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poète

  • Salut d'octobre à Jean-Max Tixier

     

    Aurai-je encore sur la bouche ce froid de neige quand

     l’aube surprendra mon ombre écartelée ? 

    Mon silence me porte. Fort de ce pouvoir le tapis du

            conteur plane au-dessus des choses vivantes inscrites

            dans la terre. 

    Et mon regard à son tour emprunte à l’aigle sa promptitude

            de rapace lucide. Cruel, comme une bague cerclée

            à la patte d’un migrateur. 

                            (JM Tixier, La Traversée des eaux,

    Sud 1984 )

     

       

    Tixier par JBasse.jpgCETTE TRAVERSÉE DES EAUX QUI NOUS RELIE 

     

     

    Un « homme chargé d’octobres » nous a quittés à l’orée de ce mois. Un homme truculent, incisif, une alliance de rondeur sociale et d’exigence à l’œuvre. « Je me détache des clartés pour telle mort dont le souffle emporte les cendres », écrivait-il dans La Traversée des eaux. C’est dans cette démarche de lucidité qu’il a accompli tant de pages, sur commande ou nourries de l’intérieur, par une forme d’infatigable souci de peupler l’espace et de vider son air, et de le remplir à nouveau..

    Tour à tour et tout en même temps, professeur de lettres, féru de mathématiques et de science, main prêtée pour le superflic Van Loc, novelliste, critique d’art, maire d’arrondissement dans sa ville natale, Marseille, romancier, il se disait écrivain, avec la poésie en lieu d’incandescence pour la part fragile mais si précieuse qui n’en a jamais fini de la faveur d’un mot ou d’une image.

    « Marche dans ton absence. Il n’est devant ton pas de mur qui ne recule dans la transparence des choses », disait-il encore.

    Cette prolixité qui le caractérisait, en toute circonstance, il en savait à la fois la sève et les dangers. Mais il répondait avec un abattage qui déconcertait ceux qui l’entouraient.

    Un poète fécond, gourmand de tout ce qui palpite, et pourtant tout en retenue : est-ce possible ? Dès qu’il prenait parole, dans cette voix si caractéristique où les phrases roulaient en s’échauffant, il n’y avait plus de place pour le doute. Le seul mode d’existence était d’avancer avec lui, dans cette persuasion de l’instant qu’il énonçait. Il aimait le paradoxal dans toutes ses variantes, se méfiant de toute pente idéologique, et toujours prompt à renvoyer la balle pour animer le jeu.

    Pourtant au-dedans de tous ces gestes qui payaient de leur personne, Jean-Max Tixier portait en lui une contrée inaccessible dont il connaissait la brûlure et pressentait la destinée. Il écrivait encore : « S’il ne succombe pas aux premières marches, il apprendra cette part de lui-même venue à sa rencontre, depuis les confins opposés. La sagesse longtemps absente, ou courte. Comme l’ombre par les longs jours de canicule où le soleil pèse. Interminablement ».

    Rien ne lui importait tant finalement que de se savoir poète au milieu du monde, voué à ce travail de la langue qui n’a de cesse. C’est ce qui le faisait vivre avec passion. C’est ce qui nous donne aujourd’hui l’impression qu’il est à côté de nous, continuant d’explorer cette autre mer qui soulève la phrase.

     

    Dominique Sorrente

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    Voir aussi l'hommage d'Alain Freixe sur La poésie et ses entours

    Image : Portrait de Jean-Max Tixier par Jacques Basse


  • Variations sur le JE - Laurence Verrey

     

     

    On connaissait Laurence Verrey poète, sa passion originelle pour l’univers de la musique, ses façons de donner de l’ardeur et de la rythmique aux mots, de mettre en appel une voix qui traverse de plain pied et la terre et le ciel, comme dans Pour un Visage (Éd. L’Aire, 2003) ou Vous nommerez le jour (Samizdat, 2005). On la découvre ici en tenue de prose, avec un réel bonheur, livrant une suite de textes brefs, dits « proses libres » qui ne sont ni chroniques, ni nouvelles, et savent avec malice et élégance  échapper aux classifications courantes. Chaque prose est comme une partition, sans rien qui pèse, choisissant une clef particulière, un angle d’attaque spécifique pour offrir un aperçu signifiant de l’espace humain et de la démarche littéraire de  l’auteur qui ici, plus encore qu’ailleurs, vivent de concert.

