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Le Scriptorium - Page 129

  • Salut d'octobre à Jean-Max Tixier

     

    Aurai-je encore sur la bouche ce froid de neige quand

     l’aube surprendra mon ombre écartelée ? 

    Mon silence me porte. Fort de ce pouvoir le tapis du

            conteur plane au-dessus des choses vivantes inscrites

            dans la terre. 

    Et mon regard à son tour emprunte à l’aigle sa promptitude

            de rapace lucide. Cruel, comme une bague cerclée

            à la patte d’un migrateur. 

                            (JM Tixier, La Traversée des eaux,

    Sud 1984 )

     

       

    Tixier par JBasse.jpgCETTE TRAVERSÉE DES EAUX QUI NOUS RELIE 

     

     

    Un « homme chargé d’octobres » nous a quittés à l’orée de ce mois. Un homme truculent, incisif, une alliance de rondeur sociale et d’exigence à l’œuvre. « Je me détache des clartés pour telle mort dont le souffle emporte les cendres », écrivait-il dans La Traversée des eaux. C’est dans cette démarche de lucidité qu’il a accompli tant de pages, sur commande ou nourries de l’intérieur, par une forme d’infatigable souci de peupler l’espace et de vider son air, et de le remplir à nouveau..

    Tour à tour et tout en même temps, professeur de lettres, féru de mathématiques et de science, main prêtée pour le superflic Van Loc, novelliste, critique d’art, maire d’arrondissement dans sa ville natale, Marseille, romancier, il se disait écrivain, avec la poésie en lieu d’incandescence pour la part fragile mais si précieuse qui n’en a jamais fini de la faveur d’un mot ou d’une image.

    « Marche dans ton absence. Il n’est devant ton pas de mur qui ne recule dans la transparence des choses », disait-il encore.

    Cette prolixité qui le caractérisait, en toute circonstance, il en savait à la fois la sève et les dangers. Mais il répondait avec un abattage qui déconcertait ceux qui l’entouraient.

    Un poète fécond, gourmand de tout ce qui palpite, et pourtant tout en retenue : est-ce possible ? Dès qu’il prenait parole, dans cette voix si caractéristique où les phrases roulaient en s’échauffant, il n’y avait plus de place pour le doute. Le seul mode d’existence était d’avancer avec lui, dans cette persuasion de l’instant qu’il énonçait. Il aimait le paradoxal dans toutes ses variantes, se méfiant de toute pente idéologique, et toujours prompt à renvoyer la balle pour animer le jeu.

    Pourtant au-dedans de tous ces gestes qui payaient de leur personne, Jean-Max Tixier portait en lui une contrée inaccessible dont il connaissait la brûlure et pressentait la destinée. Il écrivait encore : « S’il ne succombe pas aux premières marches, il apprendra cette part de lui-même venue à sa rencontre, depuis les confins opposés. La sagesse longtemps absente, ou courte. Comme l’ombre par les longs jours de canicule où le soleil pèse. Interminablement ».

    Rien ne lui importait tant finalement que de se savoir poète au milieu du monde, voué à ce travail de la langue qui n’a de cesse. C’est ce qui le faisait vivre avec passion. C’est ce qui nous donne aujourd’hui l’impression qu’il est à côté de nous, continuant d’explorer cette autre mer qui soulève la phrase.

     

    Dominique Sorrente

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    Voir aussi l'hommage d'Alain Freixe sur La poésie et ses entours

    Image : Portrait de Jean-Max Tixier par Jacques Basse


  • Mouvements infimes, du Tao à la poésie dansée

     
    Danse-Poésie bis_oct 2009.jpg

     

    LE SCRIPTORIUM 

    logo Script.jpg

     

    Deuxième Intervalle de la saison,

     

    « Mouvements infimes »

     

     

    Samedi 3 octobre 2009

     

    14h30 au Brûlat du Castellet (Var) *

     

     

     

    taoancien.jpg

     

     

     

    Que nous l’abordions par le discours scientifique ou par une pratique méditative centrée sur la respiration, c'est à dire le souffle, nous pouvons tous prendre conscience du mouvement ondulatoire présent en nous, même « immobiles » .

    Ainsi ces mouvements infimes ressentis nous mettrons au diapason avec la danse de la vie, qui est celle de l'univers tout entier dans le mouvement  de tout ce qui est, existe, se transforme, disparaît et renaît ....

