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Le Scriptorium - Page 19

  • UNE CHALEUREUSE RENTRÉE 2022 : LE SCRIPTORIUM AUX COULEURS MIMOSA

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    Belles retrouvailles en ce samedi 24 septembre pour l'Assemblée Générale annuelle du Scriptorium. La couleur était donnée.

    Un entre-deux dicté par une météo quelque peu turbulente nous obligea à naviguer entre intérieur et extérieur au gré des ondées. Mais nous passâmes entre les gouttes.

    Après avoir revisité les diverses activités, intervalles, improptus et temps forts de l'année écoulée, il était temps de noter quelques dates à venir :

     

    Le samedi 08 octobre (on en reparle très vite) :

    Caravane poétique hors les murs à Thouzon, dans le cadre du festival Trace de Poète (Nicole Mignucci) et en collaboration avec Pierre Sèche en Vaucluse (Danièle Larcena) sur le thème : Haïku et Formes brèves…


    « La poésie est amante des formes brèves. Elle y trouve la fulgurance, y évite l’épandage. Le Scriptorium reconnaît la féroce domination du haïku au pays de la concision qui évoque, effet de  mode, qui sait, mais entend déclamer ou chuchoter, avec vous et encore vous, la poésie par des haïkus, c'est dit, et d’autres chemins brefs… » O.Bastide

    « allons allons 
    de chemins balisés en chemins détournés 
    au fil de nos déclinaisons. » E.Sarrouy
     

    * Le samedi 5 novembre :   Un auteur, une revue. Détails en cours…

    * À noter également, menée en parallèle par Claudine Baissière, la Nuit des Poètes et Poétesses : le jeudi 10 novembre 2022 (nous en reparlerons)

    * Le samedi 10 décembre : Veillée poétique au coin du feu…

    * Janvier 2023 : Moment soupe-poème

    * Le samedi 4 février : Atelier L'oreille ouverte (on lit/on s'écoute/on réagit) suivi par une crêpes-party

    * Le samedi 4 mars : Atelier Ad alta voce (poésie chorus, formes en mouvement)

    * Le samedi 18 mars : Printemps des Poètes/Instant Bateau Ivre Salutaire... mais ailleurs pour cause de chantier... Aux Portes de Jérusalem, et toujours en bord de mer !… Le thème de cette année : La Frontière.

    * Le samedi 6 mai : Caravane Intra muros (made in Marseille) - en descente cette fois pour changer !

    * Date à préciser ultérieurment (mais souvent entre fin mai et fin juin) : La Sieste Poétique du Scriptorium dans le cadre du Festival Oh, ma parole ! (Quartier Pastré ?)


    Il était temps aussi pour chacun.e de lancer à l'assemblée quelques envies (réalisables sans trop de contraintes) à partager au fil de l'eau  :

    Poursuivre les micro-caravanes du lundi… Vient qui peut, qui veux…

    Monter un atelier de marionettes poétiques (voir Claudine Ross)

    Poursuivre les impromptus à l'envolée… Dehors, chez Henri P.-G., ou partout ailleurs !

    Livre collectif, Lectures/Balade en bateau (à poursuivre avec l'association COBIAC / Izzoitinéraires), Lecture/Bateau Pirate à l'Estaque (GOEL'EN), Poursuivre avec l'AKDmia del Tango (voir Julie Lafaurie)… Festival Voix Vives de Sète... Poème épique au long cours… Théâtralisation poétique…

    À bon entendeur !…

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    Conseil d’administration en 2022 : Olivier Bastide, Gérard Boudes, Charlotte Hamer, Sophie Leenknegt, Nicolas Rouzet, Emmanuelle Sarrouy, Dominique Sorrente, Julie Lafaurie, Henri Perrier Gustin.
     
    Le Bureau est composé de Dominique Sorrente (Président), Sophie Leenknegt (Trésorière), Emmanuelle Sarrouy (Secrétaire).

     

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    "Le Scriptorium est une expédition permanente en poésie, menée par une petite communauté de poètes, d'artistes et de passionnés des mots, désireux de mettre la poésie au coeur de la vie en société. 
    Cette aventure propose des "gestes poétiques" et des "ateliers inspirants" à ré-inventer à chaque fois comme la Poésie chorus, le Jumelage, la Veillée, la Caravane, et même... la Sieste !
    Le Scriptorium a aujourd’hui plus de 20 ans. 
    Son nom dit le désir de partager les mots ensemble, aussi bien dans le silence complice qu'à ciel ouvert.

