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poème

  • D'un printemps à l'automne

     

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    © Photo lmapix

     

     

     

     

     

     

     

    Feuille de mars…

     

     

     

      

    Feuille je suis

    Feuille je serai

            Volée par le vent à la cicatrice de l’arbre

     

     

     

     

    Platane solaire

    Figuier en larme

    Tilleul habité de tendresse vert pâle

     

     

     

    Feuille    Feu    Folie

    Ardeur à vivre jusqu’à l’extrême

    Fureur de sève à chaque nervure

    Echappée de la racine ancestrale

     

     

     

    Feuille   Yeuse   Yod originel

    Tenace et âpre

    Tu te plies à la direction soufflée par le vent

    Tu inscris ton signe dans l’espace

     

     

     

    Feuille    Œil    Oiseau  

    Vigilance c’est éveil

    Dans la verticalité qui érige un sens nouveau

    Joie plumeuse et libre

     

     

     

    Feuille je suis

    Feuille je serai

    Dans l’éclat végétal du mot

     

     

     

     

     

    Geneviève Bertrand

     

  • Échos de Bastide

     

    On bricole dans l’incurable.

     (Cioran)

     

     

    Par mon Chemin

    Le troupeau sonne les dispersions ; s’engouffre l’horizon. Rester plus que d’autres au soleil serait si hasardeux. Pourtant l’établi se précise en pierre durable ; la poussière prend nom ; l’herbe choisit racine. Le vent serait-il neuf qu’il surprendrait ta peau sous l’amandier. Au lendemain, l’oubli tire l’épingle de toute inconvenance, et s’effiloche le printemps.

     

    *

    L'enfant m'a pris la main et je l'ai gardé contre le malheur.

    (Max Jacob) 

       

     

     

    Etre son devancier

     

    Connaître la notable distance entre l’air et son dû ? Saisir l’envol ?

    Injonctions à ne pas négliger.

    L’arbre assombrit la lune pour paraître défunt. Un souffle contre l’âme.

    Toujours la route à faire, peau contre peau. A l’opposé du gouffre.

     

     

     * 

     

    J’ai embrassé l’aube d’été.

    (Arthur Rimbaud)

     

    Je Questionnerais volontiers vos bonheurs

     

    Avant l’outrance, le repli du matin. Certains souffrent d’éclats sous les paupières. L’incendie ronge sans brusquerie leur sang puis les tue. Nous publions ces pertes régulières. La liesse populaire danse à pleins flonflons. J’adresse chaque jour ma vindicte au soleil.

      

     

      Au bout du petit matin, la mâle soif et l'entêté désir.
    (Aimé Césaire) 
     

    Par notre Commune exigence

     

     

    Sous d’autres arbres, d’autres sangs écartent l’homme de la mort. A la jonction des meurtrissures s’apprivoise l’éternité. Il faut saisir la lettre par le pied puis confluer vers l’issue. L’incertitude est gage de poème. Derrière le mur bâti au cordeau, elle ourle l’avoine de folie.

     

     

     

     

    Olivier Bastide

    Extraits de En trente-trois échos

    (in Le bouilleur de cru, Klanba éditions, 2006)

     

     

     

    *

     

     

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    *

      

    Bélier

     

    Avec ton front têtu et ta coiffure alambiquée, tu bousculeras les rombières. Tu jouiras d’opportuns plaisirs au jour noir. Nul octroi ne sourdra du hasard. Pars au soleil musqué quérir l’herbe grossière ; façonne un linceul clair qui se porte au printemps. A cette condition, mon ami, tu t’assiéras avant dimanche devant pastis et guéridon.

     

     

    Extrait d' Horoscope ou le Zodiaque insolite (Olivier Bastide,  in Le bouilleur de cru, op. cit) 

  • Le dit de la neige

     

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    Heureux les enfants de neige qui se sont fait bonshommes.

     

    À l’angle mort des lumières, ils sifflent de l’un à l’autre

    pour une branche où se dessine un bras,

    deux gros cailloux pour voir de leurs seuls yeux,

    une écorce qui se fera chapeau.

     

     

    À l’éclaircie de quelques mots,

    vous les mettez à découvert, enfants prodigues

    qui ne veulent plus repartir,

    tant que le jour n’ aura pas fondu tout entier sur leurs mains.

     

     

    Alors, et sans attendre, connaissant déjà tout

    du temps inculte ou disloqué,

    ils signent le moment fantasque

    qui les a mis au monde. 

     

     

     

     

                                                                                  Dominique Sorrente

                                                                                                           Le dit de la neige (extrait)