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Le Scriptorium - Page 133

  • Coudoux : le chapitre est écrit

     

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    Un 4 juillet à plusieurs visages: à Monaco, ce sont les premiers coups de pédales du Tour de France cycliste. En Suisse, on apprend la mort du président mécène de l’Olympique de Marseille, Robert Louis-Dreyfus. Les Etats-Unis d’Amérique célèbrent l’Independence Day…C’est ce jour-là que le Scriptorium a tenu Chapitre, à Coudoux, entre cris de cigales, bouffées d’air chaud et jazz nougaresque, en hommage aux cinq ans de la disparition du chanteur.

     

    Temps studieux de la matinée propice à la mémoire des années passées, à l’évocation des instants intenses ou précaires, à la qualification des projets en cours, au rassemblement des énergies, en prévision d’une saison prometteuse. Puis ce fut l’heure du gâteau des dix ans où le souffle commun des poètes fut gentiment mis à l’épreuve.

    Ralentir-travaux.jpgL’intervalle, cette formule spécifique des réunions intra-muros des scripteurs, qui avait été baptisé « ralentir, travaux » fut l’occasion de croiser lectures et écoutes. « Ralentir, travaux », en clin d’œil à l’exercice commun pratiqué par le trio Char, Eluard, Breton en leurs jeunes années ; « Ralentir, travaux » pour signifier aussi le tempo revendiqué par le Scriptorium, dans son aventure de sémaphore fantasque, alternant fulgurances et retraits, surgissements et décélérations…

     

    C’est encore en « Poèmes pour garder le tempo » que fut donné le ton jazzy de la soirée.

    Dans le superbe parc du château de Garidel, dévolu aux Estivales, ce temps fort de la vie culturelle de la Commune, le Scriptorium fut invité à proposer ses voix de poésie, en solo ou en chorus, entre timbres de l'ensemble Nougarue et accents d’opérette. Il faut saluer ce beau geste de confiance, préparé de longue date par notre hôtesse coudoucenne, Geneviève Bertrand qui partagea avec les autres poètes (Jeannine Anziani, Béatrice Machet, Patrick Druinot, André Ughetto, Dominique Sorrente ) parole solo et morceaux en chorus. Si la concurrence des cigales fut parfois déloyale, les crapauds limitèrent leurs démonstrations expansives, et les vénérables platanes se joignirent au public pour les applaudissements de rigueur.

     

    Le Chapitre à trois temps pouvait se clore sur cette nuit de bel été, ouverte à tous les poèmes.

     

    Rendez-vous le samedi 5 septembre à Port-Frioul pour la rentrée.

     

     

     

     

  • Poésie chorale aux Estivales de Coudoux

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    Aux Estivales de Coudoux

     

    dans le sillage de Claude Nougaro 

     

     

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     LE SCRIPTORIUM 

     

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    vous invite à une soirée

     

    POÈMES POUR GARDER LE TEMPO

     

     

     *

     

    Le samedi 4 juillet 2009

     

    à 20h15

     

     

     

    Parc du château de Garidel,

     

    Coudoux (13)

     

    - Entrée libre à la Lecture - 

     

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    Le 4 juillet sera jour d’indépendance en poésie à Coudoux, entre le chant des olives et les effusions de cigales. Au milieu des arbres de haute futaie du parc, nous fêterons ce temps dans les parages d’un hommage à Claude Nougaro qui a fait semblant de nous fausser compagnie il y a 5 ans.

     

    Le Scriptorium, entre jazz et java, réapprendra  à scander les mots pour mettre un peu de sable au bord des blessures du temps. La lecture-rencontre alternera solos de batterie de l’âme et poèmes chorus donnés à plusieurs voix.

     

     

     

    Vous y retrouverez un beau contingent de scripteurs du port d’attache : Geneviève Bertrand, la régionale de l’étape, Philomène Anziani, Béatrice Machet, André Ughetto, Dominique Sorrente…

     

    Cette soirée sera le point d’orgue de la journée du Chapitre où les poètes et artistes du Scriptorium auront transpiré sur le thème « Ralentir, travaux » en préparation des Dix ans de l’association.

     

     

     

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    CINQ ANS, CINQ SYLLABES : CLAUDE NOUGARO

     

     

     

    à Claude Nougaro, après cinq ans,

    ces mots.

     

     

     

    Claude Nougaro, je me souviens de lui comme d’un décasyllabe coupé dans sa belle moitié  qui tangue, et frappe, et verse, et se reprend. Il  plonge sans peine par-dessus bord  dans la vie d’amandes et de cailloux de mes seize ans,  m’enroule en écharpe de belle amie, me déclare mangeur de goyaves et pastèques, pleines mains ; et il  me fait sauter d’un monde à l’autre, par battements, tempos, ruades et ralentis choisis.

