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Le Scriptorium - Page 111

  • Pour ouvrir la nouvelle saison du Scriptorium

     

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    LA RENTRÉE, MAIS OÙ ?

     

    Dans le monde des saisons qui tournent et reviennent, cela s’appelle une rentrée. Il y a quelque chose d’infiniment rassurant à énoncer cette évidence-là, justement parce que cette évidence est devenue précaire. Parler de « rentrée », c’est penser que le retour vient en son temps, avec son cortège de nouveautés, certes, mais dans un espace-temps où les repères sentent bon la saison que l’on connaît déjà.

    Oui, nous allons tous faire notre rentrée, et le Scriptorium n’échappera pas à ce rituel, teinté de la touche plus ou moins prononcée d’inconnu(e) à venir saluer, comme il se doit, sous le préau.

    Pour ce moment de retrouvailles et de nouvel élan, nous avons choisi pour thème depuis quelque temps déjà « Moissons d’été et chant des sirènes ». L’actualité féroce de ces dernières semaines donnera sans doute une couleur particulière à notre première rencontre de la nouvelle saison. Nul doute que l’esprit d’invention, les lectures volées sur un banc public ou au dos d’une vague, les croisements de gestes, de regards, et les pages d’écriture sauvées de l’emprise du farniente auront également activé les humeurs littéraires des scripteurs. 

     N’hésitez pas à nous adresser vos contributions (adresse courriel ci-contre, colonne de droite), ainsi que des textes d’auteurs,  sur le thème choisi. La table commune saura partager à volonté  toutes ces gourmandises.

    Et déjà, après cette journée espérée fertile, nous naviguerons vers un nouvel instant à créer ensemble le 17 septembre : le Comptoir des poètes. Nous parlerons de ce nouveau rendez-vous dans une prochaine note.

    En guise de rentrée en poésie, je vous laisse écouter la voix d’Antoine Wauters dans Debout la langue (bookleg 46, Maelström, 2008) :

    « Tout part d’un battement sourd, régulier comme un souffle de nuit, primitif comme la terre. D’un chant précédent le langage et sur lequel pose, repose tout l’éboulis : nos langues cent fois moulues ».

     

     Il se pourrait bien que les sirènes aient leur mot à dire à ce sujet.

     À tout bientôt, septembre* en bord de mer.

     

    Dominique Sorrente

     

     

    _____________________________________  

     * L' assemblée générale et l'intervalle de rentrée auront lieu le samedi 3 septembre 2011 à partir de 10h00 à la Maison des Jeux des Catalans, Boulevard Cieussa, 13007 MARSEILLE (note à suivre).


     

     

     

     

  • Au lendemain d'une escapade

    C’était le Scriptorium aux champs

     

     

    Avec : Dominique Sorrente, Olivier Bastide, Valérie Brantôme (Le Scriptorium), Angèle Paoli (revue en ligne Terres de femmes & Le Scriptorium), André Ughetto (revue Phoenix-Poieo-Le Scriptorium), Henri Tramoy (revue Soleils et cendre), et notre hôte, Sylvie Durbec (la Petite Librairie des champs)

     

    Matin Au fil de l'eau, dans l'Intervalle de Printemps

     

     

    Boulbon3d.jpgDe l’eau coule déjà sous les ponts. L’escapade du Scriptorium dans les abords du Rhône, vergers du pied de la Montagnette, au lieu-dit du Moulin Brûlé, hôte de la Petite librairie des champs, commune de Boulbon, est terminée, la poésie en bien commun.

