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Le Scriptorium - Page 29

  • festival OH, MA PAROLE! DOMINIQUE SORRENTE et ÉRIC TURPIN en duo le 5 juin à Marseille

     

     

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    Retenez votre souffle! On va sortir enfin les poèmes sur les places à l'air libre. Et tout particulièrement, autour de la place Léon Baverel, devant l'église Sainte-Anne à Marseille.  C'est là, en effet que le festival "Oh, ma parole!", manifestation de paroles vivantes au coeur du Quartier Sainte-Anne, va connaître un temps fort le samedi 5 juin.

     

    Après une rencontre fort attendue avec Jean-Pierre Siméon (directeur du Printemps des Poètes pendant près de 20 ans, aujourd'hui directeur de la collection Poésie chez Gallimard, auteur multiformes pour le théâtre comme en poésie) , et un prélude pour l'horizon proposé par la jeune et talentueuse Coline Marescaux, la scène accueillera Dominique Sorrente accompagné d'Eric Turpin pour une lecture-concert "À la digue du large".

    Celle-ci ( durée 1 heure) aura lieu à  18h30 au Centre Municipal d'Animation de Sainte-Anne.

    "À la digue du large" est une création de Dominique Sorrente, réalisée à partir de son livre du même nom publié aux éditions Tipaza en 2020, accompagné de pastels du peintre Gilles Bourgeade.

    Dans un court entretien, Dominique Sorrente nous a donné les raisons de son choix de la voix haute et de la scène.

    "Mon investissement dans le spectacle vivant a toujours fait corps avec ma traversée poétique. Du souffle, à la voix, de la voix à la page, de la page au livre ouvert et à la voix qui en appelle au souffle, il y a un continuum. Une présence circulaire. Seules notre modèle de société de fragmentations et nos pratiques cloisonnées en empêchent l'expression. La scène, telle que je l'aime, est le lieu miracle qui permet de retrouver cette unité verticale, vivante, où l'improvisation du moment fait corps avec le texte inscrit dans la durée. C'est un plaisir rare de partager cette rencontre du poème avec le public. Et c'est cette rencontre, la vraie magicienne de l'instant. Inutile de dire que dans la période actuelle avec l'espoir de de sortie de pandémie, c'est un bonheur et une chance formidables que de retrouver la scène qui nous rassemble".       

     

    À la digue du large est un texte poétique, né à Marseille, en front de mer.  

     

    La création pour la scène qui est ici présentée dans le cadre du festival "Oh, ma parole!" à Marseille emmène l'auditeur dans la succession des scènes, faisant alterner la voix du poète, Dominique Sorrente, nue ou accompagnée de ses instruments sonores de prédilection ( tambour-tonnerre, guimbarde, guitare) avec la présence cuivrée, bugle et trompette, d'Eric Turpin.

     

    Celui-ci, admirateur inconditionnel d'Horace Silver, est familier du répertoire jazz, latin pop, swing, bebop, notamment avec son groupe The Eric Turpin Quintett. Artiste complet, Eric Turpin sait aussi se mettre au service d'autres expériences artistiques. Il privilégie dans ce cas l'improvisation. 

     

    Dans la création de Dominique Sorrente,  le jeu subtil des cuivres s'insère dans le dispositif d'un poème à ciel ouvert où la traversée de la parole se fait à travers cinq scènes menant à la chanson à perte de vue.

     

    À la digue du Large est un poème né en rivage de mer, un chant d'amour à une Méditerranée mêlant effrois et tendresses, à travers les rythmes et les évocations.

     

    Avec toujours le geste de poésie qui relie les visages:

    Je lève mon verre invisible

    à la beauté,

    la clandestine,

    la fugitive encore à naître.

     

     

                                                                                       ***

    DOMINIQUE SORRENTE

    lisant Le beau-perdant vous salue bien...

    au Festival Découvrir numérique de Concèze - août 2020

     

     

     

    ÉRIC TURPIN

    https://www.youtube.com/watch?v=H0Jgydhnzek

    https://www.youtube.com/watch?v=6yA8UAMHdcI

     

  • RETOUR GAGNANT SUR LA CARAVANE DU SCRIPTORIUM du 24 avril 2021

     

    IMG_1079  phrase d'HORACE- copie.jpg

    L'homme a beau parcourir les mers, le ciel change, mais non son âme

    ( citation d' Horace, trouvée en graffiti à l'entrée de ce porche

    situé sur notre parcours de Caravane poétique du Scriptorium ,

    à côté de la dernière habitation de Christian Gabriel/le Guez Ricord)

     

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    Dominique Sorrrente lit Louis BRAUQUIER, près du quai Rive Neuve

     

    Que fut la caravane poétique urbaine du 24 avril à Marseille ?