     

    Le lieu d'ancrage est à Marseille sur la colline du Bois sacré. 
    Toute initiative est accueillie avec curiosité, pourvu que la ferveur soit au rendez-vous." 
    Dominique Sorrente

     

    Quelques invités, Thierry Offre, et Karim de Broucker de la revue Phœnix, Audrey Gambassi chanteuse hors pair du Groupe Les Ivres Vivants,  nous rejoignèrent pour un temps lecture arrosé & ponctué par l'arrivée imminente des orages.

    Un très beau moment de partage.

    À renouveler sans hésitation aucune.

    La suite en images…

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    Karim de Broucker

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Marc Ross

     

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    Henri Perrier-Gustin

     

     

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    Marc-Paul Poncet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Julie Lafaurie

    aka Junie Lavy

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Éric Unger

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Claudine Baissière

     

     

    Wahiba Bayoudia

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    Sabine Rimaud Lallemand

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    ***      ***      ***

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  • DOMINIQUE SORRENTE, ANNE SLACIK- ICI NE TIENT JAMAIS EN PLACE- pour devancer les questions indiscrètes...

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    à l'occasion de la sortie du recueil de poésie "Ici ne tient jamais en place", édité par Voix d'encre, Dominique Sorrente évoque un aspect de la fabrique de ses poèmes accompagnés par les peintures d'Anne Slacik.

                            

                                                     *

    Ici, soyons simples, le texte est le point de départ.

    C'est cela qu'on voudrait dire, tout en sentant vite ce que cette formulation a de maladroite, de hasardeuse, de taillée à la serpe.

    Car oui, l'ordre des entrées en scène va des poèmes aux peintures. Le protocole (oh, la polysémie de ce mot...) indique que les personnages sont entrés, l'un après l'autre dans la ronde, d'abord le poète, ensuite la peintre. Comme on le fait dans une descente d'escalier qui mène à la découverte.

     

    Mais quoi ? Les poèmes forment une suite obtenue, plus qu'un énoncé au fil du temps. Souvent placés (peut-être parfois, j'ose l'espérer, gagnants...), dans le pas d'une marche précise qui eut lieu sur une flèche de sable sur le littoral vendéen. Après l'élan des premières nominations, ils ont connu l'agencement des balises, les exercices de déplacement, ajouts, défalques, petites manies à traquer des virgules, à questionner des blancs entre les strophes...en somme, l'ordinaire de la création poétique maison et ruines.

     

    Les peintures d'Anne Slacik ont à leur tour exploré des échappées, lâché des coulures, risqué des prolongements. Elles ont proposé de troublantes fluidités qui n'appartenaient à aucun plan préétabli, mais seulement résultaient d'une mise à l'écoute par les yeux et la main.

     

    Et tout cela fut en son temps posé comme un jeu de cartes de patiences, au pluriel. Un jeu où la règle avait à s'inventer pour former un livre, rythme, contre-rythme, et le glissement des pages, une à une.

     

    "La peinture est le lieu de nous où toute chose se dénoue" a écrit Aragon. Impossible de vérifier. On peut s'en émouvoir à l'infini, s'en amuser aussi. Car en fait de dénouement, on n'a pas fini de voir revenir les vagues, se changer les instants. On est bien face à un geste saisissant, merveilleux qui nous excède. Cela nous est hors de portée. Cela ne vient à travers nous que pour un moment bref, toute peintre, tout poète que nous sommes.

     

    Si "la Bohème est au bord de la mer"* comme l'a joliment écrit Ingeborg Bachmann, la flèche de sable visitée dans ce livre, localisée à la Pointe d'Arçay sur le littoral du marais poitevin, nous donne un autre enseignement: celui de deux "moitiés du monde" si l'on peut dire en apprentis géomètres, qui, inlassablement, se côtoient, se recouvrent, s'espacent...Une lisière où tout commence toujours.

     

    Exercices de rapprochement et de mise à distance. Ici ne se laisse pas tenir. Ici appelle plus qu'il n'affirme. Ici pose sa stèle mais aussitôt se défait dans la mue de ses peaux.

    On pourra s'y mettre à deux, peintre et poète, scruter à tâtons l'inconnue devant soi, elle restera la promise, la dérobée, cette variable qui surgit, joue et déjoue et nous enchante.

     

    Alors dans notre "métier d'ignorance" (Claude Royet-Journoud), nous prendrons le parti d'en sourire. Ici est porteur d'insolite. Il faudra donc avec nos outils de passage redécouvrir l'art du "hic" ...en attendant de se laisser troubler par le "nunc" de maintenant. Mais ceci est une autre histoire d'un autre livre...

     

    Oui, pour chacun, et c'est notre fortune du moment, Ici ne tient jamais en place.

     

                                                                          Dominique Sorrente

     

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    quatrième de couv.

