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Le Scriptorium - Page 113

  • Instant Bateau Ivre Spontané, première édition

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    LE SCRIPTORIUM

     

     vous convie à venir partager son

      

    Instant Bateau Ivre Spontané

     

    le samedi 19 mars 2011 à partir de 14h30

     

    à Marseille,

    Plage du Prado, Med's  & Salle Tempo-Sylvabelle *

     

    entrer des mots clefs 

     

    Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème

     De la Mer, infusé d'astres, et lactescent… 

     Arthur Rimbaud

     

     

    Marseille est ville pour les mots. À la lettre et dans tous les sens. Mots retranchés ou qui en rajoutent, paroles de faconde ou phrases muettes des roucas. Les écrivains l’ont traversée dans toutes les circonstances, villégiature, exil, patrie d’enfance, expérience mystique, pays d’adieu, vagabondage, et lui ont déposé leurs pages de transit d’un jour, d’un an ou d’une vie. Rimbaud, mort à l’hôpital de la Conception  (troublante alliance de ces mots d’avènement et de disparition) à Marseille en 1891, nous a laissé son Bateau Ivre, habité en sculpture par Jean Amado sur la plage du Prado. C’est à partir de ce promontoire inspiré qu’aura lieu, ce 19 mars,  la singulière et collective traversée des mots qui nous attend.

     

    Celle-ci se déroulera en trois temps :

    > À 14h 30, le monument Rimbaud, en bord de mer, nous tiendra lieu d’arche de ferveur à partager. Le poème du Bateau ivre, propice à la variété des rythmes et aux images étonnantes et détonnantes, provoquera des résonances à plusieurs voix, avec improvisations gestuelles, sonores ou parlées. 

    > À 16h30, le Med’s, nouveau comptoir pour le Scriptorium, en centre-ville dans le quartier des antiquaires, nous accueillera pour un temps d’orient proche, entre pâtisseries et écritures d’instant.

    > À 20h30, enfin, nous partirons à la nuit sous le signe de l’inattendu, pour une traversée-lecture, en quête d’Infinis paysages à découvrir, à inventer. Entre salle d’honneur et salle des boiseries du Centre Tempo-Sylvabelle. 


    Marseille Bateau Ivre, Mars’eye en Rimbaldie, notre commune embarcation de ce jour de mars, sera placée sous le signe de l’oiseau Ibis. L’échassier au bec en forme de plume d’écriture, dieu du scribe chez les Égyptiens, nous accompagnera de ses humeurs lunaires durant tout ce périple de songes, d’inventions et de gestes poétiques.

     

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     entrer des mots clefs

    • Monument Rimbaud (14h30), Plage du Prado
    •  Le Med's (16h30) : 12, rue Saint-Jacques,      Marseille 6e   -Tel : 09 81 61 19 08 / 06 83 10 44 17- Participation Buffet 10 € www.lemeds.com / contact@lemeds.com
    • Salle Tempo-Sylvabelle  (20h30)  :  69-71, rue Sylvabelle, Marseille 6e / Tel :  04 91 53 03 69  -    Entrée libre

     

      

    >>> cliquer sur l'image pour agrandir

     

  • Au commencement, en Infinis paysages

     

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    LÀ OÙ SÉJOURNENT D’INFINIS PAYSAGES

     

     

     

     

    Au commencement est le silence de l’épaule

    et l’ombre du cou plane sur elle.

    Puis vient le sein à la fleur d’amandier pour y boire

    et le creux du nombril pour y dormir.

     

    Au commencement est la hanche

    qui sait faire  balancer les regards

    et encore le genou

    au rêve danseur,

    et la plante du pied docile

    pour éprouver les massages du temps.

     

    Puis un sourire invente les lèvres

    à peine ouvertes,

    et la courbure du dos,

    vêtue d’onguents et d’aromates,  s’allonge  

    contre la terre ferme, et les mains

    se nouent lentement

    devant le pli obscur du sexe.

     

    Et la nuit diamantine

    descend    

    en signe de promesse

    tout au bord

    du premier corps de l’aimée,

    quand le commencement

    à peine se retire.

