26 octobre 2014
Passage à l’heure d’hiver
Ce matin, à huit heures, il était sept heures.
Mon réveil a fait comme si de rien n’était.
Le soleil voilé semblait freiner la sortie des draps du dormeur.
Au café, j’ai salué la nouvelle
de l’heure qui fait du sur-place
en arrêtant de respirer.
On dit que c’est une mesure pour économiser l’électricité
depuis la crise du pétrole dont personne ne se souvient plus.
On dit beaucoup de choses, mais la crise s’est tellement allongée,
les mesures se sont tellement multipliées
qu’on n’écoute plus rien,
seulement le bruit et le vide étrange de l’instant
quand il est sept heures à huit heures,
comme parfois midi à quatorze heures.
Et on appelle ça remettre les pendules à l’heure.
Il y aurait un suspens de souffle,
comme l’enseigne le maître secret.
Chacun des habitants en profiterait
pour s’exercer
au rétropédalage du temps.
Dominique Sorrente
photos D.S.
10:25 Publié dans Le sens de l'humeur | Lien permanent | Commentaires (1)
20 octobre 2014
Une après-midi de lectures et de partages au Site-Mémorial du Camp des Milles
Le 18 octobre 2014
Il n'y a plus de tour d'ivoire.
La retraite et l'éloignement ne sont plus permis.
Joan Miró 1939
L' horizon reste toujours ouvert à l'infini, et nous aussi, nous marchons en avant, toujours en avant.
Joan Miró 1945
affiche disponible au Site Mémorial du Camp des Milles
personnage entouré August Landmesser, inauguration d'un vaisseau d'entraînement naval nazi, le Horst Wessel, le 13 juin 1936
La lumière entre les tuiles et l’étau glacé des fours qui ricanent
Les milles raisons d'être ensemble
convoquant la mémoire perdue
et le long silence des coursives cendreuses
répétant le credo du ciel doux qui s'effrite
Une jeune inconnue qui rêvait
d'une orange fraîche dans la nuit des camps
et cette flottaison de pudeur qui fait mal à la gorge
Un poème au pied de la rouille
comme une brassée de lupins que saisit le vertige du temps.
Marie Ginet
Photos de Gratien Messina
10:06 | Lien permanent | Commentaires (1)
17 octobre 2014
La Complainte du Partisan: vous qui le savez, effacez mon passage...
LA COMPLAINTE DU PARTISAN a été écrite en 1943 à Londres.
Les paroles ont été créées par Emmanuel d'Astier de la Vigerie dit "Bernard" , et la musique a été composée par Anna Marly (également compositeur du Chant des partisans).
Vous pouvez retrouver l'interprétation d'origine d'Anna Marly
http://www.youtube.com/watch?v=uTMe6-6VSuQ
En 1969, Leonard Cohen a ré-inteprété cette chanson dans une version bilingue où le second couplet a disparu. Vous pouvez l'écouter ici:
http://www.youtube.com/watch?v=x_223jKXKgQ
Paroles originales de La Complainte du Partisan en français :
L’ennemi était chez moi
On m’a dit résigne toi
Mais je n’ai pas pu
Et j’ai repris mon arme.
Personne ne m’a demandé
D’où je viens et où je vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage.
J’ai changé cent fois de nom
J’ai perdu femme et enfants
Mais j’ai tant d’amis
J’ai la France entière.
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les soldats l’ont pris
Il est mort sans surprise.
Hier encore nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des frontières.
Le vent passe sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l’ombre
Paroles de la version bilingue de Leonard Cohen, reprise par 16 Horsepower et Bertrand Cantat :
When they poured across the border
I was cautioned to surrender,
this I could not do;
I took my gun and vanished.
I have changed my name so often,
I’ve lost my wife and children
but I have many friends,
and some of them are with me.
An old woman gave us shelter,
Kept us hidden in the garret,
then the soldiers came;
she died without a whisper.
There were three of us this morning
I’m the only one this evening
but I must go on;
the frontiers are my prison.
Oh, the wind, the wind is blowing,
through the graves the wind is blowing,
freedom soon will come;
then we’ll come from the shadows.
Les Allemands étaient chez moi,
ils me disent : « Résigne-toi, »
mais je n’ai pas peur;
j’ai repris mon arme.
J’ai changé cent fois de nom,
j’ai perdu femme et enfants
mais j’ai tant d’amis;
j’ai la France entière.
Un vieil homme dans un grenier
pour la nuit nous a cachés,
les Allemands l’ont pris;
il est mort sans surprise.
Oh, the wind, the wind is blowing,
through the graves the wind is blowing,
freedom soon will come;
then we’ll come from the shadows.
18:29 | Lien permanent | Commentaires (0)