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  • PISTOIA : le temps du jumelage poétique IV

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    Époque 4 -  UNE FERVEUR TOSCANE 
                               Marino Marini : dans la contemporanéité de l'artiste 
     
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    Voisine de la gare, installée dans le vénérable Palais du Tau, la Fondation Marino Marini expose des tableaux, des dessins préparatoires, des statues – en marbre ou plâtre – de ce grand sculpteur (né à Pistoia en 1901, mort à Viareggio en 1980). En sortant de ce lieu, j’avais  l’impression d’avoir découvert l’essentiel de l’artiste – sensation que j’avais éprouvée lorsque j’entrai pour la première fois dans l’Hôtel Salé abritant le musée Picasso à Paris ; sans doute  la visite du « Centre de documentation » pistoiese ne dispense-t-elle pas de celle du « Musée Marino Marini » installé dans l’ancienne église de Saint-Pancrace à Florence, mais elle y prépare, dans l’intimité d’une dizaine de petites salles d’exposition occupant deux étages, par sa belle intelligence muséographique, combinant la chronologie et les genres des oeuvres. Tout au long du parcours effectué avec le groupe des voyageurs venus de France, sous l’autorité de Paolo et la conduite d’une employée de la fondation, deux amis italiens -  l’un peintre (Claudio Frosini), l’autre critique d’art, essayiste, nouvelliste que l’on m’a beaucoup loué (Gianfilippo Paganelli) -  m’ont grandement éclairé sur le travail en profondeur de Marini. Si l’archaïsme grâce auquel les Picasso, les Braque, Brancusi… ont construit leur identité artistique était retrouvé par eux dans les  « arts premiers » d’Afrique ou d’Océanie, celui de Marini est alimenté par la mémoire autochtone de la vieille civilisation étrusque, ce pilier enfoui de la civilisation romaine. D’où les « Pomone », déesses-mères de l’inspiration du sculpteur ; d’où les chevaux qui me rappellent Tarquinia et d’autres figures équestres dans l’art funéraire de l’Etrurie. Avec Marini on est ramené – sautons dans le jeu de mots ! – à l’élémentaire de l’élément Terre, dont la représentation symbolique la plus ancienne est le carré, comme chacun sait - tandis que le ciel est désigné par le cercle. Il en est ainsi par exemple dans les pièces de monnaie chinoise, depuis la plus haute antiquité : circulaires, comme le ciel dont l’empereur est le « dragon », mais percées d’un carré central car elles servent aux échanges terrestres. Dans la méditation de Marini, le quadrilatère obsédant de Pistoia joue également sa partie[1]. Son art, ancré au plus profond d’une tradition arrachée à des cimetières, n’en revendique pas moins la liberté moderne de jouer avec les formes, de les abstraire pour atteindre l’évidences dans son noyau. Et comme l’appréhension de l’espace nécessaire aux statues passe d’abord chez lui par une approche picturale, l’acte de peindre et de sculpter sont dans une complémentarité organique[2]. D’où résulte, avec un sentiment de grande unité, un équilibre très apaisant pour celui qui regarde. C’est beau parce que c’est juste : spectacle extériorisé d’une vérité intérieure, interne.

     

     

    André Ughetto

     

    [1] « Pistoia è la città dove sono nato, naturalmente e umanamente tutti siamo attaccati alla nostra particella da dove siamo nati. Pistoia è in me, anzi, insegna anche qualcosa, un certo ordine gotico, una certa struttura, una certa costruzione medievale. Ci sono delle bellissime cose a Pistoia, di primissimo ordine, cominciando dal Pisano. Certamente l'artista italiano nasce con questa grande tradizione sulle spalle, ed è una grande fatica perché è difficile misconoscerla. »

    Marino Marini, Un Aureola di sole, Confessioni sull’arte e otto disegni inediti, Fondazione Marino Marini edizioni, e Via del Vento edizioni, 1991.

    « Pistoia est la ville où je suis né, naturellement et humainement nous sommes tous attachés à la parcelle qui nous a vu naître. Pistoia est en moi, bien plus : elle enseigne aussi quelque chose, un certain ordre gothique, une certaine structure, une certaine construction médiévale. Il y a de très belles choses à Pistoia, des œuvres de premier ordre, en commençant par celles de Pisano. Certainement, pour l’artiste italien qui  naît avec ce grand poids de tradition sur les épaule, c’est un énorme labeur car il est difficile de l’ignorer. » (Trad. A. Ughetto)

     

     

    [2] Selon L’Arte è un gioco, Pensieri di Marino Marini, Via del Vento edizioni, 2007. 

     

     

     

     

     

     
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    Pomona

     

     

    à Marino Marini

     

     

     

    ― Innombrables ―

     

         les sculptures

     

    ― monumentales ―

     

     

    déclinent à l’infini des miroirs leurs ventres

    généreux

    plis et replis rebonds stéatopyges

    fesses cuisses hanches et seins vastes croupes larges

    matricielle abondance de chair blanche

    courbes du sexe clos

    sur son silence lisse

     

     

    ― Pomone ―

    Ô déesse-mère

    étrusque de toujours

     

     

    tes nudités amples offertes à la caresse

    ― vierge ―

    de mon regard nu

     

     

    tu déplies dans l’écho du silence

    tes visages lunaires regards absents

    ouverts sur l’invisible

     

     

    rendu à la pleine lumière par le souffle

     

    sculpteur.

      

    Angèle Paoli

     

     

     
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    La lumière a posé sur le blanc l’insistance charnelle des Pomone. Là, dans leur alignement, elles feignent l’immobilité, mais notre propre frémissement est preuve de vie sous-jacente, de marbre incandescent ! Et les chevaux affirment l’éveil du bronze, l’huile coule ses teintes dans des rectangles stricts. Je tiens un nombril bleu au sein du bleu, l’œil cerclé de rouge n’est pas un œil… il vit cependant d’offrandes en sa pupille. Ce sont matières et forces qui tiennent tête au vide. Se comprend un moment notre utilité.

     

    Olivier Bastide

     

     

     

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