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Le Scriptorium - Page 81

  • Une après-midi de lectures et de partages au Site-Mémorial du Camp des Milles

     Le 18 octobre 2014

     

    LE TRAIN campdesMilles 052.jpg

    Il n'y a plus de tour d'ivoire.

    La retraite et l'éloignement ne sont plus permis. 

    Joan Miró  1939

     

     

    L' horizon reste toujours ouvert à l'infini, et nous aussi, nous marchons en avant, toujours en avant.

    Joan Miró 1945

     

     

    LE REFRACTAIRE campdesMilles 033.jpg

     affiche disponible au Site Mémorial du Camp des Milles

    personnage entouré August Landmesser, inauguration d'un vaisseau d'entraînement naval nazi, le Horst Wessel, le 13 juin 1936

     

     

    La lumière entre les tuiles et l’étau glacé des fours qui ricanent

     

    Les milles raisons d'être ensemble

    convoquant la mémoire perdue

    et le long silence des coursives cendreuses

    répétant le credo du ciel doux qui s'effrite

     

    Une jeune inconnue qui rêvait

    d'une orange fraîche dans la nuit des camps

    et cette flottaison de pudeur qui fait mal à la gorge

     

    Un poème au pied de la rouille

    comme une brassée de lupins que saisit le vertige du temps.

     

                       Marie Ginet

     

    LE GROUPE campdesMilles 005.jpg

    Photos de Gratien Messina

  • La Complainte du Partisan: vous qui le savez, effacez mon passage...

    LA COMPLAINTE DU PARTISAN a été écrite en 1943 à Londres.

    Les paroles ont été créées par Emmanuel d'Astier de la Vigerie dit "Bernard" , et la musique 
a été composée par Anna Marly (également compositeur du Chant des partisans). 

    Vous pouvez retrouver l'interprétation d'origine d'Anna Marly

    http://www.youtube.com/watch?v=uTMe6-6VSuQ

     

     En 1969, Leonard Cohen a ré-inteprété cette chanson dans une version bilingue où le second couplet a disparu. Vous pouvez l'écouter ici:

    http://www.youtube.com/watch?v=x_223jKXKgQ

     

     

     

    Paroles originales de La Complainte du Partisan en français :

    L’ennemi était chez moi

    
On m’a dit résigne toi


    Mais je n’ai pas pu

    
Et j’ai repris mon arme.

     

    Personne ne m’a demandé

    
D’où je viens et où je vais

    
Vous qui le savez

    
Effacez mon passage.

     

    J’ai changé cent fois de nom

    J’ai perdu femme et enfants


    Mais j’ai tant d’amis


    J’ai la France entière.

     

    Un vieil homme dans un grenier

    Pour la nuit nous a cachés

    
Les soldats l’ont pris

    
Il est mort sans surprise.

     

    Hier encore nous étions trois

    
Il ne reste plus que moi

    
Et je tourne en rond

    
Dans la prison des frontières.

     

    Le vent passe sur les tombes

    
La liberté reviendra

    
On nous oubliera


    Nous rentrerons dans l’ombre

     

     

     Paroles de la version bilingue de Leonard Cohen, reprise par 16 Horsepower et Bertrand Cantat :

     

    When they poured across the border

    
I was cautioned to surrender,


    this I could not do;


    I took my gun and vanished.

     

    I have changed my name so often,

    
I’ve lost my wife and children

    
but I have many friends,


    and some of them are with me.

     

    An old woman gave us shelter,

    
Kept us hidden in the garret,


    then the soldiers came;

    
she died without a whisper.

     

    There were three of us this morning

    
I’m the only one this evening

    
but I must go on;


    the frontiers are my prison.

     

    Oh, the wind, the wind is blowing,

    
through the graves the wind is blowing,

    
freedom soon will come;

    
then we’ll come from the shadows.

     

    Les Allemands étaient chez moi,

    
ils me disent : « Résigne-toi, »

    
mais je n’ai pas peur;

    
j’ai repris mon arme.

     

    J’ai changé cent fois de nom,

    
j’ai perdu femme et enfants


    mais j’ai tant d’amis;

    
j’ai la France entière.

     

    Un vieil homme dans un grenier


    pour la nuit nous a cachés,


    les Allemands l’ont pris;

    
il est mort sans surprise.

     

    Oh, the wind, the wind is blowing,

    
through the graves the wind is blowing,

    
freedom soon will come;

    
then we’ll come from the shadows.

  • L'ORANGE en chemin vers une rencontre-lecture au Camp des Milles

     

    Un témoignage écrit à partager ce samedi au Mémorial du Camp des Milles.

     

     images-1.jpeg

    L’orange

     

    Il y a la soif du soir et la soif de la nuit, la plus atroce. Parce que, la nuit, je bois, je bois et l’eau devient immédiatement sèche et solide dans ma bouche. Et plus je bois, plus ma bouche s’emplit de feuilles pourries qui durcissent.
    Ou bien c’est un quartier d’orange. Il crève entre mes dents et c’est bien un quartier d’orange - extraordinaire qu’on trouve des oranges ici -, c’est bien un quartier d’orange, j’ai le goût de l’orange dans la bouche, le jus se répand jusque sous ma langue, touche mon palais, mes gencives, coule dans ma gorge. C’est une orange un peu acide et merveilleusement fraîche. Ce goût d’orange et la sensation du frais qui coule me réveillent. Le réveil est affreux. Pourtant la seconde où la peau de l’orange cède entre mes dents est si délicieuse que je voudrais provoquer ce rêve-là. Je le poursuis, je le force. Mais c’est de nouveau la pâte de feuilles pourries en mortier qui pétrifie. Ma bouche est sèche. Pas amère. Lorsqu’on sent sa bouche amère, c’est qu’on n’a pas perdu le goût, c’est qu’on a encore de la salive dans la bouche.

     

                                                                   CHARLOTTE DELBO

     

    Auschwitz et après I,
    Aucun de nous ne reviendra,
    Les Éditions de Minuit, 1971