Il n’avait plus à se défendre
Il n’avait plus à chasser,
Lui avait on dit.
Il était sans armes.
On lui avait dit de tout laisser,
Ici, il n’avait besoin de rien.
Il avait donc rendu son sac.
Il était sans bagages.
On l’avait poussé dans ce petit bureau,
Nu.
On lui avait porté papier et stylo.
Mais que pouvait il mettre sur
Cette page blanche ?
Il n’avait plus rien.
Ses mains étaient vides
Mais sa tête semblait
L’être plus encore.
La lumière était faible,
Une maigre bougie
Diffusait une pâle lueur.
Les ombres grossissaient les objets.
Il regarda le reflet de ses doigts
Sur la page.
.
Ils semblaient dessiner des personnages.
Il était sans armes ni bagages.
Mais soudain, il vit
Sous la bille de son stylo,
Tout un monde
Qui naissait et grouillait
Travaillait et chantait,
Silencieux
Hors du temps.
Sans âge ni vacarme.
Gérard Boudes, 15 février 2013