     

    Quelques jours plus tard,  le mistral rudoie les cannes et les piétons. Chacun en sa maison. Je ne sais ce que font mes compères d’hier. Dominique Sorrente se repasse peut-être le film de la journée ; d’abord, l’Intervalle de Printemps Au fil de l'eau. Nous avions plaisanté ensemble des craintes de « basses eaux » pour le public ; l’eau était de bon niveau, puisque nous étions une vingtaine pour la caravane déambulatoire dans les rues du village, accompagnés d’un facteur-joueur de limonaire, d’un Saint-Christophe, les pieds pris dans l’eau-pierre symbolisant les inondations récurrentes dues aux crues du Rhône, des murs majestueux du château médiéval, d’une étape dans un jardin miraculeux à flanc de colline, d’un Boulbonnais saluant Sylvie Durbec durant une lecture, et sans doute de quelques chats…

     

     

    Boulbon4.jpgCe jour, Henri Tramoy (en photo ci-contre) m’a écrit son plaisir d’une journée de poésie en « empathie et complicité » ; Valérie a sans doute entamé la nécessaire mise en ligne mémorielle du moment ; Angèle a repris, j’en suis certain, son travail de revuiste inlassable. André, qui nous avait rejoints l’après-midi pour le débat Poésie, vous avez dit collectif ? s’est dit heureux et doit déjà se relancer pour d’autres aventures…

     

     

     

     

     

     

     

    *

     

     

    "Poésie, vous avez dit collectif ?" :  Après-midi - débat

     

    D’emblée, je questionnai l’idée de collectif comme une condition nécessaire de l’existence de la poésie aujourd’hui, enfin m’y essayai-je ; nous étions après la pause pique-nique… Et dans le même mouvement, je relativisai  l’hypothèse en avançant que toute activité de création peut sembler assujettie  à un égal impératif.

    En effet, si l’artiste, la plupart du temps, crée dans un cadre solitaire, cette solitude  est écornée par des tentatives de création partagée, assez fréquemment ; plus fondamentalement, tout art n’a de sens que dans un lien social comme source et réceptacle de l’œuvre. Le cadre, poétique, du débat, aurait donc pu paraître de maigre pertinence, à quiconque aurait préféré élargir la réflexion au contexte artistique général. Mais nous étions fervents-férus de poésie, tenions nos poètes-débatteurs ; il nous restait donc à bien vouloir considérer notre débat dans son cadre particulier, celui d’une rencontre entre cinq expériences, celles du Scriptorium, et de ses invités, l’association Poieo de l’Isles-sur-la-Sorgue, de la revue Phoenix,  de la revue Soleils et cendre, de la revue en ligne Terres de femmes.

    Boulbon18.jpg

     

    Autour de la table, il y avait maintenant une bonne trentaine de convives, connus, Hélène Sanguinetti, Paul de Brancion (que me pardonnent ceux,/qui tout autant connus /restent ici anonymes /de moi seul méconnus…), inconnus (Ô vous mes frères inconnus / qui comme moi parlez/ mais n’êtes point connus…), tous attentifs, réactifs parfois, aux propos, questions et réponses échangés entre les principaux protagonistes :

     

    -          le Scriptorium, ou un poète explorateur des possibles rencontres poétiques, Dominique Sorrente, et un collectif se redéfinissant lors de chaque événement (ce 14 mai, cinq membres), afin de faire vivre la poésie de la manière la plus sensible ;

    -          les Solicendristes et Soleils et cendre, un groupe de poètes au service de l’écriture poétique dans le sens politique d’une appropriation de la création par tous ;

    -          Poéïô un collectif associé d’artistes et d’amateurs de poésie partageant leur passion au fil de moments divers, riches et conviviaux ;

    -          Terres de femmes, une femme, Angèle Paoli, souveraine des mots, deux hommes aux manettes informatiques (Yves Thomas) et photographiques (Guidu Antonietti Di Cinarca), pour un trio revuistique au sein d’un extraordinaire réseau virtuel et humain

    -          Phoenix*, fille d’«autres suds», parvenus grâce à un collectif de rédacteurs et de poètes têtus oeuvrant pour l’une des plus belles revues françaises.

     

    Alors, Poésie, vous avez dit collectif ? Oui, mais de manières bien différentes comme l’exposent ces cinq projets, tous aussi ambitieux et exaltants, tous aussi parfaits, c’est-à-dire absolument tendus vers leur objectif. Le collectif, tel qu’il se précise chez chacun, en est le moyen et la conséquence.