     

    Le livre Ici ne tient jamais en place de Dominique Sorrente est accompagné de 15 peintures d'Anne Slacik. Il est édité par Voix d'encre         ( 96 pages).

    Prix: 19 euros. Disponible sur le site de l'éditeur: https://www.voix-dencre.net/

     

    * cité dans Anne Slacik, La Bohème est au bord de la mer, peintures et livres peints, Manoir des livres, Lucinge, 2020

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    Anne Slacik et Dominique Sorrente - Pompignan   été 2022        

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    Dominique Sorrente et Alain Blanc aux éditions Voix d'encre (Espenel, été 2022)

  • Simone WEIL par Eric Unger

    LA CARAVANE POETIQUE – 30 AVRIL 2022 – MARSEILLE


    Simone WEIL (3 février 1909 – 24 août 1943)

    Simone Weil arrive à Marseille en septembre 1940 où elle séjourne environ deux mois
    à l’Hôtel des Palmiers (Vieille Chapelle) avant de s’établir en novembre au 8 rue des
    Catalans. La rencontre entre Marseille et celle que le directeur de l’Ecole Normale Supérieure aurait baptisé « la vierge rouge », comme Louise Michel, ne pouvait pas être banale. En effet, le séjour marseillais de Simone Weil marque une période particulièrement riche de sa vie. Dès son arrivée en septembre 1940 elle entre en contact avec les Cahiers du Sud auxquels elle va collaborer sous l’anagramme parfois d’Emile Novis. Elle noue en 1941 une relation avec le père dominicain J. - M. Perrin avec lequel elle engage un dialogue fécond ; elle commente des textes grecs dans la crypte du couvent des dominicains. Elle retrouve René Daumal, son camarade de Khâgne, qui l’initie au sanscrit et lui remet des ouvrages de René Guénon. Elle
    lit les Upanishads, le Tao Té King. Elle côtoie Gaston Berger. De sa base marseillaise elle s’extrait quelque temps en Ardèche, aux côtés de Gustave Thibon, pour aller travailler en tant qu’ouvrière agricole. Elle entreprend un voyage à Carcassonne où elle rend visite à Joë Bousquet avec Jean Ballard, puis se rend à l’abbaye bénédictine d’En-Calcat pour la semaine sainte. Sur son chemin elle rend également visite à René Nelli. Elle rédige un certain nombre de textes de première importance, tient des cahiers d’une richesse considérable, sans oublier sa correspondance importante. Mais s’arrêter à son activité intellectuelle et spirituelle, certes fondamentale, serait réducteur. Ce serait ignorer que fidèle à elle-même, Simone Weil prend
    la défense de travailleurs indochinois vivant indignement dans le camp de Mazargues, qu’elle vient en aide et noue une correspondance avec un paysan espagnol, Antonio Atarès, interné dans de piètres conditions au camp du Vernet (Ariège). Elle prend contact aussi avec la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) qu’elle tient toujours en haute estime. Elle rejoint un réseau de résistance et distribue à ce titre Témoignage Chrétien. Parmi les traits de personnalité mentionnés par celles et ceux qui l’ont réellement côtoyée on en trouve souvent liés à l’élément feu : ardeur, incandescence, immolation. « Elle a l’intelligence qui brûle. » écrit Joë Bousquet. Personnage passionné et passionnant, Simone Weil, agrégée de philosophie, détient en outre naturellement cette faculté unique : l’intuition intellectuelle. Elle avait confié ses écrits, outre à sa famille, à quelques amis (notamment le
    père Perrin, Gustave Thibon, Simone Pètrement).

    A sa mort plusieurs initiatives ont permis la diffusion de son œuvre certainement peu aisée à compiler. Il existe d’innombrables études dans le monde entier la concernant et émanant de milieux divers. Pour cette évocation de Simone Weil nous avons pris l’option de privilégier ses réflexions et ses écrits de sa période marseillaise jusqu’à sa mort en classant les textes lus sous trois angles incroyablement
    imbriqués chez elle et dont elle seule probablement peut faire la synthèse : la beauté, l’amour, l’action.

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    Beauté

    « La beauté, c’est l’harmonie du hasard et du bien

    Le beau est le nécessaire, qui, tout en demeurant conforme à sa loi propre et à elle seule, obéit
    au bien.
    Le beau enferme, entre autres unités des contraires, celle de l’instantané et de l’éternel.
    La beauté séduit la chair pour obtenir la permission de passer à l’âme.

