26 octobre 2014
Passage à l’heure d’hiver
Ce matin, à huit heures, il était sept heures.
Mon réveil a fait comme si de rien n’était.
Le soleil voilé semblait freiner la sortie des draps du dormeur.
Au café, j’ai salué la nouvelle
de l’heure qui fait du sur-place
en arrêtant de respirer.
On dit que c’est une mesure pour économiser l’électricité
depuis la crise du pétrole dont personne ne se souvient plus.
On dit beaucoup de choses, mais la crise s’est tellement allongée,
les mesures se sont tellement multipliées
qu’on n’écoute plus rien,
seulement le bruit et le vide étrange de l’instant
quand il est sept heures à huit heures,
comme parfois midi à quatorze heures.
Et on appelle ça remettre les pendules à l’heure.
Il y aurait un suspens de souffle,
comme l’enseigne le maître secret.
Chacun des habitants en profiterait
pour s’exercer
au rétropédalage du temps.
Dominique Sorrente
photos D.S.
10:25 Publié dans Le sens de l'humeur | Lien permanent | Commentaires (1)
08 septembre 2011
Au Comptoir des poètes
AU COMPTOIR DES POÈTES, CES QUELQUES MOTS DE BIENVENUE …
La poésie ne gouverne rien, c’est bien connu, elle a son énergie d’imaginaire, ses vides et ses débordements, mais surtout son désir fervent d’intensifier le rapport qui nous relie au monde.
À chaque instant, elle s’emploie à partir dans le langage à la rencontre du réel qui se dérobe. La tâche est ainsi toujours à reprendre dans un contexte de société qui étend l’illusion du prévisible dans des systèmes clos. Mais ce temps immédiat est sans trame ni épaisseur ni point de fuite, il appelle de fait un autre regard, d’autres façons de vivre ensemble.
Le Scriptorium est un de ces espaces de vie minuscule qui croit aux cailloux blancs et noirs du poème, comme une façon possible, si infime soit-elle, de lever à plusieurs voix un chant inattendu et fervent dans le monde contemporain. Dans sa progression en constante métamorphose, il tente des formes variées de rencontres qui ont pris les noms étranges d’Intervalles, de Caravane poétique, de Jumelage, d’Instant Bateau Ivre, de Transcontinentale, avec toujours la même instinctive recherche : stimuler des temps de « raison ardente » avec le pouvoir régénérateur des mots comme medium entre les instants. D’un bord à l’autre du monde fait parole.
Aujourd’hui, il invite à une nouvelle escale : le Comptoir des Poètes.
La modalité proposée ici est d’établir un comptoir de parole créatrice en territoire public. La poésie, dans ses multiples variations, y offrira son goût d’étrangeté, ses denrées rares de mots qui remuent, déconcertent, son art du troc des phrases pour mieux tenir l’échange des émotions. Comptoir heureux et provisoire en terre étrangère du langage.
Et vous vous retrouverez sans nul doute, accoudés à votre tour à cet autre comptoir, entre brèves et lenteurs, carafes et ballons, selon la circonstance, qui vous attend, la soif aux lèvres. Parce que parler en poésie a toujours un goût de « vie interprétée » et qu’il nous plaît de croire à nos utopies actives, irréductibles, toujours en attente de lumineuses coïncidences.
Mots roulant sur le zinc, mots revenus de songes lointains, chacun choisira sa fortune, son humeur du jour ou de la nuit. Voilà le nouveau pari du Scriptorium dans son existence nomade.
Sans compter le plaisir de vous retrouver, en voyageurs de l’immobile, prêts à allumer vos salves d’étonnement.
Dominique Sorrente
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1er RdV: samedi 17 septembre 2011 - 16h00 - Marseille 7e, Maison des Jeux des Catalans (voir ICI )
09:30 Publié dans Le sens de l'humeur | Lien permanent | Commentaires (0)
22 décembre 2010
Sous la déferlante des voeux...
QUELQUES SOUHAITS À MINUIT PILE
pour ouvrir l’année 2011
Sous la déferlante des vœux,
je vous souhaite
la liesse de la bulle,
la grandeur d’âme de la goutte d’eau,
les honneurs rendus à la flamme
pour l’ensemble de son œuvre,
le beau geste et l’instant décisif
d’une page de vent à l’écriture sympathique,
je vous souhaite aussi
des histoires fabuleuses de limaces
qui laisseront des traces après l’oubli,
un oiseau de toutes couleurs à ne plus avoir peur du noir,
des adieux
en forme d’antichambres de vie,
je vous souhaite de rencontrer
le souffle épique du papillon, la bonhomie cajolante du gouffre,
je vous souhaite des rires d’enfants si purs
que les ennemis ne pourront les atteindre,
une mélodie de pierres à feu
à offrir au chant fatigué de la terre,
je vous souhaite d’heureux midis
à loger la part nécessaire de l’ombre,
je vous souhaite des tournesols cherchant leur astre, toute la nuit,
et encore des danses qui virevoltent sous terre
à la bonne fortune du pot,
et des pensées d’amour qui auront si bon dos
qu’il leur poussera des ailes,
je vous souhaite de tendre l’arc en ciel
en plein milieu de la saison des pluies,
mais par dessus tout, je vous souhaite
de faire de votre rêve
le vrai héros irréprochable
qui vous tiendra compagnie, jours fériés
et même jours ouvrables.
Dominique Sorrente
00:00 Publié dans Le sens de l'humeur | Lien permanent | Commentaires (5)