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Marseille Bateau Ivre...

  • 22 MARS: NOTRE RENCONTRE MORCEAUX DE BRAVOURE A BIEN EU LIEU sur SKYPE !

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    Nous l'avions promis. Ici ou là, notre rencontre poétique "Morceaux de bravoure" aurait lieu. Et nous avons tenu nos promesses. À 16 heures, comme nous nous y étions engagés, de petites vignettes sont apparues sur nos écrans de poètes. Nos écrans de solitude se sont soudain fractionnés en autant de présences, un peu à la manière de certains jeux télévisés...Tout un groupe de poètes, un peu comme des enfants découvrant un nouveau jeu possiblement "éducatif" mais à coup sûr récréatif! Nous nous sommes reconnus, découverts, retrouvés. "Consegnati al silenzio", comme le dit le titre du recueil de notre ami de Pistoia, Paolo Fabrizzio Iacuzzi. Reliés tous pour l'occasion.

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    Les poèmes sont venus d'Italie, avec Paolo Fabrizzio Iacuzzi, d'Allemagne avec Eva-Maria Berg, de différents lieux de Provence, et bien sûr, de Marseille, plus que jamais devenue ville de quartiers. Et puis, ce n'est pas le moindre de nos petits bonheurs de ce jour, nous avons écouté nos vétéran-e-s au téléphone partager une émotion, un texte avec les autres participants. Respect pour celles qui nous précèdent. 

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    Comme nous nous en doutions, il y eut des manipulations hasardeuses, des brouillages technologiques par instant, mais aussi des moments insolites. Des paroles venues des intérieurs de chacun...des présences qui bougent et traversent les décors.            Deux heures plus tard, la session Skype s'est achevée. En beauté, car chacun de sa lucarne portait un toast aux autres  - verres et coupes dressés - pour trinquer à ces deux denrées si rares qui nous relient: Santé et Poésie! Comme on dit ailleurs: Pace et Salute ! 

     

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    Dès demain, nous repartons pour de nouvelles aventures au Scriptorium virtuel...

     

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    La poésie, ce sera toujours un peu cela: agrandir la vision de près.

    Ou concentrer la vision de loin...DS

     

     

  • CE dimanche 22 mars: NOS MORCEAUX DE BRAVOURE EN POÉSIE SERONT LES VÔTRES

    DES ENFANTS ESCALADENT LE BATEAU IVRE.jpg

    C'était lundi dernier. Le 16 mars. Des enfants inconnus escaladaient le Bateau Ivre de Rimbaud, sur la plage du Prado à Marseille. Comme nous allions le faire, tous. Poètes du Scriptorium rassemblés ici...Aujourd'hui, 22 mars, nous nous embarquerons donc à distance, mais avec d'autant plus de ferveur sur cet étrange bâtiment qui dit des craintes et des espoirs, des désirs et des manques, des facéties et des silences lourds. 

    Ce sera notre temps pour les "Morceaux de Bravoure". Des poèmes vont être dits, lus, envoyés...Ce blog est la partie visible de ces élans qui font tant de bien en ces jours si étranges. Et bien sûr, nous faisons nôtre la solidarité intense avec les soignants, celles et ceux qui sont en "première ligne".  

    Dès demain, quand notre temps de ce Dimanche sera achevé, nous proposerons d'autres canaux de rencontres. Pour que le Scriptorium soit ce pour quoi il est fait: un "lieu-dit de poésie" en toute circonstance. Bon Dimanche, en morceaux de bravoure à tous et toutes ! Dominique Sorrente

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    ***

     

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    C'était hier, au retour de ma sortie brève. Une fleur imperturbable, sans personne à l'entour. Confiante. Là à sa juste place. Jouant sa partition de solitude. Je l'ai prise en photo, comme on applaudit la beauté vivante. Juste pour me souvenir de cette présence incomparable. Un "morceau de bravoure" de la nature, défiant tous les malheurs du temps...Dominique  Sorrente

     

     

    ***

     

                                                         RÉSISTANCE

    est une femme
    dont la terre est en feu

    PERSÉVÉRANCE &
    DÉTERMINA TION

    sont ses filles

    elle est une mère palestinienne
    qui lègue à ses enfants un héritage de guerre avec des armes et ses larmes
    pour se battre

    elle est une femme noire drapée de satin pourpre
    qui erre sur une route
    et ne permet que l’on vende que les vêtements qu’elle porte

