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Le Scriptorium - Page 105

  • Poèmes des Commencements (I) ~ Amin Khan

     

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    Tu me tardes

    chute étincelante

     

    poumons ouverts

    au murmure des étoiles devineuses

     

    salut au poignard

    à ta hanche blanche et lasse

     

    tu me dardes

    mauvaise et nonchalante chance

     

     *

     

    Pitié pour la bête

    Percée de pure chaleur

     

    pour l’Arabe errant

    pleurant dans tes cheveux

     

    pitié pour le marcheur

    sans la source ni l’adieu

     

    l’éternel poursuivant

    de la poussière et du sel

     

    pitié pour l’homme nu

    l’abandonnée sentinelle … 

     

     

    Amin Khan Arabian Blues

    Éditions MLD, 2011

  • Du Scriptorium à Podio, paroles en écho

     

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     © Photo Bernard Meyran

     


                                   AUX COMMENCEMENTS PARLAIT PODIO


    Tout ce qui arrive est toujours un commencement, écrit Rainer Maria Rilke. C’est dans ce temps de l’ouvert, plaisir et risque, modulation et stridence, que ce 18 février, le Scriptorium a convié le public à rencontrer quatre poètes de l’association Podio venus de Grasse et ses alentours. Fidèle à sa formule, le Comptoir des poètes proposa le bel échange des voix, dans le parti-pris de ne pas gloser, mais de tenter des résonances.  C’est ainsi que successivement  la parole fut donnée à Daniel Schmitt, Yves Ughes, Alain Freixe, et  Brigitte Broc pour donner à entendre un peu du parcours de chacun,  en sa tonalité particulière. Au voisinage de la chanson, le goût d’enfance sur les lèvres, Daniel Schmitt comme une évidence des mots tendres et joueurs. L’emprise du tumulte des légendes urbaines pour Yves Ughes dans sa Décapole aventureuse. La vigilance solaire des empreintes et le questionnement insistant dans les ramas d’Alain Freixe. Le par cœur des rivières données en partage par Brigitte Broc. Quatre façons d’entreprendre la « défense et illustration de la poésie » à Vence, Nice, Cannes et à l’entour.

     

    Une deuxième tournée était alors proposée par les scripteurs présents ou les poèmes, intercesseurs des absents. On entendit ainsi Angèle Paoli, Nicolas Rouzet, Patrick Druinot, André Ughetto, Leonor Gnos, Valérie Brantôme, et encore des extraits du fertile Chant déraisonnable de Martial Teboul ou le saisissant Arabian Blues de Amin Khan*,  autant de formes de commencements à saisir comme des occasions inespérées. De fulgurantes brèves de comptoir, en somme…

     

    Aux poètes invités revenait le plaisir d’un contre-écho, comme la reprise des sillons après les échappées des scripteurs. Un troisième mouvement allegro ma non troppo, de quoi fixer à nouveau l’attention et nous laisser surprendre. Près de deux heures avaient passé quand le signal de la dispersion fut donné.

     

    salle_angèle.jpgCurieux sentiment que procurent ces confluences de mots, si rares, si insaisissables comme seul les transforme le mode opératoire de la poésie. Dont on ne sait pas dire grand-chose, et qui pourtant témoignent d’une accroche intime exposée à l’oreille comme un secret public. À l’image d’une salve de commencements toujours à réinventer.

    Le nombreux public qui avait répondu présent en ce samedi soir de février à la salle Tempo de la rue Sylvabelle à Marseille ne s’y est pas trompé. De Podio au Scriptorium, ils ont pu rêver à une nouvelle tâche à accomplir : relier les comptoirs de la poésie dans la promesse d’un paysage commun, et d’abord sur ce littoral méditerranéen. Et faire la part belle à cette minuscule communauté de destin des introuvables.


    Dominique Sorrente



     .........Textes et extraits à suivre.....  Album-Photo de la rencontre ICI ....



  • Aux quatorze foudres du jour

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    © Photo Boris Pasmonkov

     

     

     

    C’est ainsi que je te voulais

    sur le grand lit écartelée

    et toute pudeur en allée

     

    Je t’ai connue tulipe close

    puis un vent noir nous emporta

    vers de pourpres jardins aux roses

    où tu naquis entre des draps

     

    Souveraine et impénitente

    nue mais plus nue de le savoir

    pour les solennelles ententes

    de nos nuits comme des mouroirs

     

    C’est ainsi que je t’ai volée

    sur le grand lit écartelée

    et toute pudeur en allée

     

    * * *


    Tu es l’odeur d’une fourrure

    du pétrole bleu dans le port

     

    Tous les vents à leur encolure

    le sel et les sables d’Armor

     

    tu es l’oubli d’une coiffure

    la silhouette d’un décor

     

    Le jeu d’une tendre torture

    où le tricheur est le plus fort

     

    Tu es l’invisible fêlure

    du géomètre de la mort

     

    * * *

     

    Fille de Dundee

    qui me sers le thé

    tu es du pays

    des châteaux hantés

     


    Redis-moi redis-moi encore

    cette légende de linceul

    fantômes de Glamis Castle

    et tous les comtes de Strathmore

    qui tremblent d’avoir un secret

    lorsque la mort vient les sacrer

    insoupçonnable vagabonde

    dans ce château le plus hanté

       du monde

     

     

    Fille de Dundee

    en naïveté

    tu es du pays

    des temps arrêtés

     


    Tes histoires sont comme une vieille chanson

    et j’aime dans tes yeux ces ombres de frisson.

     

     

    Louis Calaferte,

    extrait de Londoniennes [Rag-time, Poésie/Gallimard, 2002]