Samedi 16 décembre 2017
Se tenait à Allauch le dernier intervalle poétique de l'année…
Veillée entre neige et feu !
Dog Star Man © Stan Brakhage (1961-1964)
« Mais à gauche, au-dessus de l’horizon,
Mêlé à la cime des chênes,
Il y avait un amas d’étoiles rougeoyantes
Comme un brasier, d’où montait même une fumée. »
Yves Bonnefoy, Début et fin de la neige
« Et je dirai -le vent est frais,
Le ciel brûle d'étoiles »
Marina Tsvetaieva, Le ciel brûle
Une bien belle assemblée s’était réunie chez Bruno Pellegrini pour cette dernière soirée poétique qui déjà brûlait les derniers feux de 2017 et attisait la flamme de l’année 2018 à venir… Vingt et une personnes pour seulement deux excusés du voisinage et des signaux d'outre-Rhin et de Suisse! La soirée s’annonçait chaleureusement longue et joyeusement enflammée.
Avant d’ouvrir les hostilités festives, et certainement pas l’inverse, Dominique Sorrente en qualité de président... présidait en rappelant brièvement le fonctionnement du Scriptorium, les possibles implications de chacun dans les projets actuel ou futur, ainsi que les précédents épisodes ayant eu lieu depuis le mois de septembre (voir comptes-rendus sur le blog: 12 septembre / 21 octobre / 18 novembre).
Il rappelait ensuite à l’assemblée attentive des scripteurs les prochaines étapes de 2018 jusqu’à la trêve estivale : Un double intervalle chandeleur « Place Net pour la poésie » et « Le poème dans un état critique » se tiendra le 10 février ; puis le 10 mars ouvrira le Printemps des Poètes autour du thème « L’ardeur poétique » ; le 21 avril (cette année à Saint Gens, 84) se déroulera la traditionnelle et très prisée Caravane poétique, en partenariat avec Pierre sèche en Vaucluse, dans le cadre du festival Trace de Poète, il aura pour thème « Dialogue entre l’eau et la terre » ; le 02 juin, une escapade poétique est à prévoir du côté de Robion (84) ; et enfin pour terminer en beauté, sera jouée la célébrissime sieste poétique, au début de l'été (date à confirmer) au nom comme un titre de film« Et au milieu sieste une rivière ». Lieu encore tenu secret… ou, si vous préférez, à déterminer… Toutes les idées étant bien sûr les bienvenues !
Isabelle Alentour de rajouter et de nous convier à un événement poétique non négligeable, ami et voisin, Le 3e Cabaret Poétique, organisé chaque année début février dans le Lubéron par la Boucherie littéraire ("Poésie nomade en Luberon"). Il devrait se dérouler les 16 et 17 février au Château de la Tour d’Aigues. Nous en reparlerons…
Voilà qui était dit. Voilà qui était à faire.
Après quelques discussions à bâtons rompus sur ces grandes questions littéraires : Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? (Pierre Bayard, éd. De Minuit) … Ou encore, comment ne pas reconnaître un prix Nobel en lisant les cinquante premières pages de son livre ? (Le Palace - sur l’Affaire Claude Simon)… il était plus que temps de passer du chaud au froid et vice versa, entre neige et feu, scintillements et autres étincelles poétiques… « Allumer le feu » pour faire briller dans nos pupilles et exploser à nos tympans mille flocons d’hiver naissant. Quelques voix nouvelles s’étaient pour l’occasion joyeusement mêlées aux voix rompues à la discipline, passant sans frontière de la poésie susurrée, déclamée, au chant, questionnements et autres judicieuses devinettes…
Pour une soirée se côtoyaient en connivence neige/feu les écrits de Shakespeare, Marina Tsvetaeva, Nicolas Rouzet, Dominique Sorrente, Friedrich Nietzsche Jacques Roubaud, Jack London, Lou Raoul Annette Luciani, Lili Frikh, Yves Bonnefoy, quelques jolis hors pistes comme Françoise Héritier ou Lewis Carroll, et quelques autres allumés…
« la neige aussi. Elle donne le droit
de traverser le champ,
parce qu’elle a recouvert
les territoires et les limites,
et qu’on marche d’un pas appliqué
sans blesser les pousses. »
Dominique Sorrente, Les gens comme ça va (Cheyne, 2017)
Une veillée poétique des plus lumineuses qui clôturait cette année 2017 par un rappel, en ces temps obscurs, de l’absolue nécessité de se rassembler envers et contre tout, d’échanger, palabrer sur la vie le monde et l’éphémère dans la chaleur et la fraternité.
Nous vous donnons à présent rendez-vous en 2018 pour la suite des poétiques aventures du Scriptorium !
« … tandis que d’autres ont divers mots pour la neige de Laponie et c’est muotta la neige en général et vacca, la nouvelle neige et abbas, la neige non piétinée celle que préfèrent les rennes et ciegar, la neige piétinée et saenas, la neige granuleuse et facile à gratter et skar’ta, la neige gelée en fines couches et cuono, la neige gelée en couches épaisses et caer’ga la neige gelée en plaque et jassa la neige gelée en plaque isolée l’été et sievla la neige mêlée d’eau qui prend la marche pénible au printemps, disent-ils et la peau comme neige qui fond des mains de ta mère… »
Lou Raoul, Sven (Gros Textes, 2011)
« Et maintenant
Allons contempler la neige
Jusqu’à tomber d’épuisement »
Matsuo Basho
Dog Star Man © Stan Brakhage (1961-1964)
« Et laisse,
Laisse flamber la neige »
Annette Luciani, Si le feu même
(Terres de femmes, éd. des Lisières, 2017)
Emmanuelle Sarrouy
et les poètes du Scriptorium