    RÉSISTANCE

    est la femme « native »
    absente
    qui mourut dans les mains d’un artiste blanc qui vit en elle
    pendant qu’il prospère en moi

    RÉSISTANCE

    est une enfant
    qui témoigne de la mort de sa mère et espère survivre peu importe où mais cachée

    elle est une femme battue avec haine                                                                                      par l’homme qu’elle aime
    qui décide de se sauver
    pour un monde où le toucher                                                                                                    est sacré

     

    elle est une femme mise à l’écart
    par les barbelés entourant sa maison                                                                                          qui cherche un moyen de s’évader                                                                                      quelles qu’en soient les conséquences

     

                                                 Connie Fife,

                                  Cree Canadian poet (1961-2007)

     

                                                          ***

    JE VEUX JE DOIS IL FAUT QUE JE SORTE D’ICI

     

    sortir
    sortir vite
    sortir par la porte de secours des mots
    sortir de cet espace
    d’air
    sortir de cette cage
    d’air
    sortir de ce corps
    d’air

    sortir vite
    par la porte de secours des mots

    dire autre et que l’autre se révèle dire nuage et que le nuage éclate dire pluie et que la pluie explose

    il faut
    que je persiste
    à dire
    il faut
    que je continue
    de parler
    pour pouvoir ainsi bâillonner ce battement incessant et faire taire cet autre qui toujours me conteste m’assiège m’encercle et me crucifie
    dans le vide seulement
    sans
    fixité
    immobile
    parallèle

    sortir vite
    par la porte de secours

    dire mot
    et que celui-ci s’ouvre comme un fruit
    manger son noyau
    dire eau
    et que mon âme s’envole comme un oiseau
    boire son chant
    dire aile
    et déployer mes plumes dans le souffle du vent dire amour
    et que l’amour se dessine dans le silence du ciel

                                                                 JULIE LAFAURIE

                             (d’après un poème de Pilar Gonzales Bernaldo de Quirós )

     

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    Ode au Poète

     

     

    Tout au dessus des arbres il danse dans la nuit

    Alerté par les anges sur cette épidémie

    Ses semelles de vent l’emportent à l’infini

    Sur le monde en colère et sur les cœurs meurtris

     

    Dans les villes les campagnes il fallait réagir

    Terre et mer des frontières il fallait s’en sortir

    Qu’un virus nous rappelle qu’il fallait s’affranchir

    De ce monde inique était à mourir de rire

     

    Sur les dunes du temps et les jardins d’été

    Les étoiles une à une il va les rallumer

    Le poète magicien et le monde arroser

    Et sur le cœur des hommes une fleur va pousser

     

    Fallait-il une crise pour que le monde change ?

    De toutes les époques la vie est bien étrange

     

     

     

    Emmanuelle Sarrouy

    Marseille, 21 mars 2020

     

                                                                   ***

     

                            JUGEMENT

     

    Attendu que les soignants dénoncent depuis des mois la précarité de leurs conditions de travail ;

    Attendu l’ordinaire de 20 heures de travail d’affilée pour nombre d’entre eux ;

    Attendu les heures sups, les week-ends et les nuits à peine payés ;

    Attendu qu’ils sont malgré ce contexte toujours restés fidèles à leurs postes au lit des malades ;

    Attendu leur dévouement sans faille à leurs frères, leurs sœurs humaines ;

    Attendu leurs sourires, leurs petits mots d’encouragement, leurs gestes de soutien ;

     

    Attendu le  réarmement permanent de la finance alors que le désastre grossissait dans l’ombre ;

    Attendu le lâchage du service public par l’état ;

    Attendu la restriction réitérée des budgets alloués à la santé par nos gouvernements depuis vingt ans ;

    Attendu la malhonnêteté de notre président qui affiche aujourd’hui la santé comme priorité après avoir organisé avec méthode et acharnement la casse de l’hôpital, de l’université et de la recherche ;

    Attendu qu’une ministre de la santé déclarait fin janvier qu’évidemment le virus resterait à Wuhan et qu’il n’y avait aucune chance que nous en voyions jamais la couleur ;

    Attendu que voyant la catastrophe se profiler, cette même ministre a quitté son poste en rêvant d’un avenir plus prestigieux ;

     

    Considérant la vision des files de camions de l’armée italienne transportant les cercueils des victimes ;

