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INTERVALLE OREILLE OUVERTE et CRÊPE PARTY

Vous serez une part de la saveur du fruit ( René Char)

           La poésie, c'est inutile comme la pluie ( René Guy Cadou)

              La poésie est la hache qui brise la mer gelée en nous ( F.Kafka)

                        La poésie a des drapeaux transparents (Serge Pey)

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* INTERVALLE OREILLE OUVERTE et CRÊPE PARTY*

La rencontre aura lieu au 29 montée de l'Oratoire, le SAMEDI 12 FÉVRIER.

RENDEZ-VOUS à 14 h pour l'ATELIER

et à  18h30 pour la CRÊPE PARTY

***      ***      ***

Pour la bonne organisation de cet intervalle, merci d'indiquer votre participation soit à l'atelier, soit à la crêpe -party, soit aux deux, au plus tard le mercredi 09 février au soir à : poesiescriptorium13@gmail.com

 

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Loin des voleurs d'attention et des brouillages numériques, nous espérons que vous aurez plaisir à vivre ce moment avec les autres scribes du jour. N'hésitez pas à apporter vos publications récentes, et des lectures qui vous ont touchés...

 

Cet atelier vécu ensemble sera l'occasion de nous replonger dans l'inconnu des mots, d'activer des zones vibrantes en nous, d'aider chacun et chacune à donner un accès plus intime au réel.

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*** Présentation de l'atelier "L'oreille ouverte" ***

Le but est de vivre en petit groupe une expérience d'écoute partagée de poèmes. Mieux cerner :

le chemin qui va du texte écrit et dit à l'oreille qui accueille…

Chacun d'entre vous est invité à apporter un texte de sa création personnelle qui n'excèdera pas 3 minutes ou deux pages.

C'est ce texte qui fera l'objet d'une lecture voix haute, puis de commentaires selon une modalité qui sera présentée le jour venu.

Nous mettrons en commun ensuite les expériences vécues, de façon que chacun(e) d'entre nous, en tant qu'auteur/autrice et en tant qu'auditeur/auditrice et lecteur/lectrice, affine sa perception.

 

*** Animation Crêpe-party ***

Apportez un ingrédient de votre choix qui sera ajouté à la fabrication des crêpes ( salées ou sucrées) du soir. Cidre également bienvenu.

Au plaisir de se retrouver en ce début d'année 2022 !

et toujours à l'écoute : Le Scriptorium Sémaphore de poésie

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Commentaires

  • Ivresse des hauteurs


    Comme je recherchais dans les montagnes blanches, où les cristaux scintillants attendaient leur fusion en eaux de fonte, les mots à assembler pour édifier à nouveau le roman autrefois perdu ;
    Je descendais des pentes enneigées, suivant des traces de pas qui ne m’empêchaient pas de m’enfoncer.
    Au fond d’un vallon encore empli de sa couverture de décembre, un léger ruissellement commençait à se faire entendre. Il fallait tendre l’oreille, mais c’était net.
    Des fleuves préparaient l’aliment du printemps et le festin des eaux boueuses se fomentait. La vallée en bas, attendant que verdissent ses prés, semblait rêver, avec ses adrets éclairés par le couchant annoncé.
    Impassibles, les arbres, en colonnes hérissées, tenaient les pentes. Le seul bruit de mes pas ne pouvait les troubler. Sentinelles stoïques, à la fuite prohibée, leur simple vie ne pouvait échapper, ni aux avalanches, ni aux bûcherons.
    Je ne me sentis plus en mesure de reconnaître la piste tracée. J’étais parti sans trop savoir où aller, et emporté par la pente, mon itinéraire semblait mener nulle part. Il était comme un texte sans structure, à la conclusion égarée par une mémoire paresseuse.
    Guidé par mon seul instinct, je n’avais fait confiance à aucun outil de raison. Il fallait se rendre à l’évidence, j’étais égaré ou plutôt perdu. J’errais dans une forêt blanche, au milieu des mélèzes : ces mâts dressés vers les nuages exempts à jamais de l’abattoir et des chantiers navals, me faisaient penser aux océans qu’ils n’affronteraient pas, à ces langues salées et parfois impétueuses, qu’ils ne connaîtraient pas ; Y rêvaient-ils pourtant ? qui a dit, que le bois et les feuilles ne pensaient rien ?
    Immobiles en la terre, ils savaient en bas dans les rivières, être radeaux tirés par des haleurs et flottés à travers les rapides. Ils savaient aussi être charpentes à jamais supportant les toitures et forêts, sous les tuiles ou ardoises. Dépourvus de l’habit des voilures et des ceintures d’écoutes, ils savaient dans les combles, revivre les traversées et défier les abîmes et les lames rongeuses aux mâchoires liquides et répétées.
    C’est ainsi, qu’adossé à un tronc résineux, je croyais moi-aussi franchir un océan et parvenir à cette Amérique des jeux de mon enfance, où des Peaux-rouges, amis de la nature et exemplaires constructeurs de cabanes, soutenaient d’inégales guerres.
    Les vachers à Stetson et à Colts, capturaient les territoires et affamaient leur soi-disant ennemi, comme cet homme, ce chasseur acharné et tueur de bisons, ce Guillaume à la piètre conquête. Ses exploits à cheval, n’eurent pour récompense, que la renommée et l’entreprise d’un cirque aux numéros criards, exaltant la vanité de l’homme blanc.
    Incapable de comprendre le grand livre où j’étais projeté, ni héros, ni personnage, ou simple signe de ponctuation, je ne me sentais qu’une minuscule patte de mouche aux mouvements désordonnés ; je repris la marche dans le sens inverse de mes pas, espérant, de mon oreille tendue, que le silence saurait s’entrouvrir et me donner et me donner un signal.
    Je me pris aussi à craindre d’être un de ces gibiers que de mauvais chasseurs avaient pris pour cible. Qu’étais-je moi-même, seul être bipède et lent, aux déplacements mal ordonnés ?
    Les panneaux de la zone n’étaient plus sur les troncs, les chasseurs les ayant cloués il y a fort longtemps. Ils avaient disparu, emportés au gré des années, rongés par l’usure de leurs planches attendries et délicates aux mandibules des insectes.
    J’étais comme nu, mes effets inutiles, tout justes bons à servir d’indice au viseur des tireurs. Sans défenses ni réserves en mon sac, je n’avais d’autre espoir que celui du hasard ou de la providence.
    Fallait-il donc revenir sur mes pas et remonter la pente, secouer mon vieux corps, malmener mon faible cœur ? Je prenais le risque de perdre un temps très long et d’épuiser les maigres réserves de mes forces. La raison me dicta cependant de le faire.
    Et c’est là que j’aperçus sur la hauteur, comme une piste aux poteaux de couleur, qui en jalonnaient le parcours. Mon salut m’adressait un signe, mais il était lointain.
    Je devinais quelques éclats de violet, tel un oméga rimbaldien, mais aussi du jaune, un ton sans voyelle, une consonne inconnue. Je soufflais pas à pas dans des marches de neige, escalier mouvant où mes jambes s’enfonçaient. Et dans l’ombre qui s’étendait à présent, la lenteur de mon ascension, rencontrait des poches de froid de plus en plus profondes.

    G.BOUDES
    28/2/22

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