05 mars 2012
Poèmes des Commencements (VIII) ~ Dominique Sorrente
© Photo Helder Reis
Les commencements sont mes meilleurs amis,
ils ont l’herbe à la bouche,
écartent volontiers les doigts de pieds
pour laisser circuler les rayons du futur.
Toujours prompts à prendre la relève
quand perdurent de trop
les vieilles peaux
de ce qui s’achève.
Ils s’ébrouent dans le vide
où le temps de la lumière ne passe pas.
Il y a un matin
où les grands ciels sont faits pour nous,
où les cailloux avancent avec nos marches,
où se disperse sans regret
ce qu’on ne saura jamais.
Rien
n’effraie plus les souffles qui respirent en passant.
Écoute :
les routes tremblent, même pour les chercheurs d’or,
nos défaites ont faim de nous
plus que nous le croyons,
mais sur ton cou, les colliers se changent un à un,
pour annoncer le jour qui vient, le jour qui tourbillonne,
et ton rire lance sa première salve
en ouvrant grands les rideaux de survie.
Dominique Sorrente
Extrait de C’est bien ici la terre [Éditions MLD, 2012]
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04 mars 2012
Poèmes des Commencements (VII) ~ Leonor Gnos
AVEU
Mot de passe .... .... ....
des doigts agiles tapent le rythme des aveux
effacer l'ancien amour insérer le nouveau
en cas de doute la poésie nous maintient debout
Kennwort …. ..... ....
flinke Finger tippen
den Rhythmus der Geständnisse
die alte Liebe löschen die neue eingeben
im Zweifelsfall erhält uns die Poesie aufrecht
VERTIGE
Je cherche un mot deux mots des mots
pour chasser le vertige
et je vois un oiseau qui déploie ses ailes
se jette dans le vide et chante
Ich suche ein Wort zwei Wörter Wörter
den Schwindel zu verjagen
und sehe einen Vogel der die Flügel spannt
sich in die Leere wirft und singt
VOEU
Un souhait sans nom
touche le temps
ce que nous ignorons
pourrait rayonner en nous
Ein namenloser Wunsch
ritzt die Zeit
was wir nicht wissen
könnte leuchten in uns
Leonor Gnos
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© Photos Boris Pasmonkov
09:40 Publié dans Translated beyond the walls | Lien permanent | Commentaires (0)
03 mars 2012
Poèmes des Commencements (VI) ~ Yves Ughes
La marche s’adapte à l’austérité incandescente du chemin
et l’effort demandé semble bien être le dû
à verser pour se faire accepter dans le martèlement temporaire du lieu
j’imagine Moïse suant et crachant illuminé pourtant de ce buisson qui irradie le ventre
dis-moi ce qui peut aller ainsi figé dans les palpitations de la canicule
le temps n’avance plus
ondulations obligés dès lors pistil et pénis
et puis cette force des percussions sur le chemin jamais conquis
quand le sucre du vin vient agir et par sa combustion modifier le pas
il convient de lui donner cette indispensable part
de sainteté celle qui rassemble les pierres
les arbres secs ou foudroyés s’étirent dans la même fureur …
Yves Ughes
Capharnaüm, Station 6 [L'Amourier,2010]
« As-tu vu Judas se tenant debout dans ton ombre »
06:55 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (0)