04 mars 2017
Pour saluer les Afrique(s) en poésie, au Scriptorium de Marseille
Ce 4 mars, jour du lancement du Printemps des Poètes...
COMME UNE POIGNÉE DE DÉSERT NOIR
à Nimrod
C’est toujours le premier pas qui compte,
chante la pluie d’hivernage,
le premier pas qui nous enseigne,
quand il avance, à hauteur des plateaux,
muscle de l’or.
Les retrouvailles dansent sur le chaos
le tour d’honneur des flamboyants.
Fumeur de sable,
au tam-tam des énigmes,
tu en appelles aux peaux qui résonnent d’oublis
et de retours.
Une nuit d’amulettes
souffle ses femmes vibrantes.
Sur le nuage éteint du recommencement,
le puits n’est jamais au centre. Vous marcherez.
Pour nous montrer où va l’offrande
d’un feu de brousse méridienne,
demain encore,
vous marcherez.
DOMINIQUE SORRENTE
(extrait de Pays sous les continents, MLD 2009)
08:40 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
29 octobre 2013
Baudelaire hors les murs
L'étranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis? -Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie? - J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. -
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les
merveilleux nuages!
Baudelaire: Petits poèmes en prose, I (1869)
13:07 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
17 octobre 2013
De ce silence de deux ans
à Patricia, disparue le 17 octobre 2011
De ce silence de deux ans
revient
la porte à peine poussée,
tout ce qui vole en éclats,
soudain le sol
à quelques mètres du ciel,
et les doigts de sorcière mouillés
qui s’agrippent au souvenir,
et le vertige de l’autre temps,
flaque inversée
qui nous sourit.
Désormais, puisque les branches
ont des petites ailes,
tu peux aller partout,
de siècle en siècle,
de gravier en gravier,
avec grappes d’enfants ou bien seule,
et aussi nous tenir en veille
comme nous ne le savons pas,
îles en fuite
promises à l’inventaire du vent.
Désormais, quand tu souris,
lestée par le secret des feuilles,
j’ai la manie
de nous croire en voyage
avec le laisser-passer de ce jour.
Dominique Sorrente
12:21 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (1)