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Le Scriptorium - Page 87

  • QUAND AVRIL SURGIT...et autres voeux mensualisés de Jacques Ferlay

     

     

                          On n’attend guère de 14

     

                                    et on a bien tort

     

     

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     Janvier nous revient

    il se présente à souhait

    pour tisser des vœux

    Pour nous fils de Pénélope

    l’espérance est un métier

     

    Février qui boîte

    blanchit aux ultimes neiges

    l’argent sale des nuits

    et veut ses trente et un jours

    pour l’égalité des chances

     

    Mars va-t-en guerre

    Cent quatre vingt dix états

    offrent un grand choix

    On est toujours Roi Soleil

    quand le peuple est au combat

     

     

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    Quand Avril surgit

    le printemps est sur écoute

    les prairies en fleur

    s’égosillent de bonheur

    C’est si bon d’être entendu

     

    Le mois des maris

    c’est le tendre mois de Mai

    D’un brin de muguet

    il efface tant d’oublis

    que l’amour est comme neuf

     

    Sur les champs de blé

    le soleil a fait ses cuivres

    Serait-ce l’été ?

    Juin s’amuse sur la plage

    encor vide d’ouvriers

     

    Juillet est bien seul

    au souvenir de quatorze

    et pour fêter ça

    il allume ses lampions

    pour danser la carmagnole

     

    Sous le soleil d’Août

    mûrissent les raisins lourds

    et les plans sociaux

    les enfants font des châteaux

    et la Bourse des ponts d’or

     

    Septembre s’éveille

    sous son feuillage ébloui

    La vigne nourrit

    le vin puissant qui fermente

    ocelot prêt à bondir

     

    Octobre au tableau

    écrit sur les matins sombres

    les mots de l’espoir

    Un parfum de marrons chauds

    raccompagne les enfants

     

    Novembre 14

    chrysanthèmes tricolores

    flonflons de discours

    tout est prêt pour le grand show

    Mais quel est notre drapeau ?

     

    Heureux qu’en Décembre

    lançant ses drones de neige

    la paix de Noël

    ramène un peu d’innocence

    chez nous qui n’en avons guère

     

     

                                        Jacques FERLAY

     

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  • Il neige sur Bruxelles...(poème résolument hors de saison)


    podcast

      extrait d'Il y a de l'innocence dans l'air (à paraître en juin 2014 aux éditions de l'Arbre à paroles)

     

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  • VIVRE TOUT HAUT, AINSI PARLAIT GEORGES LAURIS (1923-2014)

     

     

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    « Vignes de mon pays. En marée basse hivernale. Muettes mais mélodieuses, soumises à l’alternance des saisons. Crucifiées puis opulentes. Vaste vitrail où je lisais, enfant, l’écriture appliquée ou la partition musicale. S’élevait un plain-chant païen, une ode géorgique. Un hommage au dieu Pan. Plus tard, le vignoble me référait à la fête enjouée des vendanges. À la table enfin : le vin, ferment mystique de volupté et de convivialité.

    Vignes : vaste poème de tendresse déchirée. À la saison hivernale. Ou biblique….

    Sentiers de mon pays. De la dynastie des humbles : vignes ou chèvres. Ils m’ont appris une science secrète : la flânerie, le désœuvrement fécond. C’étaient des fils d’Ariane pour mes rêves d’enfant. les couchers du soleil, enfin. Je savourais le goutte à goutte de la mélancolie… »

    Georges Lauris est décédé à Marseille le 4 mars 2014 dans sa quatre-vingt dixième année. Il était né dans le Haut-Languedoc le 19 mars 1923 sous le patronyme de Georges Durand. Entré dans l’Ordre des Dominicains en octobre 1943, un temps prieur au Couvent de Marseille, il devint un conférencier et prédicateur remarquable que nombre de Marseillais ont eu l’occasion d’écouter. Sa voix était assurée mais toujours impétueuse, avec les accents tremblants d’une jeunesse en quête d’évidence nue.

    Il avait noué des amitiés avec Paul Claudel, Jean Giono, Bernard Buffet qui l’avaient conduit dans les années 70 à écrire sous le nom de plume de Georges Lauris. Son œuvre poétique a été recueillie dans un volume publié par le Cerf. Il a reçu le Prix de l’Académie française en 1991. Il revendiquait une quête mystique ne perdant jamais le goût du sensible, une façon résolument solaire de se tenir droit et debout.

    Situant sa démarche d’écriture au cœur de la traversée de foi, en ce qu’elle a de plus exaltante, de plus obstinée, mais aussi de plus démunie, il affirmait :  «  Rimbaud, le pionnier de la Poésie moderne, et auquel m’a initié Claudel, se voulait opéra fabuleux. J’ai quant à moi, laissé agir cette pulsion cosmique puis grâce à l’Evangile, j’ai essayé mes ailes dans le vol nuptial mystique ».

     Et il poursuivait : « Oui le fonde des choses est blanc (Y.Ritzos). Malgré l’opacité et la nocturnité de l’être.

    Oui, je m’intéresse aux maudits. Je les nomme : Villon, Rimbaud, Baudelaire, Jean Genêt, Saude…Non point par masochisme, mais parce qu’à leur insu, ils montent la garde comme des sphynx- à la porte du Mystère noir. À leur insu, ils habitent la sueur de sang qui recouvrit le Christ des Oliviers… »

    Il y a quelque temps, Georges Lauris nous confiait les trois piliers de sa voûte étoilée : dévoilement, épanchement, cohérence. Nous emportons avec nous ce triptyque, mais aussi la voix chaleureuse qui savait redire pour défier la tiédeur ambiante l’abomination  du massacre d’Oradour-sur-Glane et la tendresse infinie pour les dons sans calcul de Marie-Madeleine. Georges Lauris nous offre ce geste d’un homme, devenu un grand pauvre par consentement, portant au-delà de l’âge la présence de celle qui le fit naître. 

    CINÉRAIRE

     À celle

    qui se tient debout

    derrière la fenêtre

    et qui essuiera la vitre

    derrière ta mort

    juste le temps

    que je vienne

    comme autrefois

    de l’école ou du

    catéchisme

     

    à celle

    qui a reçu les clefs de la vie

    elle a ouvert mes yeux

    et nul ne les fermera

    jamais

     

    elle est, elle vient

    comme un oiseau de neige

    picorer dans la main

    la parole ensemencée

    jadis

     

    ô femme

    debout dans le soleil

    comme l’été

     

                                               ( extrait de Œuvre poétique- Cerf 2001)

     

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