    Oui, comme l’annonce justement Laurence Verrey en préface, c’est une « foule de présences » qui vivent dans ces pages sachant jouer de tous les registres, graves et souriants, instruits ou naturels, toujours généreux et attentifs à cet autre qu’elle rencontre dans son  jardin comme au bout du monde. Alors des formules étincelantes viennent se poser parmi nous, comme celle-là : « Les graveurs de blé. On les appelle aussi poètes de l’invisible ».

    Et l’on saute d’une lecture à l’autre comme d’une pierre de ruisseau à la suivante, en prenant le temps du plaisir.

     

    « Une brève transe de cailloux » est un ensemble remarquablement minutieux, qui témoigne d’une vigilance à l’égard du monde qui ne se dément jamais, avec de belles percées d’humour, des digressions de connaissance, un amour de la création et de profonds questionnements. Voilà pourquoi ce livre ajoute à l’œuvre de ce poète de tout premier plan dans le monde de la Suisse romande contemporaine ; il témoigne de ces variations sur le Je si contemporaines qui éclaireront le lecteur. Il signe une indéniable maturité d’écriture.

    Il convient également de saluer le travail remarquable de l’éditeur, L’Aire, un de ces rares éditeurs à offrir des livres dont on coupe les pages au coupe-papier, pour mieux en goûter la saveur.

     

    Hommage appuyé ici à ces amis des mots du « pays de lenteur » dont notre hâte d’hydrogène n’a pas fini d’apprendre les leçons.

     

     

     

    Dominique Sorrente

     

     

     

     

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    Graveurs de blé

     

     

    Les graveurs de blé. On les appelle aussi poètes de l’invisible. Ou céréaliers de la perfection. Ou danseurs des cercles. Ils agissent de nuit, sans crier gare. Ils se produisent surtout lorsque la lune est dans sa plénitude et les blés tendus par la fécondité. Ils se rendent sur des lieux cultivés avec des instruments qui échappent à la vue des dormeurs tranquilles. Ils ne sont pas bruyants, ce ne sont pas des brigands, bien qu’ils éveillent la colère de certains agriculteurs, ils ne viennent pas pour voler le blé, seulement le coucher un peu comme dans un berceau, comme pour bercer la beauté dans son lit, mais une beauté intelligente, qui signifierait, mais quoi ? chercherait à ouvrir les esprits à une autre dimension, mais laquelle ? Ils se déplacent avec une vélocité inouïe, et créent en quelques secondes d’étranges poèmes visuels. À l’insu de tous les regards. Auriez-vous la place dans l’une de vos nuits pour un charme second, une prière de blé ? Nul ne les a convoqués, et les voilà venus pour une apparition brève et splendide. De cercles ou de croissants tracés dans la toison des champs comme avec des compas géants, par des mains diligentes et rapides.

    Certains, armés de cordes et de planches, ont bien tenté d’imiter les chefs-d’œuvre des faiseurs de cercles apparus dans le passé, usurpant l’idée des géomètres célestes. D’autres plaquent en pleine nature des slogans aguicheurs, bien décidés à faire profit du mystère entourant ces manifestations.  Mais leurs créations n’égalent en rien celles des authentiques graveurs. Ni en beauté, ni en soleils cachés. Et l’énigme nocturne des graveurs de blé étonne par sa gratuité, sa tranquillité souriante, qui se passe de discours. Nul ne revendique ces atteintes à la posture naturellement noble du blé que le vent ou les orages n’ont pas réussi à entamer. Cela devrait suffire à nous alerter, à élargir notre regard.

    Lorsque les vrais céréaliers ont agi, laissant le champ en proie  à une intense perfection, c’est comme si un courant d’énergie différente avait traversé le champ du visible. Une chaleur passe, de larges ondes parcourent l’espace, comme à la lecture d’un poème ou à la contemplation d’une toile aux vibrations claires. Les visiteurs qui se rendent sur les lieux se sentent envahis d’une exaltation inconnue, d’une attirance soudaine pour des formes naturelles qu’ils ne remarquaient même plus : la lune dessinant ses arabesques sur un ciel encore pâle, ou l’éclat de sa forme de lentille lorsqu’elle s’élève du coeur d’une brume. Ils s’exclament : nos mains aussi pourraient sculpter cette beauté ! La terre n’est pas là que pour remplir gosiers et coffres, faire fleurir les affaires en bourse. À force de pillages, de gaspillage, nous détruisons son visage sacré. Et les forces de la nature se déchaînent.

