UA-156555446-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Scriptorium - Page 119

  • Les doigtés de feu et d'absence de Jean-Yves VALLAT

          

     

    JY Vallat.jpeg 

    « Je n’augmente rien 

    Je n’argumente pas 

    Je répète le peu de mots que je sais. » 

     

              

     

     

    Ainsi parle Jean-Yves Vallat, tout au bout du tracé qu’il emprunte sous le signe d’un apparent paradoxe, celui de l’Endurance du Météore (MLD, 2010).

     

    C’est que la démarche ici n’est pas celle des fulgurants, non plus celle des immobiles.

      

    Elle se situe dans un espace d’humanité, un entre-deux de l’existence, qui a les lèvres « effleurées par l’abîme » et qui sait en même temps voir « au bord du ciel bleu » comment « persiste l’avenir pour un enfant calme / aux mains d’herbes et de bois ».

     

    Espace douloureux, auquel le poète ne consent pas facilement, mais où il nous entraîne, à pas fermes, mesurés, anxieux mais résolus, avec une forme d’âpre fidélité au seuil de la nuit.

     

    Ce qui nous émeut chez Jean-Yves Vallat, c’est bien cette insistance  à  tenter une parole juste « à condition d’habiter les arbres », condition éthique autant que formelle qui se retrouve d’une page à l’autre. La figure de la mort y trouve une place centrale, avec une façon personnelle de laisser entendre, selon la belle formule de Mérédith Le Dez à qui l’on doit la préface,  « un chant psalmodié dans l’obscurité ».

     

     

    Une belle voix grave parcourt ce temps qui se sait à l’oubli, le vit déjà par anticipation, ramassant les témoins de la finitude pour nourrir le feu. « Mon absence est un préau où le vent se rassemble avec des feuilles de passage. », prévient le poète qui s’éloigne avec les images du temps, offrant ses lectures d’horizon ou ses carnets de «  l’herbe ardente, quand tu seras sous la neige ».

     

    À quoi bon persister en écriture si « rien ne s’ajoute au poème sauf le silence qu’il donne » ? Pour ce silence-là, justement, silence obtenu, partagé, apprivoisé comme cette porte derrière laquelle veillerait une voix », semble répondre Jean-Yves Vallat. Par le travail des "Cendres", et puisque « Les arbres ont un regard », il nous appartient d’entrer dans cet enclos. Peut-être pour ce rare instant d’un dimanche de lumière,  à la dernière page du livre,  où règne le verger dans un regard d’enfant « auprès d’un petit pommier d’un an ».

     

    Oui, « Le météore n’explique pas le ciel

    il le nomme ».

     

    Il n‘en a jamais fini de tenter de le nommer.

     

     

                                                                           Dominique Sorrente

     

     

     

     

    Endurance du météore.jpeg  Endurance du Météore est paru aux éditions MLD, 2010

     (http://editions-mld.com/)

     

     Un extrait et notice biographique de l'auteur ICI

     

     

     

     

     

    Du même auteur :

    • Cendres, éditions de l’Envol, 1997, prix Yvan Goll
    • Les arbres ont un regard, Le Nouvel Athanor, 2009

     

     

     

     

     

  • Laurence Verrey aux approches du Seul Geste

     


    Cela commence par des touches blanches, des vers de dix-sept syllabes aux allures de cailloux pour baliser la route, à dire le regard à peine fait sagesse :

     

    LVerrey-giv.jpg


    « flacon du matin 

    jeune fille en sa chemise 

    lumière de perle » 

     


     

    Puis les Matins s’attardent sur l’écriture, la voix s’accorde à plus d’ampleur. C’est un paysage ouvert qui s’invente, un horizon qu’auraient préfacé les figures mûries d’Hölderlin et de Rilke.  Les poèmes sont temps de méditation retenue auprès de celui qui écrit et « sonde le fond des choses » avec « sa langue comme du givre rescapé/ dans l’air trop lourd ». Ils se font exercices  d’allègement et proposent une suite à traverser les forêts et les voûtes, où l’épreuve de l’Effroi et le merveilleux de l’Offrande se font face jusqu’à faire naître une belle foulée du pied dans l’herbe nue.

