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  • Pierre-Albert Jourdan ~ Ébauche d'un paradis perdu

    Très loin, le craquement d'une écorce. Un arbre qui étouffe.


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    Il faut grandir. Les rêves sont prohibés. L'immémorial été a franchi les colonnes de la terre. Les saisons neuves déjà se bousculent et plantent leurs blasons. Et cette route infatigable passe par leur corps. Et ils se savent dans le sommeil liés à ce corps délirant, ils n'ont que lui comme miroir. La grande table de la terre !

    Il faut grandir ; ils grandissent, mêlés aux touffes de thym, aux romarins vibrants, aux fleurs brutales des grenadiers. Membres épars dans ce massacre, ils savent les liens. Ils se fortifient d'absence. (Les rides sont le langage du dieu).

    Il faut grandir encore mais déjà, comme un enfant émerveillé lance les dés, l'aube roule sur les collines. Il y a dans leurs muscles, au réveil, la trace d'un chemin inconnu.

    Qu'ils partent ! Qu'ils soulèvent la poussière ! Ô, qu'ils partent et que la poussière se tasse sur leur chemin, que la poussière leur soit douce !

     

    *

     

    L'homme s'éveille avec peine de cette longue nuit. Il s'arrache aux liens tissés. Il le croit. Il secoue sa compagne, comme si la prière de l'aube résonnait encore dans sa tête. Partir ! Mais il contemple ce corps allongé près de lui. Il lèche cette chair endormie. La chaleur monte dans ses reins. Et le désir s'échappe, glisse dans les terres, frappe l'ombre miroitante et se love dans les collines. Il gonfle la pâte des nuages, étoffe les feuillages, leur donne odeur puissante. Il entaille la terre, l'ouvre aux semences.

    L'homme et la femme marchent d'un même pas. La tâche n'est pas remplie, vide est encore l'horizon qu'ils ne foulent pas. Il faut donner un nom à cette beauté éparse, la convaincre d'exister.

    Ils franchissent des terres innombrables. Veulent-ils oublier ce lieu sauvage d'éblouissement et de terreurs ? Peuvent-ils fuir ? Ils ne fuient pas. Ils sont ces étranges intercesseurs sans rien connaître de la nécessité qui les porte. Ils longent de grandes étendues et la fatigue voilent leurs yeux. Depuis combien de jours déjà ?

    Parfois comme une voix semble raser l'herbe nouvelle : de frêles tiges de sauterelles où bleuissent de petites mousses ; des plaques rousses sur le sol craquelé, l'étendue passionnément grise. Une voix, oui, qui froisse de longues tiges noires et jaunes et d'un duvet la caresse soyeuse, petites crinières de vent.

    Et le vent est partout.

    Ils s'arrêtent, se logent dans cet abri. Des oiseaux blancs aux longues pattes d'or dessinent les étoiles d'un ciel commun.

    [...]

     

    Pierre-Albert Jourdan, extrait de Ébauche d'un paradis perdu,

    Le bonjour et l'adieu, Mercure de France,1991, pp.275-276

  • Marche poétique du Scriptorium

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    Dans le cadre de Trace de Poète,  

     

     LE SCRIPTORIUM


    vous convie à une marche poétique

    le dimanche 20 mai 2012 à Saumane de Vaucluse (84)


    *

    La rencontre sera animée par Dominique Sorrente et Olivier Bastide.

    *

    La pérégrination partira du château à 9H30 et s'achèvera dans le village vers midi après une balade sur piste, chemin et sentier, ponctuée de cinq haltes-lectures. Repas tiré du sac dans la foulée.


    « Ensemble, tenir le pas gagné » aurait dit Rimbaud. Nous ferons nôtre ce principe, tout en en connaissant la beauté et la difficulté, et nous irons, selon le mot emprunté à Sade, qui fut ici enfant, « Allons poète, encore un effort...» pour écrire, lire, partager, selon ces prétextes :

    • Éloge du pied,
    • L'art de se promener,
    • La nature notre double,
    • On n'est jamais sûrs de notre chemin,
    • Personne ne marche par le seul pouvoir de ses pieds.

