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Le Scriptorium - Page 54

  • Le poème en son état critique: un intervalle de chandeleur ...

     

    chandeleur.jpg

    Ce samedi 10 février se tenait Montée de l’Oratoire à Marseille le premier intervalle poétique de l'année…  Le poème en son état critique !

     

    "Que pense le poème ?" (Alain Badiou)
    … et que pensons-nous du poème ?

     

     

    En guise d’introduction…

     

    "Face au poème lu ou entendu, souvent donné comme parole de l’indicible, oscillant entre cris et chuchotements, expérience singulière du langage, que peut-on dire ou écrire qui ne fasse pas paraphrase, redondance ? À quelles conditions les critiques peuvent-elles apporter un éclairage pertinent ? Peut-on aujourd’hui faire place à des critiques « assassines » ou doit-on privilégier les coups de cœur ? Et l’auteur, se reconnaît-il dans le texte écrit à propos de ce qu’il a écrit ? Voici quelques questions qui seront mises à la table… » avait annoncé Dominique Sorrente.

     

    L’état critique du poème donc… un grand débat !

    Même au milieu des crêpes...

     

    Comment se présente la critique, quelles sont les formes de critique du poème ? Et que peut apporter une critique de poème ? (positive ou négative ou encore neutre ?) … Pour le poète ? Pour le lecteur potentiel ?…

     

    Historiquement, dans la période des années 60 et 70, l’obsession critique et la mise en question du « texte » » pouvaient conduire à effacer toute trace du poème dont il était question. Aujourd’hui, à l’inverse, le poème est tellement présent, cité, réclamé, qu’il n’y a plus beaucoup de place pour une réelle pensée, une analyse du poème, une mise à distance…

     

    Il y a parfois des dossiers/études de vingt pages sur un poète, son univers, et parfois de brèves notes de lecture qui évoquent ce que laisse présager le texte.

     

    Quelles sont les entrées pour appréhender un texte poétique ?

    La biographie de l’auteur/e, le contexte historique, géographique…

    Les courants de pensée, écoles ou collectifs de poètes auxquels il/elle appartient… Il semble y avoir aujourd’ hui un retour à l’intime et au quotidien…

     

    Tels sont quelques-uns des sujets d’échange lancés et débattus au cours de l’intervalle.

     

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    Thérèse Dufresne nous lit quelques passages de poèmes – à la manière du journal- d’Emilie Dickinson qu’elle présente actuellement dans les écoles, en soulignant l’écriture contemporaine de cette poétesse américaine du XIXe siècle –aurait-elle eu aujourd’hui un blog ?- et  la richesse sonore et musicale des versions bilingues. La traduction aussi est une affaire de poètes.

     

    Dominique Sorrente nous présente une réflexion de Lionel Ray, s’appuyant sur le « secret » de Philippe Jaccottet, à propos du « langage du silence »… de la construction musicale d’un texte…

     

    Et Gérard Boudes de rebondir en pointant une différence essentielle et complémentaire : le texte est constitué d’espaces blancs et de lettres noires, tandis que le ciel à l’inverse est un espace noir parsemé d’étoiles blanches… Comme un miroir inversé. En toute poésie.

                                                  Résultat de recherche d'images pour "maulpoix critique de la poésie"

    Patrick Godard nous présente à son tour Pour un lyrisme critique de Jean-Michel Maulpoix, notant à propos du poème que les critiques sont souvent soit trop techniques soit trop subjectives, et qu’il faudrait peut-être tout simplement plus décrire le poème…

    Et de pointer quelques grands thèmes incontournables en poésie :

    1. « avancer / se retourner » (cf le mythe d’Orphée) : la mélancolie crépusculaire, la nostalgie, le futur et son royaume…
    2. « trouver / chercher » : le troubadour, la trouvaille, les objets trouvés… la quête l’Odyssée… la poésie permettant les points de rencontre !
    3. « couper / lier » : scander, marquer de fréquents arrêts ! La poésie comme « omnibus de la pensée » souligne encore Gérard Boudes.

     

    Ce qui est en jeu dans la poésie serait donc la constitution d’une image (cette fameuse image manquante ?!), la poésie révélant des rapports justes mais non évidents entre les choses (Pierre Reverdy, Arthur Rimbaud…) serait une pensée d’agglutination que l’on peut comparer aux collages et au rêve.

