07 avril 2022
OUVERTURE RÉUSSIE POUR LE "CARNET À DOUBLE VUE" DE DOMINIQUE SORRENTE ET GILLES BOURGEADE à l'atelier de reliure de CHRISTINE FABRE BOURGEOIS
L’un joue avec les mots
L’autre avec les images
Et parfois
La musique s’invite
Toujours complices, pour notre plus grand plaisir, Dominique Sorrente et Gilles Bourgeade ont à nouveau conjugué leurs talents pour donner naissance à un nouvel ouvrage paru sous le titre Carnet à double vue.
À l'occasion des rencontres européennes des métiers d'art, ce nouveau -né ( édition du Scriptorium) a fait l’objet d’une rencontre dédicace qui s’est déroulée samedi dernier dans l’atelier de reliure de Christine Fabre Bourgeois. Un lieu propice à la rêverie, où la maîtresse des lieux avait déjà accueilli le poète et le plasticien pour la présentation de « À la digue du Large » ( édition Tipaza, 2020).
Attiré par la promesse d’un beau moment de partage, le public, venu en nombre, n’a pas été déçu.
Au fil de ces rendez -vous poétiques, la mise en scène s’est peaufinée...
Dominique Sorrente et Gilles Bourgeade étaient accompagnés cette fois de Charlotte Hamer et Emmanuelle Sarrouy, comédienne et lectrice, qui ont donné vie aux textes et aux images, lus à la manière des haïku japonais, tandis que le poète ponctuait ces séquences du son de ses divers instruments (halilintar, guimbarde, kalimba, guitare...)
Un moment suspendu, au cours duquel on pouvait aussi promener à loisir les yeux sur les tirés à part des visuels du livre, accrochés aux cimaises de l’atelier. Bravo !
Béatrice Somville
somville.beatrice@wanadoo.fr
Et pour la suite...
Les tirés à part sont exposés et à la vente ( 250 euros) jusqu'au 5 mai . Les livres sont également disponibles ( 20 euros) à l'atelier de reliure de Christine Fabre, 25 cours d'Estienne d'Orves. T: 0491339331
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À noter, deux prochains rendez-vous pour l'aventure de ce livre:
le samedi 7 mai à 17h à La Case à palabres, à Salon de Provence.
le samedi 21 mai, à 17h, à la Librairie Le Blason à Aix-en-Provence.
16:06 Publié dans Du côté des livres | Lien permanent | Commentaires (0)
02 mars 2011
Corps - Anthologie poétique aux Editions Sillages
INFO - Lecture, dans le cadre du Printemps des Poètes, à Chateauneuf de Gadagne (84), le mardi 15 mars 2011 à 19 H, bibliothèque Raoul Milhaud.
>> Voir ICI, Dépositions.
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SILLAGES
Au pays des Sorgues, entre Rhône et Vaucluse, Benoît Chérel (alias Benoît-Léon Rebichet, lorsqu’il s’affiche poète) conduit les éditions associatives Sillages. Treize livres parus depuis 1999 témoignent d’un souci de rencontre, du goût de l’image et de l’attrait de la poésie. Les premiers ouvrages, plus ouverts à la photographie, ont laissé la place à des recueils dans lesquels le texte est prééminent. Si des contraintes budgétaires sont à l’origine de cette évolution éditoriale, les poètes sollicités peuvent s’en réjouir. Ils sont divers et nous citerons, sans exhaustivité ni ordre aucun, André Ughetto, Dominique Sorrente, Marc Rousselet, Jean-Claude Xuereb, N.S. Montebello, Henri Tramoy, Sylviane Werner, Misette Falt-Bedot… tous invités sous les auspices, entre autres, de René Char, mais aussi de Julien Gracq, de Pierre-Albert Jourdan pour citer quelques poètes majeurs présents par courts extraits dans les divers ouvrages.
L’anthologie Corps, dernière parution (2010), reflète parfaitement la nature des recueils de Sillages : un bel assemblage de textes poétiques écrits autour d’un thème avec des illustrations (photographies, gravures, dessins et autres représentations artistiques). La facture des livres est toujours de qualité, ce qui témoigne du soin, de l’attention, prêtés par Benoît Chérel à son travail ; la qualité de plasticien (peintre, sculpteur et fabriquant d’objets) du poète-éditeur, parfois libraire encore, n’y est pas étrangère.
De l’aventure qu’est Sillages, Benoît Chérel nous dit ceci : « Que la poésie naisse au pays de CHAR, quoi de plus normal après tout et que nous marchions dans son sillage, cela allait de soi. Tout a commencé pour nous dans les années quatre-vingts quand un sidérurgiste en rupture de ban avec la Lorraine déstructurée décida d’investir sa prime de départ dans la création d’un local de vente de livres d’occasion tout au fond de la place de l’église de L ‘Isle sur la sorgue. C’est ainsi que naquit, dans un merveilleux hommage à l’immense Julien GRACQ, « La Presqu’île ». C’est là que nous nous rencontrâmes , apprîmes à nous connaître et découvrîmes que nous étions quelques-uns à écrire nos envies d’être et nos révoltes à travers des textes qui resteraient à jamais emmurés si nous ne décidions pas de les éditer nous-mêmes».