     

    On retrouve alors la présence originelle de la musique, si prégnante chez l’auteur du Cantique du feu, ses jaillissements d’images qui tantôt voltigent et tantôt crient, puisqu’il s’agit aussi de « lâcher les chiens de la colère dans les jambes ». La méditation alimentée par le souffle se transforme volontiers sous des accents bibliques, avec ce désir de dire dans la pulsation du temps, à proximité d’un mystère qui nous rend nomades.

     

    Dans l’antichambre des paraboles : c’est bien là que les poèmes de Laurence Verrey viennent s’aimanter, peu à peu, jusqu’à nous inviter autour de ce Seul Geste, ultime séquence de ce chemin fait de six haltes, où s’achève la dialectique du corps en ruines et sauvé, voué à l’oubli et accrochant une trace sacrée.

     

    Un itinéraire a pris forme dans les pages rares du livre, comme miroir d’une existence.

    Conduit par le lyrique aveu en faveur de « l’amour de l’été enflammé », il dit avec insistance, mais sans jamais peser :


    « j’appelle dans la foudre 

    l’instant fulgurant du poème 

    dressé sur sa mort » 

     

    C’est bien ainsi dans l’approche successive des formes, et dans la ferveur en continu de son  timbre poétique, si particulier, que Laurence Verrey dit la part sauve de notre désir de vivre, pareil à la tige aimantée qui nous ressemble. Comme l’a fort bien saisi Claire Genoux, l’écriture ici « appelle l’allégement, tout en cherchant le vertige, ce balancier du désir. »

     

    Car elle sait qu’il y a au fond de notre errance un psaume au jour le jour et toujours à reprendre. Un seul geste comme celui du « volcan insoumis » qui danse sa mutation parmi les flammes. Ce qui fait de cet ouvrage le livre le plus  dense et le plus ouvert du poète. Une somme de vie risquée, entre dessaisissement par les mots et appel à l’absolue étrangeté qui nous fonde.

     

    Dominique Sorrente

    couv_Un-seul-geste_LV.jpg

     


    Un seul geste est paru aux Editions Empreintes, 2010, (www.empreintes.ch) avec une vignette originale de Louise Beetschen.

      

    ______________________________________________

     Du même auteur :

    • Chrysalide, poèmes / Ed. de l’Aire, 1982
    •  Le Cantique du Feu, poème / Ed. de l’Aire, 1986 (prix Schiller 1987)
    •  D’Outre-Nuit, poème / Ed. Empreintes, 1992
    •  Pour un visage, poèmes / Ed. de l’Aire, 2003
    •  Vous nommerez le jour, poème / Ed. Samizdat, 2005

      

     Voir aussi :

     

     

     

     

                                                                                                                 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Journée de rentrée du Scriptorium

    AG sept 2010.jpg

     

     logo Script.jpg

    LE SCRIPTORIUM

    tiendra son Assemblée générale ordinaire

     le dimanche 12 septembre 2010  à 10H00 

     à la terrasse du Petit Pavillon des Bains de mers,

    

    54, Corniche J. Kennedy,

    13007 Marseille

     

    *

    L'assemblée générale sera suivie d'un pique-nique tiré du sac au jardin de la Rade et, à partir de 14H00, de l'intervalle d'été sur le thème "De l'air"  (air du large, air de rien, air du temps...). Apportez votre bonne humeur et vos textes à partager pour ouvrir l'année sous le signe des Éléments !

    À bientôt en amitié poétique,

    L'équipe du Scriptorium

     

    _________________________________

    Renseignements à l'adresse du Scriptorium : poesiescriptorium13@gmail.com

    Tel. 06 50 91 26 17