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Le Scriptorium - Page 96

  • Au pays des formes brèves


     Intervalle  du 27 avril 2013 à Marseille

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    Se laisser balbutier

    par un mot juste ouvert.

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    Cette fois, c'est décidé, nous ferons bref.

    Et évidemment, ça prendra un peu de temps…celui d’un intervalle avec les mots.

    Nous tournerons résolument le dos aux sommes poétiques, odes interminables, et autres morceaux de bravoure épiques (tous aussi admirables les uns que les autres) pour nous rapatrier vers un pays à inventer ensemble : celui du presque rien, de la parole rare, des instantanés…Pierres de ricochets, mots en plume d’ange, phrases logées dans une coque de noix, à chacun ses élans minuscules, ses travaux d’approche « minimaliste ».                                                                                                    


    La littérature, et particulièrement la poésie, fourmille d’exemples de ces textes courts qui nous laissent délicieusement en suspens. Micro-fictions, aphorismes, maximes, distiques, épigrammes, vers unique… Selon notre humeur du moment rieuse ou grave, pensive ou facétieuse, à nous d’inventer nos instants de comptoir poétique, de dessiner ensemble le pays des formes brèves qui nous ressemblera, le temps d’un intervalle.

     

     

     Et l’unique cordeau des trompettes marines  - Apollinaire

     

    Qui n’aura trouvé le ciel ici-bas

    Le manquera là-haut -

    les anges louent la maison d’à côté

    partout où nous allons –

                               Emilie Dickinson (traduction Charlotte Melançon)

     

             Je voudrais être une petite souris pour voir la tête des choses quand il n’y a personne - Henri-Frédéric Blanc

     

             L'éternité, c’est long. Surtout vers la fin. Woody Allen

     

    Pour participer à la rencontre-intervalle, merci de nous écrire à: poesiescriptorium13@gmail.com

     

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  • Geneviève Liautard ~ Le champ d'écume

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     © Photo Hugo Colares Pinto

    .

    ;

    De la mer à la mer
    tu as bâti ta maison
    entre deux rivages

    Tu t'y sens à l'étroit
    repousses les limites 
    avec tes maigres bras

    Tu attends que le flot t'emporte
    vers cette lumière
    prépares le cri
    qui fendra l'univers
    et placera le temps au premier jour

     

    Regarde ce qui creuse la confiance
    en amont des chutes

    Sens tous ces corps que tu habites
    et prends la mesure
    de cette nouvelle demeure

    Espérer dans l'ardeur du commencement
    que ce feu nous hisse chaque fois plus haut
    sur l'échelle de notre commune présence

     

    Faire l'expérience du sable et du vent
    Refaire inlassablement le sillon
    Ajouter à chaque tentative un peu plus de poids

     

    Geneviève Liautard, extrait de Le Champ d'écume
    La Bartavelle éditeur, coll. Modernités, 2011 

  • En hommage à l'ami disparu

    MARTIAL TEBOUL en son chant déraisonnable

     

    « Je veux libérer l’horizon,
    le traverser même,
    pour savoir
    au-delà de sa trace
    ce qu’il convient de redécouvrir sans cesse,
    ce qu’il convient d’oublier toujours.

     

    L’horizon, j’en fais ma maison.
    Le sommet, je ne l’atteins pas.
    Les profondeurs, au-delà des mers, conduisent ma raison.

     

    L’horizon,
    je le laisse simplement s’implanter
    comme un jardin possible au-delà du temps. »

     

                  (Le chant déraisonnable, 2012)

     

    photo-teboul_173x200.jpgMartial Teboul nous a quittés à l'été 2012. Habitant singulier du Scriptorium des premières années, il avait sa manière bien à lui  de dicter la parole dans son emportement, avec ses phrasés multipliés, sa quête impétueuse d’une « beauté qui gouverne dans les angles du monde ». Lors des rencontres poétiques auxquelles il participait, il notait avec son encre résolue des successions de mots, à la façon de listes, attendant le moment fortuit pour que « l’hiver étincelle ». Il croyait peu à la possibilité du livre (il nous en laisse un pourtant, ce Chant déraisonnable, paru quelques mois avant sa disparition), convoquant plutôt dans ses versets la laisse des séquences fuyantes, la part d’inaccessible à traquer encore et encore. Il disait : « Il me faut un autre  chemin pour retrouver au-delà de moi-même/ dans ma main, cette poussière devenue boue dont je fais des stèles… ». Complètement investi dans son activité de médecin gynécologue, Martial Teboul témoignait dans sa relation à la poésie de cette part brisée, volontiers rageante, parfois hautaine et en même temps chaleureuse, démunie,  insatiable et toujours pèlerine qui nous fait étrangers de passage. « Tout dire, ne serait-ce qu’une fois, lâcher les fauves ! » : telle était la vigueur inscrite. Martial Teboul revendiquait cette brûlure de vivre quand « nous agrippe l’indicible ». Il penchait du côté de l’excès comme on tente de faire advenir une joie véhémente sur un ciel décousu, tandis que « lentement glisse l’escalier du temps ».

     

    « Ce matin un soleil fou fouette le jour ».  Martial Teboul nous laisse des sonorités de gongs et le goût de faire allégeance aux parfums. « Dans les mondes impulsifs du hasard, le ciel est à sa place » avait-il écrit.


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    *

    « Je me sens appartenir à ce qui est refusé »

     

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     Lettre au Scriptorium

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