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Le Scriptorium - Page 104

  • Poèmes des Commencements (IV)~ Daniel Schmitt

    Entre l’Enfance et la Vieillesse


     

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      © Photo Boris Pasmonkov


     


     

    Entre l’Enfance et la Vieillesse

    J’ai toute ma vie balancé

    Je n’ai pas connu la jeunesse

    Balle au bond sur la vie lancée

     


     

    Je n’ai pas connu l’âge adulte

    J’ai fait semblant j’ai composé

    Savez-vous ce qui en résulte ?

    J’ai tout le monde abusé

     

     

    Je n’ai pas connu l’âge mûr

    L’Autorité, la sûreté

    Je n’ai rencontré que des murs

    Auxquels je me suis heurté

      

     

    Entre l’Enfance et la Vieillesse

    Toute la vie m’en suis conté

    Je vous en fais la confidence

    À présent que le temps m’est compté.

     


     

    Daniel Schmitt

    (Le Besace à Poëmes N° 62)

     


  • Poèmes des Commencements (III) ~ Gérard Boudes


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    Au commencement était le con

     

      


    Au commencement il y a eu, il faut bien le dire 

    un con, 

    qui a mangé ce qu’il ne fallait pas. 

    Depuis, nous sommes sur terre.

     

    Mais après Adam, il y eut Albert, sa tignasse, sa relativité

    et autres choses encore. 

    Et Albert a dit : si les abeilles disparaissent, les hommes n’auront plus que 

    quatre ou cinq ans à vivre.

     

    Que dire, si nous remplaçons  le mot abeille, par con.

    Si les cons disparaissaient,

    ça pourrait aller mal pour l’homme.

    Tout serait si parfait,

     que l’on pourrait se croire revenu au Jardin d’Eden,

     quand tout a commencé.

     Mais là, y aurait-il du rire ?

    Le propre de l’homme aurait disparu !


     Tout serait donc à refaire.



    Gérard Boudes


  • Poèmes des Commencements (II) ~ Angèle Paoli

     

     

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    Au commencement    il y a

    le silence       lettre muette

    dans la nuit qui engendre les rêves

    vagues de mots qui roulent leurs volutes

    sans fin    ni commencement 

     

    elle voit des cadratins à demi-mots

    ferrés à gauche ferrés à droite

    il faudrait avoir le courage

     

    de se lever    mettre la main

    au clavier   prendre des notes

     

    demain il sera tard

    elle se rendort sur sa pelote

    laisse les fils se débrouiller

    dans son sommeil

     

    Au commencement     il y a un rêve     

    rêve de chaleur nonchalante

    veillées festives sous le tilleul

    et les jeux des enfants

    leurs rires en étoiles

    pépites de bonheur cueillies

    au creux des mains

     

    S'en vient l'éveil   brumeux et lent

    s'envolute et s'enroule

    une journée d'hiver affleure

    glisse ses ondes sous le sommeil

     

    les rugosités surgissent âpres

    exigeantes sous la peau

    bûches à rentrer avant la neige

    ses longues heures de silence

    immobile dans le ciel blanc

     

     

    De quels commencements suis-je faite

    chevauchements d'écailles

    chevillées du jour à la nuit

    et de la nuit au jour

    par quels commencements

    ouvrir la marche

     

    de l'ailleurs et

    du temps ?

     

    Par les montagnes sans mémoire

    à travers ciels sans limites

    et souvenirs sans âge

     visages sans regards

    horizons sans nuages

    routes et sentes

    sans feu ni fin

     

    ou bien

     

    reprendre la page     blanche et lisse

    écrire la lumière pâle qui perce

    à travers volets et lucarnes

    se contenter de l'enchevêtrement

    intime de la nuit avec le jour

    dans la chaleur douillette de la chambre

    au creux des livres qui sommeillent

    ouvrir celui-ci ou celui-là plutôt

    s'engager sur la voie des possibles

     

    attendre que vienne le désir

     

     

    Et si commencement et fin

    n'étaient qu'un même entrelacement

    de mailles     l'une à l'autre tissées

     

    réseau serré de points

    un à l'envers un à l'endroit

     

    qui démêlera les feuilles

    soudées

    de demain et d'hier

    mille commencements identiques

    étroitement serrés dans la régularité

    des formes

    imbriqués l'un dans l'autre

    fil de tête et fil de fin.

     


    Angèle Paoli (inédit)