    Ressentir cette pulsation originelle, est la base de ce qui est appelé le WUTAO, pratique de danse reliée à la tradition Taoïste, qui ouvre au sentiment du geste juste selon une dynamique en spirale, à partir de la colonne vertébrale : celle que nous savons de toute éternité parce que biologique, organique, vitale.

     

     

    Sentir l’âme d’un mouvement, trouver son rythme intérieur, danser le souffle, tels sont les ingrédients de la danse du tao, savant métissage des arts martiaux, des techniques du souffle et de la danse.

    La pratique est souvent soutenue par des métaphores (autour des éléments comme eau, bois, métal, air, feu), des lectures poétiques et un univers musical très diversifié. Par ce souffle-là, l’être et sa danse se déploient dans la légèreté et la simplicité. Chacun équilibre son parcours entre intuition, sensation, émotion, structuration et création.

     

    Nous pourrons poursuivre notre chemin de conscience et de connaissance en nous tournant vers  la danse contemporaine japonaise,  son évolution à travers le mouvement Butô.  L’esprit de la forme courte du poème, cette quintessence écrite de l’instant sur le modèle du haïku accompagnera tout "naturellement"  l’intervalle.  J'appelle donc à la production de textes courts, qui pourront être lus et partagés pendant l’intervalle.

     

    Aphorismes et formes brèves célébrant l'éphémère (dans une forme de continuité) seront bienvenus !

     

     

     

    Béatrice Machet 

    (coordinatrice Intervalle) 

     

     

     

    Merci de vous inscrire par mail à l'adresse ci-dessous 

    avant le 30 septembre 2009 poesiescriptorium13@gmail.com 

    [renseignements et infos pratiques d'accès au lieu fournis en retour]

     

      

  • Rétrospective Danse ImproÉsie

    En novembre 2007

     

    Je me souviens que ...

     

     

     

    C'était pour moi une journée vraiment spéciale, l'occasion d'être "entière", l'occasion d'évoluer en un espace où les deux pôles d'atttraction (entre lesquels j'évolue souvent)  : danse et poésie,   seraient enfin rassemblés.  C'était comme le prolongement d'une résidence vécue à Chateauvallon où j'avais travaillé avec Jean-Jacques Sanchez et Jasone Munoz, tous deux danseurs et chorégraphes. C'était partager avec mes amis danseurs ma part écrite, partager avec mes amis scripteurs ma part danseuse. Offrir la disponibilité de mes deux amis danseurs à l'ouverture d'esprit de mes amis scripteurs.  À mon niveau une opération holistique.

     

    Il s'agissait de prendre contact avec le monde du gestuel, de l'éphémère, avec ce que peut le corps quand on le connaît bien et qu'on vit harmonieusement dans son enveloppe. Se sentir confortable et confiant, bien dans sa peau.

     

    Il s'agissait de trouver le lien entre poésie dite intuitive et revendiquée comme telle, avec l'improvisation dansée, qui à un niveau professionnel est pratiquée selon diverses voies  et lois.  Il s'agissait de vivre l'instant et que le corps l'exprime, le confie, le confesse. Il s'agissait de  savoir trouver  le plus court chemin "entre l’affectivité et le mental immédiatement et simultanément sollicités dans l’acte de création" comme l'écrivait après cet intervalle Geneviève Liautard.

     

    Il s'agissait peut-être de mesurer un désir, de prendre le temps d'écouter, de toucher combien vivre en se dévouant à la poésie, intuitive en l'occurrence, est apprendre à "perdre" pour mieux " gagner " par le biais de la conscience et du souvenir passant par le texte et par le corps. L'écriture laisse son empreinte sur une page, un écran, ou dans les muscles, une trace reste du passage du geste...  Ce qui revient à constater qu'on ne trouve pas, quelque soit la quête, on RE-trouve, RE-découvre,  RE-combine, RE-organise, RE-crée ... (quoi  l'éternité) ...  alors qu'est-ce qu'improviser sinon puiser et faire nôtre en toute ingénuité, l'authentique d'une émotion et la richesse d'une mémoire ? Débloquer le contrôle du mental, lever les censures de l'inconscient, se laisser surprendre, s'abandonner à l'inconnu tout en sachant attendre.... dans la latence du juste ; le mot ou le geste s'ajustent à l'émotion qui ne déborde pas, s'ajustent à l'espace de disponibilité et d'attention permises par la concentration, alors quelque chose de la jubilation est vécu ....

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