    Une œuvre d’art a un auteur, et pourtant, quand elle est parfaite, elle a quelque chose
    d’essentiellement anonyme. Elle imite l’anonymat de l’art divin. Ainsi la beauté du monde
    prouve un Dieu à la fois personnel et impersonnel, et ni l’un ni l’autre.

    Poésie : douleur et joie impossibles. Touche poignante, nostalgie. Telle est la poésie
    provençale et anglaise. Une joie qui, à force d’être pure et sans mélange, fait mal. Une
    douleur qui, à force d’être pure et sans mélange, apaise. »

    Amour

    « L’amour, chez celui qui est heureux, est de vouloir partager la souffrance de l’aimé
    malheureux.
    L’amour, chez celui qui est malheureux est d’être comblé par la simple connaissance que
    l’aimé est dans la joie, sans avoir part à cette joie, ni même désirer y avoir part.

    L’amour tend à aller toujours plus loin. Mais il a une limite. Quand la limite est dépassée,
    l’amour se tourne en haine. Il faut pour éviter cette modification, que l’amour devienne autre.

    Parmi les êtres humains, on ne reconnait pleinement l’existence que de ceux qu’on aime.

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    La croyance à l’existence d’autres êtres humains comme tels est amour.
    Les mêmes mots (ex. un homme dit à sa femme : je vous aime) peuvent être vulgaires ou
    extraordinaires selon la manière dont ils sont prononcés. Et cette manière dépend de la
    profondeur de la région de l’être d’où ils procèdent, sans que la volonté y puisse rien. Et, par
    un accord merveilleux, ils vont toucher, chez celui qui écoute, la même région. Ainsi, celui
    qui écoute peut discerner, s’il a du discernement, ce que valent ces paroles. »

    Action

    « Pour tout acte, le considérer sous l’aspect non de l’objet, mais de l’impulsion. Non pas : à
    quelle fin ? Mais : d’où cela vient-il ?

    N’être qu’un intermédiaire entre la terre inculte et le champ labouré, entre les données du
    problème et la solution, entre la page blanche et le poème, entre le malheureux qui a faim et le
    malheureux rassasié.

    Est bonne l’action qu’on peut accomplir en maintenant l’attention et l’intention totalement
    orientées vers le bien pur et impossible, sans se voiler par aucun mensonge ni l’attrait ni
    l’impossibilité du bien pur.
    Par là, la vertu est tout à fait analogue à l’inspiration artistique. Est beau le poème qu’on
    compose en maintenant l’attention orientée vers l’inspiration inexprimable, en tant
    qu’inexprimable.
    L’esclavage, c’est le travail sans lumière d’éternité, sans poésie, sans religion.

    Que la lumière éternelle donne, non pas une raison de vivre et de travailler, mais une
    plénitude qui dispense de chercher sans raison.
    A défaut de cela, les seuls stimulants sont la contrainte et le gain. La contrainte, ce qui
    implique l’oppression du peuple. Le gain, ce qui implique la corruption du peuple.

    L’extinction du désir (…) ou le détachement - ou l’amor fati – ou le désir du bien absolu,
    c’est toujours la même chose : vider le désir, la finalité de tout contenu, désirer à vide, désirer
    sans souhait.
    Détacher notre désir de tous les biens et attendre. L’expérience prouve que cette attente est
    comblée. On touche alors le bien absolu. »

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    Simone Weil quitte Marseille le 14 mai 1942 à bord du Maréchal-Lyautey, pour se rendre à
    New York, puis Londres où elle décèdera le 24 août 1943 à l’âge de 34 ans.
    Elle rédigea au retour des vendanges en octobre 1941 un poème intitulé La porte.
    L’être frappe à la porte et … « La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence.» Une clé de
    compréhension de ce poème pourrait bien se trouver dans ses cahiers de Marseille où elle
    écrit : « L’impossibilité est la porte vers le surnaturel. On ne peut qu’y frapper. C’est un autre
    qui ouvre. »

    Eric UNGER

    « Attendant et souffrant, nous voici devant la porte.
    S'il le faut nous romprons cette porte avec nos coups. 
    Nous pressons et poussons, mais la barrière est trop forte.
    Il faut languir, attendre et regarder vainement. 
    Nous regardons la porte ; elle est close, inébranlable. 
    Nous y fixons nos yeux ; nous pleurons sous le tourment ; 
    Nous la voyons toujours ; le poids du temps nous accable. 
    La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ? 

    Il vaut mieux s'en aller abandonnant l'espérance. Nous n'entrerons jamais. 

    Nous sommes las de la voir... 

    La porte en s'ouvrant laissa passer tant de silence. 
    Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ; 
    Seul l'espace immense où sont le vide et la lumière. 
    Fut soudain présent de part en part, combla le cœur, 
    Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière. »