     

    Isabelle Alentour nous parle quant à elle de son expérience d’auteur comblée et de lectrice de critiques riches et argumentées, notamment sur le site en ligne Terre à ciel, qui lui donnent envie de lire par exemple… Kaspar de Pierre de Laure Gauthier dont elle partage avec bonheur quelques extraits.

     

    Nicolas Rouzet, coutumier de la discipline, nous lit ensuite l’une de ses notes de lectures, à propos de L’été de Cécile A.Holban, tentant de restituer l’univers du poème, entre ressentis et citations, et de donner envie au lecteur d’aller voir d’un peu plus près…

     

    Leonor Gnos de nous lire enfin quelques textes issus de Configuration du dernier rivage de Michel Houellebecq, suivis d’une critique à double tranchant de Fabrice del Dingo, journaliste et auteur, parue dans La Une Livres (Les Livres, Recensions, Poésie).

     

     

    Certes il y a des études, analyses, recensions, critiques plus ou moins dithyrambiques, billets d’humeur, notes de lectures entre objectivité et subjectivité… Mais rien de tel que le poème, funambule de l’explicite et des silences chantants, virevoltant dans la permanence de son état critique. Parce que comme l’écrit Gérard Boudes, à la sortie d’un accident récent, le poème c’est l’expérience sans cesse renouvelée de la vie et de la mort, de la mort et de la vie… comme une respiration.

     

     

    Poème en état critique

     

    L’inspiration était faible

    Il a fallu prendre un appareil

    Pour la faire revenir.

    Cela a marché faiblement, mais le texte

    Est reparti.

    L’ambulance a foncé

    La sirène a hurlé.

     

    Un poème blessé,

    S’il vous plait, dégagez !

    Il est dans un état critique.

     

    Puis ils ont opéré

    Et ils l’ont perfusé,

    Goutte à goutte,

    Vers à vers

    Du liquide de consonnes

    Et ils ont injecté

    Quelques doses de voyelles.

    Le voila allongé parmi les patients.

    Il attend qu’elle revienne.

    Qu’elle revienne qui ?

    L’inspiration mon bon docteur,

    Et surtout pas l’expiration.

    Gérard Boudes 10 février 2018

     

     

     

    Petit état des lieux des actions des œuvriers du Scriptorium :

     

    - la Scriptothèque (architecture…) (Isabelle Alentour)

    - Projet éditorial « 15 vues / 15 voix » (Olivier Bastide)

    - Laurence Verrey vient de publier dans le dernier numéro de la très respectable Revue de Belles Lettres (Genève) une suite Entre île et aile qu’elle a bien voulu dédicacer « aux poètes amis du Scriptorium à Marseille, d’une île à l’autre ».

    - Hommage rendu à Tania Sourseva au Théâtre Toursky

    - Intervention prévue dans les restaurants d’entreprise EDF sur la thématique du Printemps des Poètes "L'ardeur".

     

     

    A noter dans les agendas :

     

    - 16 / 17 février 2018, Château de la Tour d’Aigues (84) : Le 3e Cabaret Poétique d’hiver de la Boucherie Littéraire

    - mars 2018 : 20e Printemps des poètes sur le thème de l’ardeur poétique

    -10 mars 2018, MUCEM Marseille – 16h : discussion / lecture autour du travail de Dominique Sorrente ( entretien avec Olivier Boura). Possibilité de prolonger la rencontre au Café Regards de Provence, et de finir la soirée avec le concert de Raphaele Lannadere

    -17 mars 2018 -20h / 18 mars 2018 -17h, 3013 Marseille : Concerts Saison 2 des Ivres Vivants ( Dominique Sorrente, Audrey Gambassi, Lionel Mazari) qui interprètent leur nouveau répertoire

    - 21 avril 2018, St Gens (84) : Caravane Poétique (Trace de Poètes/Pierres sèches en Vaucluse) sur le thème « dialogue entre l’eau et la terre »

    - 26 mai 2018, Médiathèque de Robion : 11h lecture/performance de Dominique Sorrente & 15h déambulation poétique sur le thème « prendre le temps »

    - 23 juin 2018, Parc Borély-Jardin Japonais : sieste poétique

     

    Et en impromptu…quelques minuscules Baisers poétiques pour la Saint-Valentin.

