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  • À L'ISLE SUR LA SORGUE, LE SCRIPTORIUM LANCE SA 25ÈME EN POÉSIE...

     

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    Chorus final Hutzschilipotchili   De gauche à droite, Marc-Paul Poncet, Patrick Aveline, Gérard Boudes, Dominique Sorrente, Véronique Duprat, Sophie Leenknegt, Emmanuelle Sarrouy

     

      Dans le cadre du festival Trace de Poète, le Scriptorium était invité les 5 et 6 octobre 2024 à donner de "la Voix dans tous ses états". Le samedi, au Grenier Public, tout a commencé par un concert des Ivres Vivants, avec les chansons-poèmes de Dominique Sorrente accompagné d'Audrey Gambassi. Un voyage en mélodies tendres et humeurs fantasques portées par la guitare. Du Pays d'ici à la Boîte à chapeaux, des tableaux intimistes et chaleureux qui relient le poème et la chanson.

     

    La soirée s'est poursuivie par une lecture à plusieurs voix "Les mots ne manquent pas d'air" où plusieurs poètes et lectrices du groupe du Scriptorium sont intervenus. C'est ainsi qu'on a pu entendre Patrick Aveline, Emmanuelle Sarrouy, Gérard Boudes, Marc-Paul Poncet, Yolande Touati, Véronique Duprat et Dominique Sorrente en solo ou en duo. Et même en chorus en l'honneur de "la 25ème rugissante!". Une façon atypique de manifester l'esprit d'un collectif aux propositions toujours en mouvement...

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     Les ivres Vivants, Dominique Sorrente et Audrey Gambassi 

     

    La rencontre s'est conclue par une scène libre. Sans doute pas la jam session espérée, mais l'occasion de donner la parole et le chant à des voix inconnues, à découvrir. Tant il est vrai qu'il y a toujours des brèches nouvelles, des façons de défier la rouille des mots trop machinaux. 

     

    Le lendemain, c'est à Malemort du Comtat, superbe village dans les parages du mont Ventoux, que le Scriptorium avait pris rendez-vous en compagnie de l'association Pierre sèche en Vaucluse conduite par Danièle Larcena co-organisatrice de l'événement. Une alliance bien complémentaire entre poètes et géographes, marcheurs et rêveurs. Avec un titre défi "Le Mexique m'excite" ( Le Mexique étant le pays-thème invité du festival Trace de poète) et autant de variations sur le parcours. Frida Kahlo, Malcolm Lowry, Octavio Paz, Boris Lehman, Monica Nepote, Antonin Artaud furent convoqués d'une borie à l'autre. Sans oublier des explications savantes sur la mollasse locale ...et quelques épitaphes décapantes pour la route jusqu'au cimetière...

    La 25ème du Scriptorium est désormais lancée hors les murs. 

    Le rendez-vous de Trace de Poète augure bien de la suite qui sera donnée en 2025. 

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    Vingt-cinquième et caravane poétique : un scribe prend la parole

     

    Le Scriptorium a lancé ses vingt-cinq ans, et on peut se demander pourquoi cet anniversaire s’est placé sous l’égide du Mexique.

     

    C’est un samedi d’octobre, nous étions réunis au Grenier Numérique à L’Isle sur Sorgue, belle chapelle annexe à la grande église. Les murs étaient décorés de lithographies évoquant ce pays latin et tropical, si loin et si près de nous. Ce n’était point l’effet d’une tequila, servie par un moustachu, dont l’un des plis de son gilet faisait un z, qui veut dire…ni de l’hypnose du regard d’un jaguar ou d’un serpent enroulé dans une tête aztèque.

    C’était une étrange voix, multiple et répétée par un écho, la vingt- cinquième rugissante, reprise par un chœur de 8 scripteurs, debout sur leurs jambes, mais assis à la table des mots en roulant dessus.

    Le retour de cet appel nous attendait le lendemain à Malemort du Comtat, lieu de la caravane poétique.

    Là, au bord du chemin, des figuiers de barbarie jaillissent des cailloux, comme à Téotihuacan ; au sol, les fruits éclatés dessinent des étoiles écarlates. Octavio Paz, nous souffle : Je suis le chemin de sang. Nous débutons une marche dans les pierres sèches avec ce premier éclat mexicain, et pourtant nous sommes en plein Vaucluse.

