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Le Scriptorium - Page 70

  • LA NINA ET LE NINO : Quand Christina Rosmini chante Lorca

     

     

           évocation du nouveau spectacle

           présenté au théâtre Toursky à Marseille

          en janvier 2016

     

    C Rosmini La marionnette du Nino crédit Stéphane Delattre .jpg

                                                                          crédit: Jean-Yves Delattre

                           

    Épatante, Christina Rosmini. Je l’avais découverte au théâtre Sylvain à Marseille, en juillet 2013, avec sa présence tonique, ses ferveurs méditerranéennes, son art de mêler la voix et la danse, la douceur et l’intensité, ses façons espiègles, fruitées, mêlés aux mémoires douloureuses venues d’Espagne, d’Italie, d’Algérie. Femme de tous les rivages comme l’annonce le titre de son précédent album, elle revient aujourd’hui pour célébrer la poésie de Federico Garcia Lorca, ce « niño » fantasque, poète étincelant au destin tragique qui fut abattu il y aura bientôt 80 ans à Grenade, sa ville de cœur.

     

    Ici dans un décor blanc, à l’allure de théâtre de marionnettes et de coffre à souvenirs, Christina Rosmini nous offre un étonnant défilé de figures qu’elle incarne, une à une, depuis l’enfance jusqu’aux noces de sang, en passant par les voyages à New-York, Santiago de Cuba ou Buenos-Aires, et la jubilation des temps républicains du retour en Espagne. On croise Manuel de Falla, Savador Dali, Luis Bunuel, les personnages familiers de la vie andalouse…

     

    C ROSMINI spectacle LORCA crédit Stéphane Delattre.jpg

                                                   crédit: Jean-Yves Delattre

     

    Dans un rythme soutenu de bout en bout, avec une délicatesse de gestes et de pas, de sourire mutins ou d’expressions tragiques, on suit la voix et le corps d’une Federico-Federica qui nous enchante. Christina Rosmini a choisi la forme du conte pour approcher cette présence, si attachante, qui fait en écho en elle et nous remue. Cela donne une évocation en poèmes et chansons, sous forme de vignettes visuelles effleurées, poèmes posés au bord d’un livre ou derrière un rideau, dans une ambiance qui revendique les couleurs, les accents, les douces provocations et les élans minuscules. Une scène pleine pour la voix parlée, chantée, dansée, superbement éclairée par la présence très sûre de la guitare de Bruno Caviglia.

     

    Rien n’est laissé au hasard dans ce livre vivant d’images, ni les enregistrements sonores, ni les effets d’ombres chinoises dessinant sur le rideau les traces enfantines d’une vie offerte et arrachée. Celle d’un poète unique qui n’a pas fini de réveiller en nous le soleil du « cante jondo », l’alliance drôle et tragique du lézarde et de la lézarde.

     

    Par la magie de ce spectacle complet, Christina Rosmini nous comble deux fois. Par sa présence complice, vibrante, portée par une voix chaleureuse, et aussi par la grâce de faire revenir sous nos yeux un poète enfant de toujours qui continue de nous dire sous les grimaces de la lune : « Si je meurs, laissez le balcon ouvert ! »

     

                                Dominique Sorrente

     

     

    + À signaler le dernier CD de Christina Rosmini LALITA- sortie annoncée pour le 9 mars 2016 au Zèbre de Belleville- qui accompagne ce spectacle et le prolonge avec d’autres mélodies du répertoire.

     

    + À consulter le site internet : http://www.christinarosmini.com/    avec le merveilleux clip aux couleurs indiennes de la chanson « Dans les bras d’Amma »

     

    C ROSMINI ET B CAVIGLIA crédit Stéphane Delattre.jpg

     crédit: Jean-Yves Delattre

     

     

     

     

  • POURQUOI LE POÈME AUJOURD’HUI

    Cercles ouverts au Pharo.JPG

     

        Notre époque, passionnante par bien des aspects et riche de promesses multiples, est en train d’engendrer dans le même temps une galerie de monstres, à la prétention de veaux d’or. Parmi eux, la marchandisation de l’intime et le dévoiement du religieux. La première chasse la gratuité dans les moindres recoins de l’âme humaine pour l'habiller en offre financière. Le second arrache à l’acte de se relier ce qui lui donne sens et mystère et le remplace par un geste de rapt institutionnel.

     

        Dans ce contexte, l’enjeu de la liberté poétique, conscience et parole autonomes, redevient plus que jamais une cause sacrée. Contre les mots de la rhétorique à sang froid (les verbiages des process et autres langues désincarnées des spécialistes), contre les mots des propagandes (il y a, par exemple, en ce moment, une poétesse de Daesh qui fait fureur dans les vidéos d’endoctrinement des candidats djihadistes), nous revendiquons le rôle insolite du poème. Celui de poil à gratter, tension d’une parole ouverte, indocile, espace pour une mise en mots, lacunaire mais fervente, du sensible dans toutes ses vibrations.

     

         Le poème, lieu d’interactions surprenantes et de vraies retrouvailles pour le cerveau humain, dont toutes les recherches les plus récentes nous indiquent qu’il est, à tous les âges de la vie et jusqu’à son terme, en quête de plasticité.

     

        Le poème à l’instinct joueur, comme le savent les enfants de toujours. Capable de lever des mots intenses et prodigieux qui appartiennent à tout le monde. Le poème, passeur des secrets publics, des paroles réfractaires et inventives. Visage de consolateur ou d’insurgé, ami des manques et des chemins de traverse, le poème à l’humeur de pochette-surprise du monde qui naît, avec lui, à cet instant. Poème, toujours sans façon.

     

       Lisez, écoutez, écrivez, parlez, dansez des poèmes.

       La vie, votre vie n’attend pas.

     

                                              Dominique SORRENTE

     

     

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  • ASHRAF FAYAD , POÈMES EN RÉSONANCES

     

    Le poète Ashraf Fayad a été condamné à mort pour apostasie en Arabie saoudite. À la suite d'autres manifestations de par le monde, une rencontre est organisée à Marseille le jeudi 21 janvier à 20h au théâtre Toursky pour soutenir l'action et encourager la mobilisation en faveur de ce poète. Cette action est conduite par le Scriptorium, l'Union des Poètes & cie, le théâtre Toursky et la revue des Archers.

    Vie sauve pour Ashraf Fayad ! Merci de répondre à notre appel.

     

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         À Ashraf Fayad 
     
    Mon poing se lève mon oeil se tend ma voix surgit
    À des amis il a dit son poème et bu
    Un verre mangé prédit
    La fin des nuits le jour
    Levé pour le meilleur des frères
    Son regard vers un ciel
    D'étoiles scintillantes plus
    Que toute prière sacrée
    Il n'a pas assigné son oeil
    Aux injonctions aux déjections
    Serviles aux fausses communions
     
    Voix que je sais sans
    L'entendre
    Visage figé d'une
    Photographie
    Poète seul entre
    Murs
    Mes mots de noire volonté sur
    Blanche certitude d'aimer
    L'homme avant tout...
     
                     OLIVIER BASTIDE