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Le Scriptorium - Page 99

  • Chemin de Table et autres bifurcations

     

     Balade poétique dans le cadre des rencontres Trace de Poète

     (Saumane en Vaucluse)

    Marche Script 3 Ascension2012Scriptoriumsaumane 032.jpg

     

     

    20 mai.

    Ce dimanche matin, miraculé de l’orage qui s’était posté en cercle autour de notre groupe, et ne déclara son heure de gloire qu’en cours d’après-midi, notre petit cérémonial ambulant a bien eu lieu. Dans les alentours du château de Saumane. Deux heures durant, et un peu plus, par la grâce d’une branche d’un pin parasol ou sous la protection d’un borie, notre petite troupe a tracé sa géométrie de l’instant, savourant les haltes à écouter des mots au pied levé dont les thèmes avaient été soigneusement préparés par Olivier Bastide, comme autant de chapitres nomades. Éloge du pied, L’art de se promener, La nature notre double, On n’est jamais sûr de notre chemin, Personne ne marche par le seul pouvoir de ses pieds.

    Les textes d’auteurs, les écrits de scripteurs présents ou de ceux qui avaient adressé leurs contributions furent donnés à entendre en situation avec pour auditeurs avertis fourmis, cailloux, argelas, bories et autres compagnons de route.

    On crut heureux de rajouter une invention du moment : chacun convié à donner une parole qui lui viendrait au détour du parcours buissonnier.

    Au retour au château de Saumane, la moisson consignée sur mon carnet de route fut reprise en écritures sur une large nappe, complétée par des inscriptions en japonais proposées par la professeur Atsuko Nagaï. Et le rouleau de ces pensées portatives fut lu par mes soins, en préambule de la performance/contre-performance B comme Bran de l’après-midi.

     

    Pour ceux qui n’eurent pas la chance de participer à cette petite improvisation collective, voici la suite de ces quelques pensées à hauteur d’herbes.

    Merci à nos marcheurs-contributeurs.


    DS


     

    Marche Script 1 Ascension2012Scriptoriumsaumane 027.jpg

     

     

    Mots partagés de calade en calade

     

    Seul le bruit des pas se mêle au son de la nature ; et l’esprit libre vagabonde.

     

    La marche est

    eau qui coule sous la terre.

     

    Ici sous les pins, chemin faisant, je pense à mon enfant antipodique qui grimpe le Maïdo.

     

    Autant de pas,

    autant de signes

    qui ensemencent la parole.

     

    Marcher, écouter, respirer les pas entre ancrage et suspens.

     

    Mes pieds aiment les chemins où ils cherchent en racines mouvantes tous les pas invisibles, les signes.

     

    Iule, le mille-pattes.

     

     

    De calade en calade, la transhumance de nos regards qui se dérobent.

     

    Sur le rocher dévonien,

    une fourmi

    escalade un caillou-montagne.

     

    Pas dans le sol,

    Mots de peu dans le vent.

     

    L’escargot est-il mort-né ? Coquille écrasée.


    Marche Script 2 Ascension2012Scriptoriumsaumane 030.jpg 

    .

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Nous construisons, pas à pas, le chemin de visages, de vent, poèmes des instants

    qui se respirent et qui se donnent.

     

    Bleu, jaune, blanc, rouge, rose, l’émerveillement que les fleurs apportent à ma vue.

     

    Deux jambes, jaillies de terre, le pin à l’assaut du ciel.

     

    Les feuilles de l’olivier millénaire murmurent notre venue dans mille ans.

     

    Poète en pied

    dans chambre d’écho,

    Abri pour les oiseaux.

     

    Les randonneurs aux arrêts : la maréchaussée ?

    Les anges de la route ?

    Non, cinq cétoines mordorés.

     

    Dans les sillons de nos chemins

    naissent les fleurs de nos poèmes.

     

    Coquelicot, fleur fragile, fleur des terres pauvres,

    un bouquet au bord des routes,

    tu illumines notre quotidien printanier.

     

    À l’arrivée, j’ai vu le mille-pattes au pied du mur.

     

     

     

    Le groupe de la marche du Scriptorium de Maussade du 20 mai 2012 


    Atsuko, Régine, Daniel, Clotilde, Misette, Agnès, Cécile, Guy, Claudine, Dominique, Paul, Martine, Olivier, Gérard, Dominique

     

     

     

     

  • Pierre-Albert Jourdan ~ Ébauche d'un paradis perdu

    Très loin, le craquement d'une écorce. Un arbre qui étouffe.


    oliviers.jpg


     

    Il faut grandir. Les rêves sont prohibés. L'immémorial été a franchi les colonnes de la terre. Les saisons neuves déjà se bousculent et plantent leurs blasons. Et cette route infatigable passe par leur corps. Et ils se savent dans le sommeil liés à ce corps délirant, ils n'ont que lui comme miroir. La grande table de la terre !