    Un mistral encore bien présent qui eut le mérite de chasser les velléités des nuages mais proposa en début de parcours un défi de Stentor aux orateurs du moment...avant de s'apaiser. Un public participant, curieux de connaître et aussi heureux de se retrouver à plusieurs ( des petits groupes avaient été formés pour respecter les mesures sanitaires et favoriser les échanges ).

     

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    Couverture (par Johanna Heeg) du numéro 23 "Marseille, terrain vague" de la revue des ARCHERS , 2013

     

    En ouverture, devant la librairie-galerie des Arcenaulx, Dominique Sorrente fit lecture d'un extrait du superbe numéro 23 de la revue des Archers (née au Théâtre Toursky, il y a vingt ans, et pleine d'une énergie nouvelle aujourd'hui ), nommé "Marseille, terrain vague". Plus d'une vingtaine de personnes       ( auxquels, ça et là, venaient se mêler des passants...) ont ensuite suivi l'insolite cortège des amoureux de poésie du cours d'Estienne d'Orves au Vieux-Port, puis devant les greniers des Cahiers du Sud quai Jean Ballard.

     

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    Au retour de la rue Pythagore après la halte Gerald Neveu

     

    Durant tout ce parcours, bien des personnalités furent évoquées, notamment les poètes, les écrivains autour de Jean Ballard qui firent des Cahiers du Sud une revue majeure en littérature durant plus de 50 ans. André Gaillard, Léon Gabriel Gros, Simone Weil, Gabriel Audisio, Louis Brauquier...

     

    À côté de Dominique Sorrente, on put entendre l'éditeur-écrivain Jacques Lucchesi lire un extrait de Je connais des îles lointaines de Brauquier, près du Vieux Port. Puis c'est la photographe Marjolaine Heeg, aimantée par la poésie depuis quelques années, qui prit le relais pour une halte pleine, consacrée à Axel Toursky. Devant un beau demi-cercle ouvert, elle sut dire, avec un naturel plein d'émotions et beaucoup d'élégance, comment elle avait retrouvé le chemin de Toursky, grâce à Richard Martin, fondateur du théâtre qui porte son nom, puis en téléphonant à Anne-Marie Toursky, femme du poète, tout émue d'évoquer ses années amoureuses à Marseille...Un saut dans le temps en forme de rebond.

     

    IMG_1570 2 Marjolaine séquence Toursky La chienne Elfie écoute.JPG

    Marjolaine HEEG évoque le poète AXEL TOURSKY

     À la porte du 62 de la rue Sainte, Dominique Sorrente évoqua la figure de Jean Malrieu, le fondateur de la revue Sud (1970-1997), les rendez-vous du mercredi, son compagnonnage avec Frédéric Jacques Temple, Yves Broussard, Jacques Lovichi, Jean-Max Tixier, André Ughetto, Jeanine Baude...le numéro-culte Méditerranées...avec, entre autres, les premiers poèmes publiés par Antoine Emaz.

    Numéro MÉDITERRANÉES SUD.jpg

    Couverture du numéro 64/65 "Méditerranées" de la revue SUD -1986

     

    Le groupe remonta ensuite jusqu'à l'habitation dernière d'un poète invraisemblable et beaucoup trop méconnu encore, Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988), auquel Dominique Sorrente prêta sa voix, notamment dans une lettre adressée à Yves Bonnefoy. Il fit également partager quelques souvenirs ardents de cette époque des vingt ans partagés à Marseille, nouvelle Éphèse. On nota la rencontre fortuite et très amicale du maire de secteur qui écouta la séquence avec une réelle curiosité, découvrant une page précieuse des rues de sa ville qui mérite d'être connue. Puis ce fut la montée jusqu'à l'escalier André Suarès où Charlotte Hamer lut, d'une voix chaude et claire, résistant à la circulation environnante, deux textes sur Notre-Dame de la Garde par mistral ( tiré de Marsiho) et sur le livre "dernier refuge de l'homme libre".

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    Charlotte Hamer lit ANDRÉ SUARÈS

    Plus haut encore, l'escouade grimpa jusqu'au cabanon de Gerald Neveu sur les hauts de Vauban, rue Pythagore, une des ces rues à escaliers dont ce quartier est friand, Nicolas Rouzet et Marc-Paul Poncet évoquèrent, chacun à son tour, de façon sensible, le chemin bref et douloureux du poète de Fournaise obscure(1967), l'ami de Jean Malrieu.  Enfin par le Bois Sacré, gorgé d'orties de saison, la petite troupe fit retour jusqu'à la montée de l'Oratoire, sur la colline Notre-Dame de la Garde pour un ultime partage autour d'une collation. Avec une mini-exposition privée surprise sur Christian Gabriel/le Guez Ricord.

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                          Christian Gabriel/le Guez Ricord - collection particulière

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    REVUE SORGUE, n°2, editeur LE BOIS D'ORION, 2000

     

    Ce 24 avril, la Caravane poétique du Scriptorium eut donc sa route, ses étoiles, ses oasis, son caravansérail. Un plaisir nomade de "faire poésie".  Elle a surtout montré ce qu'elle était: un geste accompli au-delà du temps pour relier par la poésie la mémoire des émotions et le présent incandescent.

