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Le Scriptorium - Page 126

  • D'un printemps à l'automne

     

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    © Photo lmapix

     

     

     

     

     

     

     

    Feuille de mars…

     

     

     

      

    Feuille je suis

    Feuille je serai

            Volée par le vent à la cicatrice de l’arbre

     

     

     

     

    Platane solaire

    Figuier en larme

    Tilleul habité de tendresse vert pâle

     

     

     

    Feuille    Feu    Folie

    Ardeur à vivre jusqu’à l’extrême

    Fureur de sève à chaque nervure

    Echappée de la racine ancestrale

     

     

     

    Feuille   Yeuse   Yod originel

    Tenace et âpre

    Tu te plies à la direction soufflée par le vent

    Tu inscris ton signe dans l’espace

     

     

     

    Feuille    Œil    Oiseau  

    Vigilance c’est éveil

    Dans la verticalité qui érige un sens nouveau

    Joie plumeuse et libre

     

     

     

    Feuille je suis

    Feuille je serai

    Dans l’éclat végétal du mot

     

     

     

     

     

    Geneviève Bertrand

     

  • L'irraison d'écrire de Jean-Pierre Cramoisan

     

           Dans un paysage polissé de tous bords, l’humeur en pétard de Jean-Pierre Cramoisan est insolite, salutaire également. On n’y trouve aucune maxime pour déjouer les insomnies et les déversements de blues, aucune consolation à bon marché, pas trop de résolutions, non plus ; et pour les modes d’emploi d’envolées glorieuses, on repassera… Et pourtant, quelque chose attire l’œil, comme une manière instinctive d’attraper une baudruche, de multiplier les tours de piste, de redemander de l’assaisonnement. Le style y va sans ménagement, bizarroïde, débridé, marchant de guingois, libre avant tout de tenter ses incursions, ses bricolages de métaphysicien sur quai de gare d'après minuit. Ça éclate de tous côtés. Ça disjoncte. Ça trouble. Ça désespère proprement. Il n’y a plus alors qu’à attendre que l’apparition se produise : j’imagine l’écrivain penché comme un passe-muraille du vide, lâchant ses phrases à l’assaut du monde, tandis que ses mots n’en finissent plus de jouer à chat perché avec lui. En pleine déroute, savoir ainsi réjouir le passant-lecteur : tout un art d’écrire, en somme. Le témoignage qui suit en est la saisissante signature.

     

    Dominique Sorrente

     
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    ...Je crois vraiment que la littérature sert à défoncer les murs de la réalité et faire voler le monde en éclats. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’il y a quelque chose derrière. Et comme les choses-trappes de l’esprit m’attirent davantage dans des culs-de-sac métaphysiques que dans des grandes avenues d’insouciance soleilleuse, autant y aller de bon cœur. Je ne vois pas d’issue par le bout de la lorgnette de cette vie et encore moins dans l’autre ou dans une autre. Je quête, comme je peux, clopin-clopant, dans les petits mystères de la mort, de l’âme, du néant, ou dans les multiples états de la décomposition de Dieu, en ne me tenant à aucune rampe, mais en me servant des armes de la moquerie, de la dérision, de la distorsion du réel, de l’absurdité, du grotesque et du dérèglement généralisé de l’écriture. Chaque fois que je tente de passer à travers les choses, j’y laisse des plumes ; je me sens vacillant, trempé par l’angoisse de faire un faux-pas et de me retrouver… Où ça ? Va savoir ! J’ai l’impression d’être pris dans un millefeuille de mots. Mais lequel d’entre eux peut qualifier le désespoir et le chagrin de l’impuissance à ne jamais comprendre la Vérité ? L’histoire de tout ce fourbi est déjà écrite et je ne fais, hélas, que repasser par-dessus la couche de mes contradictions. L’écrivain est une sorte de guignon de l’absolu, un clown a qui l’on aurait troqué son nez rouge contre une trompe et ses grosses chaussures contre pas de pieds. Dire les choses, tenir le ton, rester debout pour applaudir plaisamment à toutes les inepties qui traversent la nature et le monde ; rire pour ne pas crever d’être là, tant la farce est solide, voilà ce qu’il convient d’appeler le voyage dans le réel sans boussole, à l’estime, comme jadis les navigateurs vikings quand ils lançaient leurs drakkars à la conquête des mers.

    La prochaine fois, si j’en ai la force, les moyens et surtout le courage, j’aimerais bien écrire un texte pour expliquer comment Grigri est parvenu à tuer le Temps...

     

    Jean Pierre Cramoisan

    Octobre 2009

     

     

    On peut retrouver les textes de Jean-Pierre Cramoisan dans la Revue des Archers, dont le siège est au théâtre Toursky à Marseille.

     

  • Métier difficile

     

     

    Métier difficile

                

    for Jean-Max Tixier 
     

     

     

    Le tisonnier a remis les braises vertes

    avant que nous ne soyons partis,

    quelque chose de dur et de fixe

    qui rendra le hêtre encore plus beau, plus cuivré, plus inaccessible. 
     
     
     
     

    Andrea Moorhead

    Deerfield, Massachusetts

    le 8 octobre 2009