    Il faut grandir ; ils grandissent, mêlés aux touffes de thym, aux romarins vibrants, aux fleurs brutales des grenadiers. Membres épars dans ce massacre, ils savent les liens. Ils se fortifient d'absence. (Les rides sont le langage du dieu).

    Il faut grandir encore mais déjà, comme un enfant émerveillé lance les dés, l'aube roule sur les collines. Il y a dans leurs muscles, au réveil, la trace d'un chemin inconnu.

    Qu'ils partent ! Qu'ils soulèvent la poussière ! Ô, qu'ils partent et que la poussière se tasse sur leur chemin, que la poussière leur soit douce !

     

    *

     

    L'homme s'éveille avec peine de cette longue nuit. Il s'arrache aux liens tissés. Il le croit. Il secoue sa compagne, comme si la prière de l'aube résonnait encore dans sa tête. Partir ! Mais il contemple ce corps allongé près de lui. Il lèche cette chair endormie. La chaleur monte dans ses reins. Et le désir s'échappe, glisse dans les terres, frappe l'ombre miroitante et se love dans les collines. Il gonfle la pâte des nuages, étoffe les feuillages, leur donne odeur puissante. Il entaille la terre, l'ouvre aux semences.

    L'homme et la femme marchent d'un même pas. La tâche n'est pas remplie, vide est encore l'horizon qu'ils ne foulent pas. Il faut donner un nom à cette beauté éparse, la convaincre d'exister.

    Ils franchissent des terres innombrables. Veulent-ils oublier ce lieu sauvage d'éblouissement et de terreurs ? Peuvent-ils fuir ? Ils ne fuient pas. Ils sont ces étranges intercesseurs sans rien connaître de la nécessité qui les porte. Ils longent de grandes étendues et la fatigue voilent leurs yeux. Depuis combien de jours déjà ?

    Parfois comme une voix semble raser l'herbe nouvelle : de frêles tiges de sauterelles où bleuissent de petites mousses ; des plaques rousses sur le sol craquelé, l'étendue passionnément grise. Une voix, oui, qui froisse de longues tiges noires et jaunes et d'un duvet la caresse soyeuse, petites crinières de vent.

    Et le vent est partout.

    Ils s'arrêtent, se logent dans cet abri. Des oiseaux blancs aux longues pattes d'or dessinent les étoiles d'un ciel commun.

    [...]

     

    Pierre-Albert Jourdan, extrait de Ébauche d'un paradis perdu,

    Le bonjour et l'adieu, Mercure de France,1991, pp.275-276

  • Marche poétique du Scriptorium

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    Dans le cadre de Trace de Poète,  

     

     LE SCRIPTORIUM


    vous convie à une marche poétique

    le dimanche 20 mai 2012 à Saumane de Vaucluse (84)


    *

    La rencontre sera animée par Dominique Sorrente et Olivier Bastide.

    *

    La pérégrination partira du château à 9H30 et s'achèvera dans le village vers midi après une balade sur piste, chemin et sentier, ponctuée de cinq haltes-lectures. Repas tiré du sac dans la foulée.


    « Ensemble, tenir le pas gagné » aurait dit Rimbaud. Nous ferons nôtre ce principe, tout en en connaissant la beauté et la difficulté, et nous irons, selon le mot emprunté à Sade, qui fut ici enfant, « Allons poète, encore un effort...» pour écrire, lire, partager, selon ces prétextes :

    • Éloge du pied,
    • L'art de se promener,
    • La nature notre double,
    • On n'est jamais sûrs de notre chemin,
    • Personne ne marche par le seul pouvoir de ses pieds.

    Nous emprunterons ces cinq lancements à Frédéric Gros, Petite bibliothèque du marcheur [ed.Champs classiques, 2011],  lequel s’interroge :

     À quoi sert de marcher ? et d'où vient que nous sommes de plus en plus nombreux à randonner ?


    Donnons-lui la réponse du ralliement des poètes à la cause du pied ! Nous vous espérons nombreux ce 20 mai à Saumane.


    Pour une meilleure organisation, merci de nous faire parvenir vos contributions avant le 16 mai, en les adressant à poesiescriptorium13@gmail.com

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