      

     

    Emmanuelle Sarrouy & les poètes du Scriptorium

  • DOMINIQUE SORRENTE

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    BIO DÉGRADABLE

     

    Naissance : Milieu de nulle part, au milieu du dernier siècle

    Décès : mention à compléter à convenance mais sans précipitation intempestive

    Enfance figue et marron, olympienne et sablonneuse, vent d’ouest et mistral gagnant, bon élève en général mais renvoyé un jour de l’École pour cause de poésie ; ne s’en est jamais vraiment remis.

    Adolescence : tout à signaler

    Âge adulte : à partir de 1978 ( parution de Citadelles et Mers-édition de la revue Sud), commence la poursuite à épisodes des poèmes de la maturité qui ne cesseront depuis d’être déplacés au lendemain.

    Une étagère de carnets gribouillés, des publications en veux-tu en voilà, une vingtaine de livres, et le flot en continu d’un journal de bord: la quête est loin d’être épuisée tandis que le public semble l’être parfois.

     Trois formes d’expression se dessinent et se répondent au cours des années : la poésie en sentinelle des instants, la micro-fiction pour la part d’insolite, la chanson et ses cordes sensibles.

     Depuis  un peu plus de vingt ans, Dominique Sorrente anime un objet poétique non identifié, le groupe du Scriptorium, qui tient une bonne place dans l’univers des introuvables.

     La cause de ce poète étant désespérée, elle finira bien par cesser d’être grave…

     

    Pour en savoir plus, on peut se référer à la page wikipedia à son nom.

     

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    ACTUALITÉ

    2021  Création du poème Doux émois pour douze mois, poème pour 2021 ( musique Jean-François Delfour )

                 Action Printemps des Poètes en mars "12 désirs font une année avec Dominique Sorrente" 

                  Membre du jury du concours de poésie de la CCFI de Flandres

                   à paraître Marseille, terrain vague,   dans la revue EUROPE

    2020  Publication en livre de À la digue du Large , accompagné de pastels de Gilles Bourgeade, éditions Tipaza

                 Publication de Passagers de la Tourmente, soudain immobilisés, dans la revue des ARCHERS n°36-37

                 Publication de Passage sans témoin et autres poèmes, revue PHOENIX, n°33

                 Publication de Une fin du monde en passant, revue VOIX D'ENCRE n°63

                 Publication de Pour cette fois et autres poèmes, revue ALSACIENNE de LITTÉRATURE, n°133

                  Publication de Le couloir aux ancêtres (extraits), revue Le JOURNAL DES POÈTES, N°2 - 89 ème année, Belgique

                   Publication de Retour au calme, LA GRAPPE n°100

     

    à noter:

     étude de Olivier BOURA, Dominique Sorrente, Écrire la vie constellée, revue PHOENIX, n°33

     

    Participation (juillet 2020) au festival numérique Découvrir de Concèze 

     

    chansons et poèmes de confinement à retrouver sur la Chaîne Youtube: https://www.youtube.com/user/dominiquesorrente

      

      

     

                                                                         

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             QUELQUES TEXTES

     

    La poésie est un sport de glisse

                          

    À l’instar du saut en largeur, qu’elle a pu parfois saluer comme une discipline sœur, car inconnue au bataillon, la poésie n’a pas toujours été reconnue comme un sport à part entière.

     

    Peut-être à cause de la pratique du jeu de jambes dans la création au lit, souvent invisible pour les spectateurs ordinaires, ou encore pour la raison que son terrain de jeu n’a jamais pu être contenu dans un espace maîtrisé comme un échiquier ou un stade de football ou même un rink de curling.

     

    Il s’avère que la poésie, tout au long de son histoire, a su emprunter à de nombreuses activités sportives plus ou moins reconnues ou même avouables. Du jeu d’échecs, elle a appris la façon de déjouer la diagonale du fou ou donner à la reine la meilleure part infatigable. Au curling qu’elle a souvent fréquenté, elle a engrangé l’art mystérieux de la glissade puis du balayage sur la glace qui accompagne la pierre pour l’échauffer, mais avec l’interdiction absolue de la toucher. Juste un geste d’effleurement sans contact! Avec la sioule la poésie s’est trouvé des ressemblances inattendues :gestes intempestifs, acharnements verbaux, ferveur réclamant désordre, pour arriver au résultat, somme toute modeste, de mettre la balle dans l’en-but adverse, quitte à se déchirer les ischio - jambiers ou la chemise. Tant de brouillons pour décrocher l’inutile…

     

    Mais c’est sans doute dans l’univers des sports de glisse que la poésie s’est le plus montrée à son aise, capable de performances que les commentateurs ne parviennent toujours pas à nommer.