    Considérant qu’il y a comme un air de Tchernobyl dans l’air ;

    Considérant la pénurie actuelle et pourtant prévisible de masques pour les médecins hospitaliers, les internes, les externes, les infirmiers, les aides-soignants, les ASH, les assistantes sociales, les diététiciennes, les psychologues, les kinés, les dentistes, les médecins généralistes, les ambulanciers, les brancardiers, les techniciens de laboratoires ;

    Considérant que le gouvernement a informé les soignants qu’une infection au coronavirus ne sera pas reconnue comme maladie professionnelle ;

    Considérant le vol de 20000 masques dans les stocks d’un hôpital marseillais et de 30 000 dans un hôpital montpelliérain ;

     

    Attendu les larmes de ma collègue infirmière terrifiée à l’idée de ramener le virus chez elle et d’infecter son mari âgé très malade ;

    Attendu ma collègue thérapeute qui coud elle-même des masques à la chaîne avec du tissu de récupération ;

    Attendu ma collègue infectée et hospitalisée pour participer à l’essai clinique à la chloroquine ;

    Attendu mes collègues cloîtrés de frayeur dans leurs bureaux ;

    Attendu la tension et l’angoisse ;

    Attendu la peur dans le regard de mes collègues médecins et infirmiers mis en repos chez eux avant de revenir affronter le gros de la vague ;

    Attendu que dans ce contexte, les médecins vont devoir assumer la responsabilité de choisir entre deux vies en fonction des chances de survie de chacun –  s’ils ne sont pas fauchés eux-mêmes avant ;

     

    Attendu les patients qui vont mourir dans les pires conditions qui soient, je veux dire dans la solitude ;

     

    Attendu qu’en cette année 2020, le thème du Printemps des poètes est « LE COURAGE » ;

     

    Par ces motifs, et sans qu’il y ait besoin de statuer ou tortiller plus que cela,

    JE DECRETE QUE MES COLLEGUES SOIGNANTS EN POSTE SONT LES PLUS GRANDS POETES DE TOUS LES TEMPS

     

    Isabelle Alentour

     

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    Il y a des mots que les pierres n'ont vraiment pas envie d'effacer.     D.S.

     

  • J-1 DE NOUVEAUX POÈMES DE BRAVOURE pour le SCRIPTORIUM

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    Les Bulle de Charlotte

     

    Mardi 10 mars 2020 – Bulle de 8h35

     

    Eu égard à vos regards

    Mon idéal se porte bien

    Eu égard à vos blessures

    Mon idéal se porte bien

    Eu égard à votre vacuité

    Il germe et bourgeonne

    Sans maux dire

     

     

     

    Jeudi 19 mars 2020 – Bulle de 23h57

     

    Des egos se promènent

    Et se brisent sur la jetée

    Du ressac à l’hymen

    Un semblant d’éternité

     

     

     

    Jeudi 19 mars 2020 – Bulle de 15h12

     

    Comme un très long dimanche

    Coloré d’une pointe d’appréhension

    Des jours et des nuits arrogantes

    On lui fait la nique

    Gueule de bois virale

    Épaules basses et jambes coupées

    Brava brava la commedia

     

     

     

    Vendredi 20 mars 2020 – Bulle de 22h23

     

    Des germes combattants

    Musique et inflexions de voix

    Tout est bon pour tuer le temps

    Printemps par-ci

    Printemps parla et dit

    Sauvez ce qui reste

    Sauvez ceux qui restent

     

    Charlotte Hamer

    Luynes, mars 2020

     

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    ROUGIR VOS ÎLES

     

    Le vide m’aspire

    l’orage des marées met du chaos
    les filles folles n’ont plus peur des loups hissés dans la mémoire épaisse des eaux
    brumes et marais de leur visage

    bel or, ouvre un bouquet de bruyère allume les peintures
    relève
    tes jupes sur l’alphabet de tes marines tes langues tes lèvres écumeuses

    je sèmerai tant de mots au livre des pages brûlées

    sur mes savoirs distincts la mer étale ses fers sa roue s’emmêle
    au soleil et aux morsures d’oiseaux lassée des berceuses
    des abîmes

    et ils porteront mes yeux
    sur leur poitrine
    et une hache sur leur cou

    car l’homme doit mourir deux fois.  

