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Le Scriptorium - Page 144

  • Dominique Sorrente, poète de la coïncidence

    dominique sorrente

     
                                                           « Signe, signe à toujours, mon bariolé langage...»
     
     
     

     

         Né à Nevers en 1953, Dominique Sorrente vit à Marseille. Il revendique une double influence celtique et méditerranéenne, alternant textes pour la voix haute et traces d’écriture. Une vingtaine d’ouvrages jalonnent son parcours, notamment chez Cheyne éditeur, récompensés par plusieurs Prix (Guy Levis Mano, Artaud, Bérimont) ainsi qu’une anthologie  personnelle « Pays sous les continents, un itinéraire poétique 1978-2008 » chez MLD, prix Georges Perros. En 2012 est paru  « C’est bien ici la terre », préfacé par le professeur d’écologie Jean-Marie Pelt.

     

       Professeur en culture et sciences humaines, Dominique Sorrente s’est également assigné la tâche de « passeur de poésie » entre cultures, disciplines de l’esprit ou publics de différentes origines. Il est le fondateur du Scriptorium (www.scriptorium-marseille.fr) qui propose des formes de poésie partagée (caravane, transcontinentale, jumelages, poésie chorus…) pour favoriser la présence de la poésie au cœur de la vie citoyenne. En 1999, une exposition rétrospective lui a été consacrée à la Fondation Saint-John Perse, à Aix-en-Provence.  

      Après avoir participé à la vie de la revue Sud (1970-1997), il est aujourd’hui membre du Conseil de rédaction de la revue des Archers à Marseille.

     Actualité de l'automne 2013: 

    lancement le 28 septembre, à Dunkerque de la lecture - spectacle « Nord Sud où vont les fleuves » avec la poète slameuse Marie Ginet (production le Scriptorium et La Générale d’Imaginaire )

    communication le 10 octobre à l'Alliance française/ Université de Glasgow (Ecosse) sur le thème: " De la ville-monde au terrain vague, les destins poétiques de Marseille en poésie"

    résidence d'écriture en Provence, avec le soutien du Conseil général des Bouches du Rhône

     


     


     

     

     

     

  • « L'aventure a déjà commencé »

     

    PAROLE PREMIERE

     

     Notre époque, tout occupée à son miroir se regarde faire ; on dirait même qu'elle se regarde se regarder. Il y a un curieux vide dans son propos, une inconsistance au creux de ses gesticulations et de ses bruitages. Pourtant certains réclament une ferveur retrouvée par-delà les masques, un mot de passe à partager en amis, une parole en juste longueur d'onde.

     Alors ils choisissent de faire halte. Ni meilleurs, ni prires que d'autres, sans doute, mais fervents d'une étoile qui ne leur appartient pas vraiment. C'est dans ce lieu à ciel ouvert, nourris et traversés, qu'ils se nomment poètes, chose rare en ce temps. Ils disent la poésie bien vivante, émue par le chant de sa nécessité, promise de toutes les promesses à l'accomplissement.

    Ils se sont mis à la table commune du Scriptorium. Là, chacun grandit à sa propre parole en éprouvant le langage de l'autre. Les mots sont jetés sur la table, à la façon des cartes qu'on redistribue, chaque fois. Le temps donné d'un intervalle est le rythme retrouvé du sémaphore qui disparaît, revient, disparaît, revient...

    Ici et là en même temps, ils apprennent l'art de recevoir les jours à inventer. Dans le travail de l'aube, il y a du bonheur. Quand la donne du jeu et la quête du sens se croisent puis se fécondent, l'aventure peut commencer.

    L'aventure a déjà commencé. Demain, sur les routes du vaste monde, ils partent à la rencontre, le coeur devenu différent, l'esprit relié. Cette voix de la poésie que bâillonnait l'empêchement de l'ordinaire du jour se fait entendre à nouveau. Hasard incandescent.

    Et chacun à son pas rejoint les parvis.

    Le rire aux lèvres, nous sommes avec vous de ces quelques-uns qui oeuvrent pour qu'habiter la terre signifie.

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    Nuit du 31 décembre 1999

    au 1er janvier 2000

     

    Dominique Sorrente

     

     

     

  • Fragments sorrentins

     

    Derrière les volets gris

     

     

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    Autrefois, la terre était la terre qui emporte tout sur son passage,

    et la terre passait.

    Demain, si proche, n'est-ce pas la terre, elle-même, qui est emportée ?

    Je voudrais ici sur parole ne pas être cru.

                                    

     

                                                                *

     

    Et sur parole encore.

    Les vraies questions : celles qui s'ouvrent à la lumière

    et glissent sous la porte, au matin.

    Les vraies réponses : celles qui savent dans un fossé du soir

    perdre leur temps.

     

                                                              *

     

    Je plaide pour des utilités sans gloire et sans armure,

    celle des bulles de savon, par exemple.

     

    Elles, du moins,  savent s'envoler en demandant : quelle est l'utilité

    de vos utilités ?

    Et il n'est pas  nécessaire de chercher à les retenir.

     

     

                                                               *

     

    Sur la fenêtre, une déesse à la cognée.

     

    Sa mémoire a fermé les portes à double tour,

    pour s'endormir dans la fontaine.

     

    Là, je bois comme j'écris.

     

    D'une gorgée à l'autre, remontant vers le signe d'abondance,

    sous le paraphe des orangers.

     

                                            *

     

     

    Le monde : tu peux l'appeler ainsi sous l'acacia qui dure.

    Il est fait d'étoiles filantes et de mousses, de fourmis  et d'anges gardiens,

    de rues ouvrant sur des fleuves, de limites et de franchissements.

     

    Une partition qui se donne à portée du premier regard innocent venu.

     

                                                        *

     

    J'aime les yeux qui demandent ce qu'ils savent déjà.

    Comme une promesse faisant retour.

                                                                      

                                                        *

     

    Cette limite inconnue qui nous raconte, jour après jour.

     

    Ce chant lacunaire où nous tentons des bribes, avec nos gorges d'assoiffés.

                                                  

                                                     *

     

    Dommage parfois de ne pas savoir saluer à sa juste valeur d'oiseau divin

    un geste de sportivité au milieu des roses.

     

    Comme refermer en plein soleil les volets gris pour libérer le paysage.

     

     

    Dominique Sorrente

      (Inédit 2006)