    Nous emprunterons ces cinq lancements à Frédéric Gros, Petite bibliothèque du marcheur [ed.Champs classiques, 2011],  lequel s’interroge :

     À quoi sert de marcher ? et d'où vient que nous sommes de plus en plus nombreux à randonner ?


    Donnons-lui la réponse du ralliement des poètes à la cause du pied ! Nous vous espérons nombreux ce 20 mai à Saumane.


    Pour une meilleure organisation, merci de nous faire parvenir vos contributions avant le 16 mai, en les adressant à poesiescriptorium13@gmail.com

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  • Deux rdv avec Dominique SORRENTE

     

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    Dans le cadre des rencontres de TRACE DE POÈTE

    DOMINIQUE SORRENTE a le plaisir de vous convier 

    au Château de Saumane (84) à :

     

     

     

     

    • une LECTURE AD ALTA VOCE  - Samedi 19 mai 2012 à 16h00 

    À l’occasion de la sortie de C’est bien ici la terre, éditions MLD, Dominique Sorrente propose une lecture–rencontre d’extraits de cette suite poétique, conçue comme une partition en neuf séquences. Jean-Marie Pelt écrit dans sa préface :  «  Ce livre contient sa part d’inquiétudes légitimes, d’angoisses et de colères parfois, de tendresse et de douce sensualité souvent, et aussi cette conscience, toujours en alerte pour nous faire toucher à l’essentiel ».  Fidèle à sa démarche faite d’incessants allers-retours entre parole à l’air libre et traces sur la page, l’auteur de Pays sous les continents (prix Georges Perros, MLD,2009) propose ici avec une ferveur toute particulière une présence voix haute, où se mêlent volontiers les improvisations musicales (guitare, guimbarde, halilitar…) d’un homme-orchestre de notre temps. L’esprit du geste troubadour n’est jamais bien loin de cette aventure-là.

     

    « Il y a un matin

    où les grands ciels sont faits pour nous,

     

    où les cailloux avancent avec nos marches,

     

    où se disperse sans regret

    ce qu’on ne saura jamais.

     

    Rien

    n’effraie plus les souffles qui respirent en passant.

     

    Écoute :

    les routes tremblent, même pour les chercheurs d’or,

    nos défaites ont faim de nous

    plus que nous le croyons,

    mais sur ton cou, les colliers se changent un à un,

    pour annoncer le jour qui vient, le jour qui  tourbillonne,

     

    et ton rire lance sa première salve

    en ouvrant grands les rideaux de survie. »

     

     

    • « B comme BRAN», performance contre-performance,                    Dimanche 20 mai 2012  à 15h00 

    « Bran est un curieux bout de prophète, parfois. Né comme un double dans mon écriture, il n’a cessé de remuer sur les bas - côtés. Pas facile de lui donner un statut, encore moins de lui édifier une statue… Peut-être le trouverez-vous en compagnie d’Alice au pays des Merveilles, du Plume de Michaux, de Mister Bean, pourquoi pas, en train de jouer aux cartes. Mais souvenez-vous qu’il vous changera les règles à chaque donne. D’où le plaisir que vous aurez à  le regarder se prendre les pieds dans les tapis volants du langage.  Est-ce sa faute, à la fin, s’il a sa chemise au - dehors et ses lacets défaits pour mieux passer sur l’autre trottoir du monde ? »

     C’est à cette navigation insolite d’un passager insaisissable, drôle et fantasque, son « inégal alter ego » que Dominique Sorrente nous convie ici.  Avec pour armes blanches, un langage déconcertant et des humeurs de plasticien sonore qui font la part belle aux ressources de l’imaginaire. Une occasion inédite de secouer le cocotier et gratter la rouille de nos pensées conformes.

     

    Alors Bran se leva et dit :

     « Le temps est venu

     de me rasseoir. »                  

     

    (La Navigationde Bran, périple cinquième)

     

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