     

    Le fait de tirer parti d’un sol instable pour changer son mode de locomotion, le plaisir d’opérer des dérapages vaguement maîtrisés, l’art des zigzags et des sauts dans l’inconnu, la science des queues de poisson et des slaloms entre les mots, sans compter l’invention renouvelée de cabrioles dans le langage, tout cela fait de la poésie une catégorie à part dans les sports de glisse.

     

    Si néanmoins, aujourd’hui encore, la poésie ne participe pas aux compétitions de sport de glisse répertoriées, c’est pour plusieurs raisons : la première est que les poètes restent réfractaires aux contrôles anti-dopage impromptus, la poésie réclamant sa part irréductible de préparatifs secrets ; une autre raison est que leur pratique est l’une des rares avec le saut d’obstacle ou le dressage en équitation à accueillir dans un même élan l’ensemble des sexes (masculin, féminin, neutre, hermaphrodite, ange, ne sait pas), les poètes refusent ainsi, on comprend leur prudence, de se laisser enfermer dans des catégories suspectes ou surannées.

    Mais l’essentiel est, comme souvent, ailleurs. La vérité est que les poètes ne sont pas gens mesquins à se contenter d’une seule discipline et que, de plus, ce mot leur fait froid dans le dos et sous les pieds. Oui, la poésie est bien un sport de glisse, toutes les odes au col du fémur pourront en témoigner, mais elle peut aussi, au gré des humeurs, devenir sport de raquette (il faut garder en tête les smashs de haïkus au filet, les revers liftés dans le sonnet shakespearien) ; elle sait également trouver son épanouissement dans les pratiques d’endurance (on n’oubliera pas ici la récitation ininterrompue du Kalevala lors des hivers finnois jouant les prolongations). Personne enfin ne passera sous silence l’art consommé de la poésie quand elle se fait sport de cible. Honneur à l’usage de flèches assassines ou magistrales qu’un seul vers, bien exécuté, peut asséner.

     

       Alors, me direz-vous, la poésie non encore reconnue dans les sports répertoriés, n’est ce pas un mal pour un bien ?

    La sagesse populaire a déjà répondu : c’est reculer pour mieux sauter.

     

     

                               Publié dans le revue BACCHANALES, n°57, octobre 2017

     

     

                                                 ***

     

     

                            Et ping et pong

     

                               (performance en un seul set)

     

     

    Mots lancés, mots rebonds,

    et ping

    et pong,

     

    pour que le mécanisme marche, il faut une balle

    consentante,

    une raquette

    stimulante,

    puis une main et un poignet à peu près souples

    pour inventer

    un geste maîtrisé

    et s’y tenir

    pour que ça marche

     

    un mouvement

    régulier, autant que faire

    se peut,

    un rythme

    continu, qui s’installe peu à peu

    comme une cadence obsessionnelle

    et au bout de

    tout ce temps,

     

    on se dit

    qu’on a peut-être

    trouvé le secret

    du pendule, de la balance, du sémaphore,

     

     

     

    du moteur à deux temps,

    la pulsation sans origine

    et sans fin,

     

    on est entré

    dans la séquence

    de la boucle invariante,

     

    alors enfin

    on se prépare

    à changer d’heure

    et de statut

    et de bruitage

     

    mots lancés,

    mots rebonds

    et ping

    et pong

     

    alors enfin

    on peut sortir

    du cercle qui n’a de cesse

    et sans raison

     

     

    et ping

    et pong

     

    alors enfin

    la vie la mort

    la mort la vie

     

    d’un seul coup

     

    d’un seul

     

                               publié dans la Revue des ARCHERS n°31 – décembre 2017

      

                                                    ***

      

    LES IVRES VIVANTS - CHANSON

     

    ( paroles et musique de Dominique Sorrente)

     

    O ma passante

    Ma compagne d’ailleurs

    Dis-moi dis-moi

    Quand viendra l’heure

    De ton sourire de menthe

     