    Les bories ne sont pas des pyramides comme à Chichen-Itza, pourtant, elles sont bâties dans le même calcaire blanc. Nous sommes sur un des chemins du pape ; aujourd’hui, on nous dit cependant qu’il pourrait s’appeler Hutchilopotchli.

    Le caillou d’ici, ce n’est paraît-il que de la molasse, de l’ère tertiaire, une pierre tendre qui n’a pas connu la patte des dinosaures. C’est çà, la matière première des murets des restanques que nous traversons.

     

    Elles viennent de l’épierrage des champs. C’est ainsi que c’est façonné ce paysage de terrasses où pousse l’olivier et le chêne. Tout ici a été façonné de main d’homme, il n’y a plus de forêt vierge depuis longtemps, ni de désert. Car tout ce travail a retenu la terre, a permis la circulation raisonnée des eaux, comprimé l’érosion et permis à la végétation de se développer.

    Octavio Paz n’est peut-être jamais venu ici, mais il avait compris ce paysage : Si tu es la bouche de l’eau/je suis la bouche de la mousse.

    Si tu es la montagne jaune/je suis les bras rouges du lichen.

    Pourtant, pourquoi ne pas s’attendre à l’irruption de quelque animal. Qui sait ?

    Et pourquoi dit-on coyote/En cuicathèque

    Et si le tlalocelotl/Est bien le jaguar des champs

    Un jaguar, il y en avait un hier soir sur les murs du Grenier à l’Isle, serait-il revenu ? Il s’est peut-être caché sous les traits de l’un des participants, venus de Pierre  Sèche en Vaucluse, Trace de Poètes et aussi du Scriptorium, avec Danièle Lacerna Dominique Sorrente, Emmanuelle Sarrouy-Noguès, Patrick Aveline, Yolande Touati, Marc-Paul Poncet, Sophie Leenknegt, Véronique  Duprat, Nicole Mignucci, Henri Tramoy et Gérard Boudes.

    La pluie était prévue mais les dieux aztèques et mayas ont exercé à ce titre leur droit de grâce. Même si le soleil n’était pas au rendez-vous, nous sommes restés au sec et avons pu mener à bien ce voyage virtuel au sein d’un Mexique excitant.

    C’est ce qu’écrivait Frida Kahlo à son compagnon Diégo Rivera. L’amour la motivait, même si nous ne pouvons oublier le martyr qu’elle vécut par son corps malade et mutilé. Ceci nous donne la transition sur la condition féminine au Mexique, où tant de femmes ont été maltraitées et sont encore portées disparues et dispersées on ne sait où.

    Ce sont des corps qui n’ont pas de sépulture, même si ce pays y pratique tout un art du culte des morts et notamment de ses épitaphes, parfois pleines d’humour. Ceci pourrait faire une longue séquence pour un bel et bon film.

    C’était l’idée de Boris Lehman, cinéaste belge, auteur du très long métrage Babel. C’est l’histoire d’un type qui met un temps fou à se décider à prendre son avion, pour partir excité sur les traces d’Antonin Artaud et ses aventures amérindiennes. À la fin, il ne suit pas du tout le scénario imaginé et finit par faire une espèce de documentaire sur la…Belgique et sa propre vie. Il reste une tour imaginaire et des pyramides en ruine, et nous qui sommes au milieu des bories dans les oliviers. Il y a de quoi en avoir des vertiges et de chercher quelque part une piste pour s’envoler, comme un oiseau qui oublie le cadastre des forêts.

     C’est finalement un oiseau qui nous conduira à bon port. Cet oiseau c’est l’aigle de Mexico, qui mange son serpent au milieu du drapeau national. Il est depuis toujours, sculpté en médaillon sur la cheminée du salon de la Montée de l’Oratoire, là où le Scriptorium tient ses assemblées.

    Et sur le Zocalo, place centrale de Mexico, sur la bannière géante, il y a un écho qui nous dit : de mon bec très crochu/j’appelle pour le chant/les scripteurs versifieurs.

     

                                            Gérard Boudes

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    Tu mérites un amour qui balaierait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.

     

                                           Frida Kahlo