    Énigme occulte et lumineuse, phénomène de boules de feu venues du cosmos ? Ou actes de plaisantins, comme on l’a dit ? À n’en pas douter, plaisantins magnifiques, dont l’art pourrait  devenir contagieux. Jubilatoire est en effet le feu qui donne envie de créer à son tour la beauté. Les graveurs de blé nous interpellent : soyons nous aussi des déchiffreurs avisés du message contenu là !

     

     

     

    Laurence Verrey

    (extrait de Une brève transe de cailloux)

     

     

     

     

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    - Voir également le site de Laurence Verrey,

    - une notice bio-bibliographique

    - poèmes extraits de Vous nommerez le jour (Samizdat, 2005)

    - La scriptothèque

     

     

  • Caravane de printemps

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    CARAVANE  POÉTIQUE 

     

    « Des vagues et du rire »

     

     

      

     LE SCRIPTORIUM 

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    2ème édition

     

     

     *

     

    samedi 21 mars 2009

     

    10 heures

     

     *

     

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    « Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire »

                                          Apollinaire

     

     

     

     

     

    « L’appel du large », « Rire aux éclats », « Où tous les mondes prennent place », «  Cultiver son jardin secret » : tels sont les quatre stations-bivouacs  annoncées par la caravane des poètes du Scriptorium pour sa deuxième édition.

     

    Mais qu’est-ce qu’une caravane poétique ? C’est la façon insolite que propose l’association littéraire Le Scriptorium pour  partager des textes, à ciel ouvert, dans les rues de la ville, tout en pratiquant l’exercice salutaire de la marche à pied.  Pour cette seconde édition, elle se déroulera durant deux heures environ dans son quartier d’ancrage, le 7ème du bord de mer à Marseille : le port du Vallon des Auffes, la Corniche, les Catalans.

     

    La caravane cheminera dans le sillage de l’événement national du  « Printemps des poètes » dont le thème de cette année est « En rires », tout en gardant son style particulier. C’est ainsi qu’elle lancera des éclairs de rire, mais aussi accueillera des éclats de vivre. Elle donnera rendez-vous à Jean Tardieu au détour de la place Cieussa, par nous renommée « Place des Poètes » et s’attardera à l’heure du pique-nique au jardin secret. Ainsi par quatre fois elle fera halte en ces oasis où seront invités à lire au vent sept nomades inspirés par le thème annoncé – chaque texte ne devant pas excéder deux  minutes. Chacun pourra présenter un écrit personnel ou une page d’un auteur qu’il  souhaite transmettre. Les textes non lus pendant les haltes pourront être lus ou dits en chemin de façon informelle dans le plus parfait désordre de marche… On peut également rejoindre la caravane en cours de route, en se signalant auprès des caravaniers.

     

      

     

    Feuille de route :

     

    Rendez-vous à 10h précises sur le parking devant la Maison des Jeux des Catalans   (7, boulevard Cieussa, 13007 Marseille)

    Prévoir des chaussures confortables pour marcher environ 2 heures

    et un pique-nique à partager à l’arrivée.

     

     

    *

    • Oasis 1 : placette du bout du port du Vallon des Auffes (devant l’entrée du restaurant L’épuisette -  juste après la place Pierre Barbizet)

                      Thème :  « Le Scriptorium prend le large »

     

    • Oasis 2 : esplanade des Catalans sur la Corniche

                     Thème : « en rire »  

     « Rire est le propre de l’homme » (Rabelais)

     

    • Oasis  3 : place des poètes (Bd Cieussa)

                      Thème : hommage à Jean Tardieu

    « J’aime cet espace où tous les mondes prennent place» 

    JeanTardieu  (Le bon citoyen de l’univers)   

                                                                                                                 

    • Oasis 4 :  jardin du Bd de la Rade

                      Thème : Le jardin et ses secrets

     

     

     * * *

     

     

    Pique-nique au jardin (bancs-fontaine-poubelles !) ou en cas d’intempérie,

    à la Maison des Jeux des Catalans.

     

     *

     

    Limite d’inscription pour les lectures : le 14 mars 2009

    à scriptorium13@club-internet.fr

     ou sur le website Peuplade (Marseille),

    au rendez-vous  « Caravane du rire poétique »,

    ou par courrier à l’adresse : Le Scriptorium,

    16 boulevard Cieussa, 13007 Marseille.

    Téléphone ( faute de mieux) :  0650912617

     

     *

     

    En cas d’intempérie, la Caravane ne sera pas annulée, mais nous la transformerons en caravane d’intérieur à la Maison des Jeux des Catalans (7, boulevard Cieussa, 13007 Marseille).