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Le Scriptorium - Page 121

  • Laurence Verrey aux approches du Seul Geste

     


    Cela commence par des touches blanches, des vers de dix-sept syllabes aux allures de cailloux pour baliser la route, à dire le regard à peine fait sagesse :

     

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    « flacon du matin 

    jeune fille en sa chemise 

    lumière de perle » 

     


     

    Puis les Matins s’attardent sur l’écriture, la voix s’accorde à plus d’ampleur. C’est un paysage ouvert qui s’invente, un horizon qu’auraient préfacé les figures mûries d’Hölderlin et de Rilke.  Les poèmes sont temps de méditation retenue auprès de celui qui écrit et « sonde le fond des choses » avec « sa langue comme du givre rescapé/ dans l’air trop lourd ». Ils se font exercices  d’allègement et proposent une suite à traverser les forêts et les voûtes, où l’épreuve de l’Effroi et le merveilleux de l’Offrande se font face jusqu’à faire naître une belle foulée du pied dans l’herbe nue.

     

    On retrouve alors la présence originelle de la musique, si prégnante chez l’auteur du Cantique du feu, ses jaillissements d’images qui tantôt voltigent et tantôt crient, puisqu’il s’agit aussi de « lâcher les chiens de la colère dans les jambes ». La méditation alimentée par le souffle se transforme volontiers sous des accents bibliques, avec ce désir de dire dans la pulsation du temps, à proximité d’un mystère qui nous rend nomades.

     

    Dans l’antichambre des paraboles : c’est bien là que les poèmes de Laurence Verrey viennent s’aimanter, peu à peu, jusqu’à nous inviter autour de ce Seul Geste, ultime séquence de ce chemin fait de six haltes, où s’achève la dialectique du corps en ruines et sauvé, voué à l’oubli et accrochant une trace sacrée.

     

    Un itinéraire a pris forme dans les pages rares du livre, comme miroir d’une existence.

    Conduit par le lyrique aveu en faveur de « l’amour de l’été enflammé », il dit avec insistance, mais sans jamais peser :


    « j’appelle dans la foudre 

    l’instant fulgurant du poème 

    dressé sur sa mort » 

     

    C’est bien ainsi dans l’approche successive des formes, et dans la ferveur en continu de son  timbre poétique, si particulier, que Laurence Verrey dit la part sauve de notre désir de vivre, pareil à la tige aimantée qui nous ressemble. Comme l’a fort bien saisi Claire Genoux, l’écriture ici « appelle l’allégement, tout en cherchant le vertige, ce balancier du désir. »

     

    Car elle sait qu’il y a au fond de notre errance un psaume au jour le jour et toujours à reprendre. Un seul geste comme celui du « volcan insoumis » qui danse sa mutation parmi les flammes. Ce qui fait de cet ouvrage le livre le plus  dense et le plus ouvert du poète. Une somme de vie risquée, entre dessaisissement par les mots et appel à l’absolue étrangeté qui nous fonde.

     

    Dominique Sorrente

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    Un seul geste est paru aux Editions Empreintes, 2010, (www.empreintes.ch) avec une vignette originale de Louise Beetschen.

      

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     Du même auteur :

    • Chrysalide, poèmes / Ed. de l’Aire, 1982
    •  Le Cantique du Feu, poème / Ed. de l’Aire, 1986 (prix Schiller 1987)
    •  D’Outre-Nuit, poème / Ed. Empreintes, 1992
    •  Pour un visage, poèmes / Ed. de l’Aire, 2003
    •  Vous nommerez le jour, poème / Ed. Samizdat, 2005

      

     Voir aussi :

     

     

     

     

                                                                                                                 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Journée de rentrée du Scriptorium

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    LE SCRIPTORIUM

    tiendra son Assemblée générale ordinaire

     le dimanche 12 septembre 2010  à 10H00 

     à la terrasse du Petit Pavillon des Bains de mers,

    

    54, Corniche J. Kennedy,

    13007 Marseille

     

    *

    L'assemblée générale sera suivie d'un pique-nique tiré du sac au jardin de la Rade et, à partir de 14H00, de l'intervalle d'été sur le thème "De l'air"  (air du large, air de rien, air du temps...). Apportez votre bonne humeur et vos textes à partager pour ouvrir l'année sous le signe des Éléments !