     

     

     

     

                                                                                      Dominique Sorrente

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    Livre artiste Isaure1.jpgLivre d'artiste & Encres Isaure de Larminat

  • Hors la voix - Michèle Dujardin

     

    cheveux de feu.jpg

    Source

     

     

    hors la voix

     


    lui dire – à toi – à la personne toi, celle-là, s’efforcer de la langue – pour dire toi, tout simplement, pour lui parler

     hors la voix – langue vide, au moyen de la langue vide, qui frappe contre le palais – qui retentit, vide

    lui parler, à toi de la personne, lui dire aime, te dire dans l’élément souffle, à toi, je t’aime

    mais qui dit toi, qui parle, qui touche là, le vivant ? et toi, lui dire toi, de ce visage d’ombre qui m’assiège, par quelle voix ? trop dur pour les lèvres, se séparer, contre la tension des mâchoires, qui scellent

    opacité des mots : toucher, la docilité, le moment de la peau, aime – violence d’écrasement, dans le mot : dire toi, parler, t’aime, qui se recourbent dans la gorge, pour déchirer – se souvenir, au cou des morts, la jugulaire : la seule très tard, qui ressasse dans le bout des doigts, solidifiée, une parole

    rien pour dire là, murée dans je t’aime – où si grande jamais, l’ouverture, ne l’a été

     cette personne d’aimer, la multiplicité de ses bouches dans l’épaisseur, comme exposée nue, à se perdre – la personne, tout simplement toi, que j’aime, ici absolue, n’entend pas du fait de la langue, rien – n’entend lui dire, que l’autre côté parlé, mon silence – seul vif, manifesté, qui enveloppe toi, bien fermé dans les lèvres de la déchirure

    de mon front sur ton épaule, tout le paysage d’aimer repose, sans repère : t’aimer, cet horizon, entièrement d’amour et vide, qui libère, me démet de la parole

    abdiquer, yeux clos – seul vrai, ce vide de la langue pour toucher, pour marquer territoire de risque, de veille attentive – pour dire, à toi de lui : je t’aime – tout dans la langue, est brûlé

    comment l’interroger, ce ruissellement des eaux jusqu’aux purs brisants de l’être, son être lui, le plus aigu, cette personne lui qui là s’avance, dans un trou de mots envahi de lumière ? transparence infinie où me dépossède, abandonnée de langue, t’aimer

    amoureux de part en part, ce consentement au vide

    et toujours se creusant, toujours sur sa base d’air s’élargissant, ce rien pour dire toi, que j’aime là - lui que j’aime par douleur de peau, par faim et soif, par arrachement, par impuissance des bras – rien pour dire

    corps, toi, tout simplement le sien – rejoint, ramassé, son odeur, sa chair, cheveux et doigts mêlés, circonscrit dans l’espace de mes lèvres, haut porté – pour nourriture, pour respiration – par dessus le monde, ses échos, ses mots à bruit de masse, de maillet, à briser les corps, les noyer

    son corps – à toi, le sien

    tout aimé, toi, de langue morte – avec grande force – toi, cette personne de vie, d’embrassement immense mais dans l’absence de mots, dans la disjonction de la parole

    et dans l’étonnement, qui n’a pas de fin – qui est sans mélange - où, seul, toujours le présent se déploie : vers sa propre éternité, courant, déferlant - avide d’un ciel où la lumière, incessamment succède à la lumière - dans ce même élan, dans ce même sang que rien ne tempère, ni nuit, ni saison

    mais du lourd sol des mots, toujours aimer, a cette nostalgie – cette  inquiétude -  lointaine, comme nul, sans trace vive, un souvenir –  car aimer toi, cette personne-là, lui que j’aime, cela parfois, cherche encore le mot – comment dire à toi, lui que j’aime, d’un mot – je t’aime - quelque chose là, qui cherche – où il n’y a rien, qu’un chant : un oiseau libéré de ses ailes, de son vol, de la terre – et qui là, disparu, n’est plus que son chant

     le silence qui pulse, plein d’attente

     toi, celui-ci que - cette personne-là 

     et plus nue qu’on peut l’être, je, dans cet amour – où rien pour dire toi, lui que l’on aime – rien pour dire – juste, les mains qui s’écartent – dans toute cette eau, accompagnée de soleil

     

    Michèle Dujardin

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