A partir de là, les choses deviennent simples. Créer une association loi 1901, lui donner comme but d’encourager la culture sous toutes ses formes et tout particulièrement à travers l’édition d’ouvrages de poésie, lui trouver un nom : « SILLAGES », chercher des financements publics voire privés et partir pour notre aventure. Après quelques soirées-lecture organisées pour trouver les premiers deniers nous éditons « SOURCES » en 1999, petite plaquette originelle écrite à trois mains avec l’appui généreux de Gaston PUEL. Douze ans plus tard notre catalogue compte treize titres et a réuni pour cela presque une centaine d’auteur(e)s, photographes et plasticien(ne)s dont voici le cheminement :
1999 : Sources
2000 : L’Isle insolite
2001 : Au pays des Sorgues et Monts de Vaucluse (épuisé)
2002 : Le décagone suivi de La fête d’amour
2002 : Mars1961 Piaf en studio
2002 : Chemins (épuisé)
2003 : Solitudes
2004 : Sorgues des brumes
2004 : Enfances
2005 : Traces (épuisé)
2006 : Femmes (épuisé)
2008 : Résistances
2010 : Corps
2012 : à paraître Palestine »
En conclusion, nous laisserons parler le poète Benoît-Léon Rebichet dans Corps :
« On se dit qu’il sera sans gouvernement possible. Mais à la nuit tombée, une fenêtre voisine s’éclaire comme un démenti. Une scène unique s’offre pour peu de temps devant un seul spectateur mesurant sa chance. Ce soir il y aura bien une étoile ; lentement filante, elle sera d’ordre terrestre. »
Olivier Bastide
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Corps (Sillages 2010) / ISBN 2-915945-03-9 / 15 euros
Editions Sillages,
Le Haut-lieu,
2 bis, rue saint Paul
84470 Châteauneuf-de-Gadagne
11:03 Publié dans Du côté des livres | Lien permanent | Commentaires (0)
22 janvier 2011
Le pardon, par Danielle Berthier
Danielle Berthier
Il y a peu de temps, lors d’une lecture publique, un auditeur m’a demandé : « À quoi cela vous sert-il d’écrire ? ». Sous forme de boutade, j’ai répondu par une formule cueillie chez George Bernard Shaw : « Quand on enlève tout ce qui ne sert à rien, tout le reste s’écroule ». Et j’y suis allé d’un petit commentaire facétieux : j’écris donc en revendiquant le droit que cela ne serve à rien. À côté de moi, un très cher ami poète a aussitôt proposé sa réponse : « Quant à moi, j’écris parce que c’est une nécessité ». Nous nous connaissons suffisamment, lui et moi, en complicité d’écriture et de vie, pour savoir que nos réponses venues de paysages différents se faisaient naturellement écho.
En lisant Le Pardon de Danielle Berthier, je n’ai pu m’empêcher d’inviter à la tourne des pages ce dialogue aussi souriant que tragique qui donne au livre ainsi porté par son auteur sa place si particulière parmi les vivants et les morts. Combien de haltes, combien de retours et de questions auront été vécus pour qu’un tel ouvrage soit lâché par son auteur comme la plus précieuse des embarcations de fortune ? Nous l’ignorons, mais ce que nous sentons est l’empreinte du temps éprouvé, dans un texte tout en pudeur, en énoncés qui procèdent par étapes, par séquences du regard comme des angles de vue choisis pour rendre compte de la vie qui se cherche après l’insupportable, ici l’accident mortel dans la nuit à peine éclairée qui emporte un fils.
On songe aux phases du deuil, identifiées en profondeur par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross (souvent hélas dénaturées par la psychologie fast-food de notre époque), ici comme revisitées par Danielle Berthier à travers les planches successives du récit. Le lecteur participe ainsi à l’épreuve dans son cheminement, et dans la relation unique avec cet autre, homme anonyme dans sa caverne devenu présence obsédante, interlocuteur décisif, parce que sa voiture a percuté la vie d’un enfant. C’est de ce travail de l’ombre que Danielle Berthier témoigne, de ce processus de dépassement qui ne fait l’économie d’aucun geste, qui se fraie un récit entre colère, désarroi, révolte, apaisement et besoin de savoir. Et il nous semble alors assister à une scène, la plus pure du théâtre antique, où se déplacent et prennent sens les figures sacrées qui ont pour nom le Jeune Homme, Charly, la Mère, le Chœur, le Père, l’Ami, ceux du Chalet, l’écureuil, le Mékong, l’Océan même…Où le pardon serait la voie cathartique menant à l’album des mémoires partagées, dans le Chalet en retrouvailles avec les saisons par quoi le livre s’achève :
« Ils étaient redevenus nos semblables
De nouveau, ils étaient vivants ».
Il faut être une femme, dans le secret de la douleur méditée, écrivain, portée par un désir de justesse de tous les instants, pour donner à un tel sujet des mots saturés de silence et qui pourtant nous conduisent, d’une page à l’autre, avec conviction, insistance, dans la simplicité ouverte qui ne trompe pas. S’il consent à entrer dans cette traversée née d’un malheur brutal, promise à l’errance et appelant pourtant la paix des jours réconciliés, le lecteur sentira alors cette main qui à son tour l’accompagne, mue par des vibrations d’amour, symbole d’un parcours terrestre qui n’a pas renoncé à capter à même l’absurde l’indicible lumière.
Cela ne sert à rien, bien sûr, d’écrire ainsi, me direz-vous. Ou alors pour empêcher que tout le reste s’écroule. Mine de rien, voilà donc un petit miracle accompli qui opère par ce récit du Pardon. Le sait-elle, Danielle Berthier nous emmène loin, au fond de notre conscience de vivre, dans une langue sûre et dépouillée qui sait le prix des espaces intérieurs, le pouvoir des sapins sous leur écorce, l’enfance qui fait toujours signe derrière l’hiver, le besoin de comprendre et, plus encore, de recevoir et de faire pardon. Alors, autant signer ainsi : cela qui s’appelle écrire fait bien ici nécessité.
Dominique Sorrente
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Le Pardon, récit (automne 2010) - Danielle Berthier
ISBN (13) : 978-2-917116-20-3, 78 p, 13 euros
13:04 Publié dans Du côté des livres | Lien permanent | Commentaires (3)