    Ainsi que je le soupçonnais d’entrée, cela n’est peut-être pas le propre de la poésie, mais plus le propre de toute activité à dimension sociale. Le poète n’existe que dans son rapport au monde ; il est en son sein et, partant de là, se doit de faire partie d’un groupe, d’une action, d’un projet, d’un collectif plus ou moins structuré, large, restreint, fermé ou variable, qui l’accepte, qui lui donne sens, qui le tienne en vie….

    Vivent les poètes et la poésie !

     Olivier Bastide

     

    * Phoenix, héritière de la revue Autre Sud, elle-même dans la suite de Sud.

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    • Album – photo de la rencontre ICI

    • Voir aussi Poèmes Au fil de l’eau

    • Légende des illustrations ci-dessus :  

      1-  Cohorte poétique par les rues de Boulbon & le Capt’ain Dominique Sorrente 

      2-   Henri Tramoy lisant devant la bibliothèque

      3-   À la Petit Librairie des Champs : autour de la table, de G. à D., Angèle Paoli, Dominique Sorrente, André Ughetto, Henri Tramoy, Olivier Bastide

       

       

     

  • Poèmes Au fil de l’eau

     

    Il y a dans la campagne une pluie qu’on ne sait

    pas lire encore, elle n’a pas commencé à tomber

    mais déjà, elle fait refermer le livre des malheurs

    dont on n’a su qu’effeuiller les pages.

     

    À peine

    cette pluie entrouvre-t-elle

    une ancienne monotonie qui vient avec le soir

    et cela suffit

    aux manières d’oiseaux,

    au chemin qui part devant soi ravir la lumière.

     

     

     

    oiseau de pluie.jpg

    Source 

      

     

    Sous le pont de Peut-être

     

     

    Peut-être écrivons-nous

    sans cesse

    une scène d’avant le déluge,

     

    ou bien un récit

    qui s’emploie nuit et jour

    à déchiffrer la source,

     

    ou bien encore une tribu de fantaisies

    à multiplier les alibis

    au creux des eaux dormantes.

     

    Peut-être écrivons-nous en goutte à goutte

    pour ne pas désespérer de trop

    la liturgie du vert.

     

    Peut-être écrivons-nous

    sous le tumulte des rivières,

    sans faire attention au niveau

    qui descend, qui descend.

     

    Peut-être écrivons-nous en polissons indignes

    pour tirer la nappe phréatique

    à la barbe des prévisionnistes.

     

    Peut-être écrivons-nous

    pour rejoindre l’exact partage des eaux

    entre l’insignifiant et le décisif.

     

     

     

    Peut-être écrivons-nous

    pour atteindre le lac

    dans sa gloire anonyme.

     

    Peut-être écrivons-nous

    pour nous désengorger,

    pour nous désaltérer,

    pour nous offrir la poire

    jusqu’à plus soif.

     

    Peut-être écrivons-nous

    pour ne plus nous baigner deux fois

    avec Héraclite

    dans le même fleuve pollué.

     

    C’est autant de raisons pour quoi

    les fronts des auteurs que nous sommes

    parfois

    ruissellent.

     

    Dominique Sorrente 

     

     

    Partage des eaux.jpg

    Source

    Le Partage des eaux

     

     

    le seuil délivre l’eau en partage le sens de belles stries j’étais ici un soir je me souviens du vent des sorties familiales du poète ses mots ceux qui allaient par barques poussant de longs bâtons dans le courant

    sortie il y a peu du roc en gouffre avide et résurgent en bascules comptables des millénaires et des fournaises nues fumées des matins neufs porte entrouverte vers midi et le soleil crissant d’oiseaux énigmatiques

    hommes qui marchent d’un pas simple qui mangent à leur table qui parlent car il faut dire les distinctions notables de la beauté des eaux en deux cours dévolus être la fonte des massifs des maquis la dilution des fugues en cascades le cours le glissando d’algues et de fraîche envie

    c’est le soleil musqué les renoncules et le doux et le frais et l’ample déraison qui s’ébrouent vivement à l’arrondi des plaines

    c’est moi c’est toi l’aube et le crépuscule l’étoile le désir bleu l’eau sans cesse issue de nous qui délivrent des maux

     

     

    Olivier Bastide

     

     

     

    >> Détour en poésie aussi ICI