     

    Caravane urbaine dans un espace inspiré.

    Il y en aura d'autres sûrement, ici ou ailleurs. En ville ou en campagne.

     

    Et on entendra encore les mots d'Axel Toursky au fil du chemin:

     

    "Si je passe mes rues,

    si j'accomplis mes actes,

    c'est pour suivre des traces

    et non pour avancer.

     

    Puis-je à présent le dire ?

    Ici la poésie

    tenait pour nécessaires

    les lilas et les roses."

     

     

                                                    Anne LOFOTEN

     

     

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    MORCEAUX CHOISIS

     

    À propos des Cahiers du Sud

     

    "Les Cahiers vont et viennent avec ses navires en suivant les pulsations de cette métropole de la mer. Ils publient la même année le Pèse-nerfs écrit par le fils d'un armateur marseillais, Antonin Artaud, et la Liberté des mers, poème de Louis Brauquier, pour ne citer que deux natifs de Marseille. Sous l'Occupation, le perchoir des Cahiers servit de lieu d'accueil aux exilés, réfugiés en zone libre".

      

                          Jean Ballard, fondateur et animateur de la revue

     

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    "C'était le dernier asile pour les gens de notre espèce"

                                                   Anna Seghers (Transit)

     

     

    « De tous les poètes, vous êtes celui dont je voudrais avoir tout  l'œuvre dans le cœur. »

     

                        Joe Bousquet, lettre à Axel Toursky

     

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  •  FAIRE CARAVANE POÉTIQUE: NOTRE PRIMITIVE PASSION par Dominique Sorrente

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    « Les rues ont des noms, des numéros. À chaque numéro, aux façades, les noms de ceux qui y vivent. D’autres vécurent, d’autres vivront.
    Entre les murs, croisons les fantômes du passé, l’ombre de l’avenir. Les immeubles parfois s’effondrent. Tout comme les civilisations. Faut-il reconstruire ? Est-ce encore possible ?
    Avec un peu d’attention, quelques gestes d’humanité ou de langage, on aimerait colmater les brèches, poser des pansements dérisoires sur les plaies ».

     

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    Ce beau témoignage de Nicolas Rouzet à son retour d'Ulysse massaliote, dit fort sensiblement ce qu'a pu être la caravane poétique du Scriptorium le 24 avril à Marseille.

    Un pari audacieux, alors que la pandémie continue d'étirer son ombrageux ciel de traîne...Et pourtant un besoin, une nécessité de se retrouver en chair et en os, de réaliser un geste poétique en commun, comme nous le proposons au Scriptorium depuis plus de 20 ans. Ici, pérégriner à plusieurs, dans les lieux de Marseille où vit la mémoire des poètes, aller d'un point à un autre, dire des poèmes à chaque halte, prendre des voix et des voies de traverse, mêler le "pas gagné" de Rimbaud à la magie des mots prononcés à l'air libre. Croire à la confluence entre la chambre d'écriture et la marche à ciel ouvert.

     

    Or, dans ce temps de pandémie si souvent délétère, qui fait la part trop belle aux replis, empêchements de toute nature et aux mille raisons de renoncer, dans cette période de vies blessées, bloquées, et qui se perdent de vue si facilement, il m'a semblé, plus que jamais, nécessaire de faire Caravane. Et pour prouver par le réel que cela avait du sens, j'ai conçu un parcours dans Marseille. Marseille-en-poésie, autour de la "rive neuve" et vers la colline de Notre Dame de la Garde. Un parcours pour réveiller la mémoire de nos devanciers. Dire que le poème fait signe tout autour de nos quotidiens, et que, pour nous, si souvent hypnotisés par le saccage et la saturation des écrans, seul manque l'innocence retrouvée des yeux et des oreilles.  Pour aller au poème, et boire aux "fontaines de l'inspiration" comme l'écrivait AE.

     

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    Le 24 avril, c'est comme cela que tout a commencé. Sur une place minérale à l'italienne, avec des lampadaires à la place des arbres. Un canal disparu. Et la promesse de graines à jeter, de mots à troubler les regards assagis. Un goût d'effervescence.

     

    C'est comme cela que tout commence toujours en poésie.

     

    Par le vent, seul vrai maître des lieux, qui nous somme de parler haut et fort, par la jubilation de croiser les mots et les instants, par les gens qui se rassemblent et écoutent du fond des âges les voix des poètes qui nous précèdent et nous font signe: il y a du sens infiniment à vivre ainsi.

     

                                     Dominique Sorrente

     

    IMG_1566 Les pins près Gerald Neveu copie.JPG

     

         (pins rue Pythagore, au-dessus de l'habitation de Gerald Neveu

            où selon Jean Malrieu se retrouvaient "les poètes de Vauban")