils trouent de plus en plus

    pour inventer des tunnels, des sas, des passerelles.

     

    Tandis qu'aux fenêtres à huit heures,

    à côté des linges qui pendent,  les casseroles

    inventent un orchestre de bruits

    en hommage aux gens masqués et aux soldates en blanc.

     

    Et toi, passager de la tourmente, soudain

    immobilisé, tu entends

    des hurlements dans tes oreilles:

    qui viendra prendre le dessus ?

     

    Fini l'ouest,

    fini l'autobus bleu.

     

    Finis cinoche et troquet,

    les embrassades de peau à peau.

     

    On s'encapsule.

    On se parcourt de baume.

    On se met camisole de distance

    et on découvre à tous petits feux

    les lettres du mot: cellule d'isolement.

     

    Passager de la tourmente. Et alors ?

    Tu es chanceux.

    Infiniment.

    Pour le moment.

     

    Apprends juste les couloirs,

    le bout de table,

    la pomme à croquer,

    la poussière dans l'œil du tiroir.

     

    Et ce n'est pas la fin d'en rire!

     

    Apprends

    l'incroyable silence

    qui avait déserté la place.

    Et pourquoi faudrait-il en avoir peur ?

     

    Après tout, dans cet habitacle de fortune,

    jeté avec les autres,

    c'est l'heure de reconnaître

    des tas de choses qui n'avaient pas de noms.

     

    Tous les enfants

    ne deviendront pas fous

    dans l'attente des pluies espérées.

     

    Allez, chanceux, tu ne pourras pas disparaître

    d'une dose de trop

    dans les toilettes sordide d'un bar.

     

    Fais quand même gaffe à ta baignoire trop pleine

    ou au court-jus.  Aux engueulades qui cognent trop,

    aux vengeances des monstres de l'intérieur.

     

    Pose doucement ta tête absente

    sur mon drap blanc teinté de rouge.

    Lançons-nous des signaux,

    à la façon des autochtones.

     

    Les choses ne sont pas ce qu'on pourrait croire,

    mon docteurs demain aura retrouvé son visage.

     

    Agrippons-nous au mot "confiance"

    qui s'amuse de tout et voit pousser

    sur la butte blanche de calcaire

    les premiers pissenlits.

     

    On se donne rendez-vous,

    mes passagers de la tourmente.

    Une coupe de champagne à la main.

     

    On va traverser la dalle et les cristaux liquides.

     

    Slainthe ! comme on dit en Irlande.

    Santé! Prosit! Prost ! Cheers! Plus que jamais.

     

    Et jusqu'à ce que Vie s'en suive.

     

     

                                      Dominique SORRENTE

     

                                                20 mars 2020

  • MORCEAUX DE BRAVOURE: J-5 LA COLLECTE DE POÈMES EST LANCÉE !

     

    Voilà. Ce mardi 17 mars, à midi, chacun, chacune s'est installé-e dans son habitacle de fortune. 

    J'ai passé pour ma part les dernières minutes à distance "réglementaire" avec fils et petit-fils. Sur la plage, comme un défi. Avec le mot confinement qui bourdonnait dans les oreilles.

    CE 17 mars 11h, dernières instructions entre  Auguste et moi à propos de l'art du confinement.jpg

    Et puis j'ai salué le Bateau Ivre d'Amado. Impassible. Une pie insolente s'était perchée sur sa tête de pharaon retour de fête. Elle semblait dire: Ne t'en fais pas! Si aucun humain ne vient là dimanche, moi je passerai faire un tour, peut-être même délivrer un message...ou une fiente qui porte bonheur!

    IMG_2316.JPG

    Dimanche, c'est dans 5 jours. Il nous reste 5 jours pour partager des poèmes en "morceaux de bravoure". Non pas de vive voix comme nous l'avions désiré, mais par écrit, en vignette sonore ou en vidéos. Nous en publierons sur ce blog. Ils porteront les émotions mêlées de ceux qui partagent notre passion. Et nul doute que dans sa posture hiératique, et  avec sa carcasse généreuse, le Bateau Ivre nous écoutera.

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    Alors, à qui le veut de nous adresser un poème ( une page) qui soit sa contribution à ces MORCEAUX DE BRAVOURE que nous avons choisi d'inventer pour ce 22 mars. Sous le signe des Journées mondiales de la poésie et de l'eau (Unesco), et dans le cadre du Printemps des Poètes porté par le thème du Courage.

     

                     Écrivez-nous à: poesiescriptorium13@gmail.com

                    Faites-nous signe.  

                   Nous ferons trace sur ce blog.

                   Et ainsi, apportez vos pépites à travers les écrans auprès  des  nouveaux cloisonnés de ce temps.

     

                     Ce sera votre façon de vous associer à cette action en poésie que le Scriptorium, depuis 20 ans, a tant plaisir à mettre en commun. 

           

                 Parce que nous gardons toute une cargaison de mots en promesse par beau temps comme en période de troubles, à valoir pour aujourd'hui. Et pour demain...

     

              Demain, après tout, cela pourrait bien s'appeler le Printemps.

     

                                                     Dominique Sorrente