Femme de l'absence
Femme assoiffée
Où sont tes mots ?
Le vide creuse sa morsure au ventre de l'âme
le feu remonte la gorge
sel au bord des paupières
Quel est ton nom ?
La lame t'aspire vers l'abîme
Avant la parole
Avant le souffle Avant
le regard
Quel est ton cri ?
L'inutile
Le soleil
s'est fait nuée noire
Où vas-tu ?
Je cherche un pays perdu
Filigrane du doute
Les désirs s'altèrent dans une nuit marine
Le pas se fige dans une douleur calcaire
Intégrité broyée
Mort ébréchée
L’écriture redresse l'abîme
Geneviève Bertrand
(extrait de Frontière de l'absence, Éclats d'encre, 2008)
Commentaires
DE-dicace
est-ce le sien est-ce le mien
l'oeil et son dard
Comme un croc sa présence ne lâche pas la chair
ne lâche pas la page
je me sens plonger dans l'abîme de l'oeil bleu
mon oeil sombre à proposer comme un entre
alors aimanté
organisé en lignes de forces en charges
mis en ordre le désordre émotionnel
démuni ou sauvé par la tension
sans rupture
ENTRE à lui dire
alors oscillations
une polarisation
comme nord-sud comme bleu-sombre comme DER-DRE
chacune nous trouvons notre ciel : du torrent à l'estuaire
de violence en silence
chacune rappelle que la douceur peut se précipiter torren-tielle
ce qui n'empêche en rien l'aride
chacune son gravir
c'est à dire graver la gravité du I commun qui tient pour nous ensemble
GenevIève et BéatrIce
verticales où frontières et exils ont pris l'élan vers l'absente présence qui nous ravIt
Les mots roulent et s’égrènent accrochés aux saisons
C’est allégés qu’ils franchissent le seuil du funeste
Et la peine inexorable accroche à la ramure
Le souvenir impérissable du toujours vivant
Quand « la porte claque » sur « un bonheur d’eau »
Et que « le soleil s’est fait nuée noire »
Geneviève nous fait entendre la psalmodie de la perte
Chant d’amour qui affleure aussi neuf qu’au premier jour
ABSENCE DE FRONTIERE
L'écriture décore la plaine
De chambranles en forme de cils
De décors voluptueux
Aux aspérités romantiques
D'alcôves en forme de gouffres
Avec du bois mort
Les indiens font des flèchettes
Enduite d'un curare
A retardement
Comme le reflet d'un sourire
Un damasquin de silence pourpre
Sur la porcelaine des nuages