Festival des ARTS DE LA PAROLE à LOURMARIN, ce 5 juillet : une découverte en deux temps d’un poète fabuleux.
Il fallait en être. Croire à ce geste si particulier à notre époque experte en amnésie. Honorer un poète effervescent trop méconnu près de 40 ans après sa disparition en 1988. Sur les lieux mêmes où il vécut, en alternance avec Marseille, et où il est aujourd’hui enterré tout près d’Albert Camus, non loin d’Henri Bosco, au cimetière de Lourmarin.
C’est bien ce geste-là, résolument poétique, que Dominique Sorrente a choisi de poser, ce samedi matin, pendant plus de trois heures, accompagné par des proches de l’association du Scriptorium, Elena Berti, Véronique Duprat, Olivier Bastide.
Une initiative accueillie en prologue au festival des Arts de la Parole en sa cinquième édition, avec au soir dans la cour du château une très juste lecture de « Que ma joie demeure » de Jean Giono par Robin Renucci.
On doit saluer autant le risque pris que la récompense méritée. Hors des sentiers battus, c’est tout un monde passionnant qui est venu ici ouvrir à nouveau ses volets ( ceux des proches Bastides) pour un itinéraire en deux temps, mené par Dominique Sorrente.
Une promenade circulaire de l’espace Camus au pied du château puis au cimetière et retour par le café Chez Gaby ( où Christian Guez Ricord avait ses habitudes dans les années 70-80).
Promenade éclairée par la lecture de textes de l’auteur du Cantique qui est à Gabriel/le et de la Couronne de la Vierge. Et aussi par des textes d’hommage en poésie ( Dominique Sorrente, mais aussi Joël Vernet ou André Ughetto). Une grande variété de tons et d'éclairages.
Puis dans la salle Camus, aussi fraîche qu’il était possible ce jour de canicule, Dominique Sorrente proposa une « conférence ponctuée » vivante, accessible, drôle, montrant des ouvrages, livrant des témoignages personnels, avec des anecdotes réjouissantes, notamment sur la première rencontre avec celui qui s'appelait alors Christian Guez à l'automne 1970. À cette date, les deux poètes avaient respectivement 22 ans et 17 ans, le bon âge pour que le monde, dans toutes ses dimensions, s’ouvre dans son étoilement avec une générosité inouïe.
"D'autres viendront que nous sommes déjà au regard du temps" écrivait Christian Gabriel/le Guez Ricord dans une lettre adressée à Yves Bonnefoy en date de 1971 qui fut lue lors de la promenade. La promesse est ici tenue.
On peut être sûrs que d’autres occasions surgiront bientôt pour évoquer Christian G.Guez Ricord, faire entendre un parcours de vie, une œuvre qui résonnent fort chez ceux qui acceptent de se laisser troubler. Comme ce fut le cas du beau public du festival des Arts de la parole.
Profitons-en tant que les témoins tels que Dominique Sorrente sont là et qu’ils ont ce désir obstiné de transmettre une intense parole de poésie. Celle dont nous avons urgemment besoin.
Anne Lofoten
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