    Henri Tramoy

     

    ***

    Au carnaval de la vie

     

     

    avait-on besoin d’

    un / virus meurtrier

    pour nous rappeler

    au chant des marées

    à la douceur du

    printemps naissant

    au rythme des sirènes et

    des matins dorés ?

     

    avait-on besoin d’

    un / virus meurtrier

    dans la grande gueule

    de la vie effrénée

    pour amorcer le virage

    en plein accéléré

    poser nos points de suspension

    en toute sidération ?

     

    avait-on besoin d’

    un / virus meurtrier

    pour enfin respirer ?!

     

    à Venise on rejoue le lac des Cygnes

    la danse est belle et effrénée

    d’un air de rien accompagnée

     

    dans les miroitements de la lagune

    sans un paquebot à l’horizon

    sans ces touristes et leurs avions

     

    commedia dell’arte dans les rues défigurées

    commedia dell’arte dans les rues réanimées

    commedia dell’arte de tout un peuple abandonné

     

    mais les nantis ont-ils seulement compris

    ce qu’est / le carnaval de la vie ?

     

     

     

    Emmanuelle Sarrouy

    Marseille, 21 mars 2020

     

                   IL N'Y AVAIT RIEN À DIRE...

     

    Il n'y avait rien à dire, ce courage il m'avait manqué et il me manquerait chaque fois que je respirerai cette même odeur ...l'odeur des ports croupissants sous des soleils d'acier, l'odeur du poisson pourri et des coquillages en voie de putréfaction.

    bigorneau videla déception du crabe privé de repas

    Le matin de la mort de mon homme dans son lit auprès de moi, sont venus dans l'heure qui a suivi d'abord le fidèle infirmier qui s'était occupé de lui durant ces longs mois d'agonie et de souffrances intenses, puis le cercueil et dans la journée ont afflué des dizaines de ses amis qui se sont succédé , 4 jours durant, avant que l'on puisse procéder à sa crémation.

    Comment n'ai-je pas compris dès le premier regard, plutôt l'absence de regard, comment n'ai-je pas compris qu'ils voulaient tous ma destruction ?Pourquoi ai- je continué à croire qu'il pouvait en être autrement ?Il fallait que je disparaisse, que je n'existe plus; l'unanimité en avait décidé ainsi.

    Pendant des semaines j'avais servi de bouclier pour les empêcher d'approcher, celui qui, moribond, refusé tout contact avec les autres...Mais peut-on en vouloir à un mourant ? Peut-on imaginer que cette personne festive et généreuse puisse désirer mourir sans ceux avec qui elle avait bringué toute sa vie ?

    Pour ces gens là, il était impensable, que n'étant plus que l'ombre de lui-même, tordu de douleurs inimaginables, il puisse désirer une seule chose: vivre ces derniers moments entouré des deux seules personnes comptant pour lui, son frère de lutte et son dernier amour.

    Nid de busedans le rocher des collines une place pour deux

    Douze mètres carrés de salon de cette minuscule maison perchée sur la colline, Son cadavre au milieu.Des ombres allant et venant nuit et jour.La froideur étincelante des ciels d'hiver.

    L'odeur de sa dépouille mêlée au parfum épicée d'une bougie Ma tristesse dans l'écho de leur brutalité.La violence d'une indifférence froide.La force de la vengeance d'un groupe.

    Et les heures s'ajoutant aux heures , les jours après les jours. L'oppression se mua en hallucinations.La faucheuse sur mes pasJe délirais seule parmi ces visages qui avaient été mes amis.

    Par-dessus l'épaulele scintillement fugace de la Mort

    Fuir la silhouette des fantômes.Leur laisser son corps en pâture.Ce cercueil ouvert aux hyènes affamées.Laisser derrière soi les ténèbres.Sortir de cette obscurité.Mon travail était terminé.Lui n'était plus rien, une enveloppe en train de pourrir dans une odeur de mer en décomposition. Le courage m'a manqué, j'ai cru que la bravoure était de rester.Ils m'ont mis en pièces et se sont acharnés.Violenter la vivante, ils étaient tous d'accordet jusqu'au soir de la crémation alors que tu n'étais plus que cendres ...

    .. Le courage m'a manqué...

    Oies sauvagespar-dessus les tuilesla nostalgie des beaux jours

     

    CLAUDINE BAISIÈRE

     

     

                                          Le 20 03 20 COURAGE

     

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