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  • Reflux ~ Pierre Reverdy


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    © Photo Boris Pasmonkov





    Reflux



     

    Quand le sourire éclatant des façades déchire le décor fragile du matin ; quand l'horizon est encore plein du sommeil qui s'attarde, les rêves murmurant dans les ruisseaux des haies ; quand la nuit rassemble ses haillons pendus aux basses branches, je sors, je me prépare, je suis plus pâle et plus tremblant que cette page où aucun mot du sort n'était encore inscrit. Toute la distance de vous à moi — de la vie qui tressaille à la surface de ma main au sourire mortel de l'amour sur sa fin — chancelle, déchirée.


          La distance parcourue d'une seule traite sans arrêt, dans les jours sans clarté et les nuits sans sommeil. Et ce soir, je voudrais d'un effort surhumain, secouer toute cette épaisseur de rouille — cette rouille affamée qui déforme mon coeur et me ronge les mains. Pourquoi rester si longtemps enseveli sous les décombres des jours et de la nuit, la poussière des ombres. Et pourquoi tant d’amour et pourquoi tant de haine. Un sang léger bouillonne à grandes vagues dans des vases de prix. Il court dans les fleuves du corps, donnant à la santé toutes les illusions de la victoire. Mais le voyageur exténué, ébloui, hypnotisé par les lueurs fascinantes des phares, dort debout, il ne résiste plus aux passes magnétiques de la mort. Ce soir je voudrais dépenser tout l’or de ma mémoire, déposer mes bagages trop lourds. Il n’y a plus devant mes yeux que le ciel nu, les murs de la prison qui enserrait ma tête, les pavés de la rue. Il faut remonter du plus bas de la mine, de la terre épaissie par l’humus du malheur, reprendre l’air dans les recoins les plus obscurs de la poitrine, pousser vers les hauteurs — où la glace étincelle de tous les feux croisés de l’incendie — où la neige ruisselle, le caractère dur, dans les tempêtes sans tendresse de l’égoïsme  et les décisions tranchantes de l’esprit.

     

    Pierre Reverdy 

    [Anthologie, Orphée /La Différence, 1989]



  • Poème des Commencements (IX) ~ Alain Freixe

     

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    Des étoiles rouges

    Jonchent

    De tous leurs feux

    Les dalles du sommeil

    Bientôt les fleurs

    Les plaies

    Soleil et sang

     

    Alain Freixe

     

     Le parti des libellules, 

    manuscrit à 4 exemplaires  sur une toile de Georges Badin, septembre 2011



     

     

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    Tristesse

     


    (…)

     

    notre tristesse ce soir

    est rouge sur fond noir

     

    en elle

    se conjuguent

    l’aigu de la lame

    et le tranchant

    de la lumière

     

    notre tristesse

    a la couleur du vent

    retenue qui explose

    et va déjà vers son calme

     

    sèche et plissée

    une clarté monte

    de ses fonds

    celle du vide

     

    (…)

      

    Alain Freixe

     

    Extrait de Hors les battements du cœur publié dans Avant la nuit (manuscrit à 3 exemplaires pour Youl le 24 février 2012)

     


  • Beau hiatus de la harpe, et tous ces mots qui se bousculent...

     

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     (cliquer sur l'image pour agrandir)

     

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