20 octobre 2009
D'un printemps à l'automne

© Photo lmapix
Feuille de mars…
Feuille je suis
Feuille je serai
Volée par le vent à la cicatrice de l’arbre
Platane solaire
Figuier en larme
Tilleul habité de tendresse vert pâle
Feuille Feu Folie
Ardeur à vivre jusqu’à l’extrême
Fureur de sève à chaque nervure
Echappée de la racine ancestrale
Feuille Yeuse Yod originel
Tenace et âpre
Tu te plies à la direction soufflée par le vent
Tu inscris ton signe dans l’espace
Feuille Œil Oiseau
Vigilance c’est éveil
Dans la verticalité qui érige un sens nouveau
Joie plumeuse et libre
Feuille je suis
Feuille je serai
Dans l’éclat végétal du mot
Geneviève Bertrand
14:21 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : geneviève bertrand, poème, printemps
10 janvier 2009
Échos de Bastide
On bricole dans l’incurable.
(Cioran)
Par mon Chemin
Le troupeau sonne les dispersions ; s’engouffre l’horizon. Rester plus que d’autres au soleil serait si hasardeux. Pourtant l’établi se précise en pierre durable ; la poussière prend nom ; l’herbe choisit racine. Le vent serait-il neuf qu’il surprendrait ta peau sous l’amandier. Au lendemain, l’oubli tire l’épingle de toute inconvenance, et s’effiloche le printemps.
*
L'enfant m'a pris la main et je l'ai gardé contre le malheur.
(Max Jacob)
Etre son devancier
Connaître la notable distance entre l’air et son dû ? Saisir l’envol ?
Injonctions à ne pas négliger.
L’arbre assombrit la lune pour paraître défunt. Un souffle contre l’âme.
Toujours la route à faire, peau contre peau. A l’opposé du gouffre.
*
J’ai embrassé l’aube d’été.
(Arthur Rimbaud)
Je Questionnerais volontiers vos bonheurs
Avant l’outrance, le repli du matin. Certains souffrent d’éclats sous les paupières. L’incendie ronge sans brusquerie leur sang puis les tue. Nous publions ces pertes régulières. La liesse populaire danse à pleins flonflons. J’adresse chaque jour ma vindicte au soleil.
*
Par notre Commune exigence
Sous d’autres arbres, d’autres sangs écartent l’homme de la mort. A la jonction des meurtrissures s’apprivoise l’éternité. Il faut saisir la lettre par le pied puis confluer vers l’issue. L’incertitude est gage de poème. Derrière le mur bâti au cordeau, elle ourle l’avoine de folie.
Olivier Bastide
Extraits de En trente-trois échos
(in Le bouilleur de cru, Klanba éditions, 2006)
*
*
Bélier
Avec ton front têtu et ta coiffure alambiquée, tu bousculeras les rombières. Tu jouiras d’opportuns plaisirs au jour noir. Nul octroi ne sourdra du hasard. Pars au soleil musqué quérir l’herbe grossière ; façonne un linceul clair qui se porte au printemps. A cette condition, mon ami, tu t’assiéras avant dimanche devant pastis et guéridon.
Extrait d' Horoscope ou le Zodiaque insolite (Olivier Bastide, in Le bouilleur de cru, op. cit)
15:52 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : olivier bastide, poème
27 décembre 2008
Le dit de la neige

Heureux les enfants de neige qui se sont fait bonshommes.
À l’angle mort des lumières, ils sifflent de l’un à l’autre
pour une branche où se dessine un bras,
deux gros cailloux pour voir de leurs seuls yeux,
une écorce qui se fera chapeau.
À l’éclaircie de quelques mots,
vous les mettez à découvert, enfants prodigues
qui ne veulent plus repartir,
tant que le jour n’ aura pas fondu tout entier sur leurs mains.
Alors, et sans attendre, connaissant déjà tout
du temps inculte ou disloqué,
ils signent le moment fantasque
qui les a mis au monde.
Dominique Sorrente
Le dit de la neige (extrait)
16:34 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dominique sorrente, poème