    O ma lointaine

    Qui marches en bord de Loire

    Dis-moi dis-moi

    Quand nous revoir

    Quel jour quelle semaine

     

    Tournent les nuits et les jours

    Les saisons, les visages

    Côté jardin côté cour,

    On est tous de passage

    Et l’on attend l’instant,

    La caresse d’or

    Et le corps à corps

    Des ivres vivants

     

     

     

    O ma promise

    Ma si proche inconnue

    Dis-moi dis-moi

    Si tu as vu

    Mon bout de terre promise

     

    O ma rieuse

    Ma complice égarée

    Dis-moi dis-moi

    Dans quel été

    Vit notre histoire heureuse

     

    Dansent les mots et les phrases

    Les étoiles et les pierres

    Les adieux font table rase

    Mais le cœur est trop fier

     

    Et l’on attend l’instant

    La caresse d’or

    Et le corps à corps

    Des ivres vivants

    Version de la chanson Les Ivres vivants interprétée par le trio Dominique Sorrente, Audrey Gambassi, Lionel Mazari

     

     page créée en février  2018 et actualisée

    Photo affiche.jpg

                                                              photo Audrey Gambassi

     

     

     

  • MARIE GINET

     

    Passionnée de littérature contemporaine, de poésie et plus particulièrement de poésie orale, Marie Ginet se produit depuis 2005 sur les scènes slam et poétique de France et de Belgique sous le pseudonyme d'Ange Gabriel.e. Elle est artiste associée à la Générale d'Imaginaire. Marie singe (BR).png

    Nominée pour le prix de la Vocation en poésie en 2000, elle publie en 2010 aux éditions L’agitée le livre album  Souffles nomades  préfacé par Jean-Pierre Siméon, lequel salue une « langue drue, qui a du souffle » mais « sait aussi dans l’apnée soudaine ménager sa part de silence. » 

    Son second recueil Pulsation paraît à L'Agitée en mars 2014. Il interroge la figure de Marie-Madeleine et notre rapport contemporain à la spiritualité.

    Un récent recueil Dans le ventre de l'Ange et autres cachettes  est paru aux éditions Henry en septembre 2016.

    De 2011 à 2013 , elle est auteure et interprète du spectacle  Je nous tiens debout  mis en scène par Anne Conti et produit par La Générale d’Imaginaire. Avec ses deux complices du collectif Les Encombrantes, Amandine Dhée et Law’Rible, elle questionne la notion de genre et  la place de la femme.

    En 2013, elle créé avec le poète Dominique Sorrente une lecture poétique à deux voix Nord Sud où vont les fleuves, co-produit par La Générale d'Imaginaire (Lille) et le Scriptorium (Marseille). En 2015, le duo propose Zig Zag Déclame une lecture-spectacle aux angles inattendus mêlant explorations sonores, instruments, voix chantées, murmurées ou vociférantes.

    Formée aux ateliers d'écriture à l’A.L.E.P.H, elle intervient aussi bien auprès d'enseignants, de formateurs  que de détenus, de personnes âgées ou de lycéens. Ses ateliers allient le travail de l'écriture et celui de la mise en voix et en espace des textes.

    Elle est est également animatrice de rencontres littéraires et  a produit une cinquantaine d'émissions radiophoniques autour du slam et le la poésie.

    Elle répond à des commandes d'écriture (récemment la Maison de Poésie Rhône Alpes, le site de poésie et de réflexion Terre à ciel, le musée du Louvre Lens). Enfin elle publie régulièrement en revues.

    Au cours de l'année 2017 elle a axé plus particulièrement sa création sur la littérature jeunesse. Elle vient de publier (novembre 2017) un recueil pour la jeunesse Poésie, terre d'aventure qui allie récit et poésie.  Elle est également l'un des trois poètes choisis pour représenter la France dans le cadre du projet européen Versopolis.

     

    BIOGRAPHIE

    Poésie

    Poésie, terre d’aventure, L'agitée, 2017

    Dans le ventre de l'Ange et autres cachettes, Henry, 2016

    Pulsation, L'agitée, 2014

    Souffles nomades, L'agitée, 2010

     

    Revues

    Publication dans les revues Bacchanale, Le grand Nord, Ffwl, Poésie 2001, La Nouvelle Revue Moderne, Revue des Archers, Thauma, etc.