    À bientôt en amitié poétique,

    L'équipe du Scriptorium

     

    _________________________________

    Renseignements à l'adresse du Scriptorium : poesiescriptorium13@gmail.com

    Tel. 06 50 91 26 17

     

     

     

     

     

     

     

  • Portrait de groupe en poésie, Traces.

    Sur le très beau site de Terres de Femmes :

     

    HISSEZ HAUT


        Il y avait déjà, pour les amoureux du septième art, Gruppo di famiglia in un interno et Portrait de groupe avec dame (Gruppenbild mit Dame). Il existait également quelques célèbres portraits d'artiste. En jeune ho
    mme, en saltimbanque, en jeune chien et en motocycliste. Il manquait à cette chatoyante composition d'œuvres cinématographiques, littéraires et artistiques, une mosaïque particulière façonnée par les mots et par le souffle du verbe. 

        Réalisé par Valérie Brantôme et paru en février 2010 aux éditions BoD, Portrait de groupe en poésie vient compléter par une palette poétique originale et typée, le paysage déjà très riche du « portrait de groupe ». À la fois mémoire d'expériences partagées au cœur des mots, anthologie poétique et réflexions ouvertes sur le futur, le livre du Scriptorium retrace l'aventure vitale-viscérale et enthousiaste de ses membres et partenaires. Une aventure de dix ans d'âge que ce galion poétique, Le Scriptorium Marseille, fondé en 1999 par Dominique Sorrente, poète et grand timonier. Dix années se sont en effet écoulées depuis le lancement de l'association du « Scriptorium » jusqu'à ce printemps 2010. Dix années qui ont été marquées par la saisie au fil des mois de « coïncidences » propices à l'inventivité. Individuelle et collective. Et à la « poésie vécue ensemble ». Intervalles, Caravane, Transcontinentale, Poésie chorus, Jumelages (dont celui tout récent avec nos amis de Pistoia), Chapitres, sont autant de cairns qui ont jalonné le parcours pluriel du Scriptorium, depuis ses origines. 

        Il fallait bien marquer d'une balise particulière cette date-charnière du Scriptorium. Le Scriptorium vient de fêter ses dix ans. Il fallait marquer d'un sémaphore plus lumineux encore dans le paysage poétique phocéen, cette épopée humaine de la parole et de l'écriture qu'est l'expérience vécue par le Scriptorium, au cours de la décennie 1999-2010. 

    « Je tiens pour vrai ce voyage du poème
        et toutes les errances les routes
        où je marche avec lui »

    écrit Laurence Verrey dans le poème intitulé « Je tiens pour vrai ». 

        La genèse de cette « traversée insolite » du temps, sa raison d'être, la philosophie sur laquelle elle repose, sont évoquées à différentes reprises par Dominique Sorrente dans Portrait de groupe en poésie. Dans « Parole première », texte fondateur, le poète invite chacun des scripteurs à se mettre à l'épreuve du langage de l'autre. Dans son avant-propos, en même temps qu'il réaffirme avec ferveur la nécessité « d'assouplir les ego pour les orienter vers plus qu'eux-mêmes dans une démarche où le collectif redevient possible », Dominique Sorrente dit sa passion pour une poésie « hors les murs qui remue au-dedans et déborde d'une frontière à l'autre ». Et si la Méditerranée et Marseille sont le point de départ de cette passion, son port d'attache, le poète n'en affirme pas moins le désir résolu de contribuer à bâtir l'Europe. Et peut-être, au-delà, avec les moyens modestes de la poésie, le monde. Car la poésie est de « tous lieux, de toutes mers ». Et Marseille, comme le disait le poète Saint-Pol Roux, est «  sœur du monde entier ».

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