    Publie aussi sur les sites web : Terres de Femmes, Cris et Poésie, Terre à Ciel.

     

    Collectifs

    Uriner sous la lune, Venise, L'âne qui butine 2002

     

    Entretiens et émissions radiophoniques

    Entretien avec Salah Stétié in Rémanence n°3, septembre 1994.

    Les voix du slam : portraits des slameurs et slameuses. 42 émissions créées entre 2010 et 2013.

    Poésie nomade : lectures et entretiens avec Jacques Dupin, Abdelatif Lâabi, André Velter, Salah Stétié, Farida Aït Ferouk, etc. Une quinzaine d’émissions entre 1994 et 1996 diffusées sur Canal FM et le réseau national de l'EPRA.

    Liens sur le web

    Un article « Slam, peuple et poésie » paru dans la revue Terre à ciel le 15 janvier 2017

    Ma page sur le site Versopolis   http://www.versopolis.com/poet/130/marie-ginet

    Le slam Dans le bec de l'homme filmé à Liège

    http://lageneraledimaginaire.com/artistes/marie-ginet

     

    Quelques textes :

    Mardi 29 avril

     

    Départ Namur, l'Ange Gabriel quitte la Meuse. À la sortie de la ville, avant la première écluse, les rives ont un petit air bucolique : des portillons de lilas et des passants de halage agitent pour nous les bras dans la grisaille.

     

    * * *

    Peupliers ouvrant leurs feuilles contre l'averse du printemps et cet hiver au bord à bord de la mémoire et du futur.

     

    L'impermanence en floraison - fanée déjà - l'incertitude mêlant sa sève à la salive de nos baisers.

     

    * * *

    Par le hublot passe le monde : des cormorans séchant leurs ailes sur le faîtage des hautes branches, l'écorce blanche des bouleaux, leur craquelure, des ponts d'acier profilant l'ombre.

     

    * * * 

    Des graffitis d'amour et de solitude

    sur les piles du pont

     

    un ballon d'enfant bleu qui flotte

    à l'arrière des usines

    * * *

    Par le hublot passe le monde : briques noircies, relent d'enfance, charbon sans gloire, coulant sa morve jusqu'au canal, Sambre rouillée.

     

    Des peupliers tremblants debout, des boutons d'or sur les talus, et des usines si moribondes qu'elles font photos pour amateurs comme un porno qu'on passerait dessous la cale et loin des anges.

     

    * * * 

    Écluse de sale science-fiction. L'air sent la mort mais la lumière est revenue, soleil d'avril joue projecteur. Des monstres jaunes, pelletée d'ordure et de limaille, cahotent dans les colonnes de poussière.

     

    Extrait de Dans le ventre de l'Ange et autres cachettes éditions Henry septembre 2016

     

    **********************************************************************************************

    Des bateaux qui coulissent sur la ligne d'horizon

     

    une voile qui s'incline

    noire

     

    un cargo de couleur

    vernis comme un jouet d'enfant

    peut-être est-ce Éole qui joue

    dans ses jardins de pierres et d'eau

    remue ses Lego vermillons

    s'étonne de notre impatiente

    caresse le sable des jours

     

    L'eau des mers doucira sous la fonte alanguie des icebergs

    ce printemps déjà l'un d'eux s'est détaché

    loin du cercle polaire il dérive

    plus vaste qu'un pays

     

    Marie Ginet  Inédit : île du Frioul Septembre 2017

     

    **********************************************************************************************

                    Chez le fromager

     

    Chez le fromager,

    ça sent le maroilles et la bonne humeur.

     

    Papy vous raconte la ville d’avant

    et celle d’aujourd’hui.

    Il sait tout des gens,

    comme un écureuil perché sur la branche.

     

    Son vieux fils se marre,

    soixante printemps

    et la tartine de camembert chaque matin

    lui dessinent des pattes de sourire aux yeux.

     

    Et le petit-fils râpe le gruyère

    avec l’air de dire que la vie est longue,

    des milliers de vaches pourront gambader,

    et des reblochons et des mimolettes

    devenir monnaie

    avant qu’il ne soit à son tour grand-père.

     

    Marie Ginet extrait de « Poésie, terre d'aventure » éditions l'Agitée novembre 2017