UA-156555446-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : pistoia

  • Poésie et convivialité à la table

     
    podcast

     

    POESIA AL DENTE…

     

    Samedi dernier, la neige qui avait transformé le quotidien des Marseillais durant trois jours a fait ses valises. La Corniche retrouve son paysage entre le vert des plages et le dialogue des bleus, mer et ciel. De son imposante salle à l’étage, Le restaurant vénitien, Il Palazzio, sur la Corniche, abrite les scripteurs pour la rencontre-intervalle « Poesia al dente », consacrée à la poésie italienne. Muni pour la circonstance de mon carrousel de drapeaux européens, héritage de conférences passées, j’ai  placé la flamme italienne, vert blanc rouge, au centre du dispositif du moment. Le Scriptorium en ses Intervalles est un lieu-dit fait pour la rencontre de l’autre, la mise en veilleuse des ego, l’appel à la curiosité bien placée, le goût d’une vie hors-les-murs, en quelque sorte…Il Palazzio est propice à cet exercice de dépaysement littéraire.

    En ce jour, André Ughetto sera notre guide éclairé pour nous emmener en voyage dans la poésie italienne d’hier et d’aujourd’hui. L’invention du sonnet en Sicile, puis les figures de Dante et de Pétrarque sont les pièces fondatrices du propos, les « deux piliers d’entrée » d’une présence italienne en poésie. Dante ouvre la poésie du récit, le rythme narratif, l’installation d’une architecture du temps ; Pétrarque, au contraire, est approché audacieusement par Ughetto comme le créateur d’une « poésie sérielle », faite de moments qualifiés, même thème et multiples variations.

    On s’attarde un moment sur une seconde opposition, celle du Tasse de la Jérusalem délivrée et sa veine héroïque contre celle de l’Arioste avec la parodie du poème chevaleresque de l’Orlando Furioso. Les plats de poissons réclamant qu’on leur fasse à leur tour honneur, on remonte l’histoire en un rythme qui s’accélère. André Ughetto insiste sur l’admirable Alfieri au tournant de la période de la Révolution française, puis ajoute à cette constellation la figure décisive des Canti de Leopardi et des Tombeaux de Foscolo, que  l’immense tâche de traduction de Michel Orcel nous a permis de découvrir dans les années quatre-vingt. Avec l’avènement de l’unité italienne, et l’entrée dans le XXème siècle, les poètes surgissent un à un dans l’évocation partagée des convives présents. L’invraisemblable d’Annunzio, le péremptoire Marinetti et ses visées futuristes, et comme une figure inversée en creux, l’œuvre de Sbarbaro. Nicolas Rouzet évoque cet auteur insolite, retiré, spécialiste des lichens, dont l’œuvre est concentrée sur deux ouvrages « Pianissimi » et « Rimanenze » auxquelles  les traductions de Jean-Baptiste Para nous ont fait accéder.

                                               Tablée Al dente.jpg

                La promenade italienne fait une halte circonstanciée en Ligurie et plus particulièrement à Gênes, un des lieux les plus remarquables de la création poétique italienne d’hier et d’aujourd’hui. Qu’on songe à l’ombre tutélaire de Montale, au travail de redécouverte personnelle des mythes de Giuseppe Conte (Villa Hanbury & autres poèmes), aux accents colériques d’un Bruno Rombi (Huit temps pour un présage) et à cette intense activité déployée par Claudio Pozzani, ce « débusqueur de rêves » (selon les mots d’Arrabal), fondateur de la Maison Internationale de Poésie de Gênes et de plusieurs festivals dans le monde.

    Rome sera un moment saluée avec le groupe des poètes de la Métamorphose, et le regretté Fabio Doplicher, victime de la canicule de 2003, dont l’hermétisme formel correspond d’abord à un souci de ne pas donner prise au pouvoir de l’ordre fasciste, cet épisode obscur de l’histoire de l’Italie du XXème siècle qui trouble encore sa conscience.

    On s’arrête à présent sur deux voix contemporaines de femmes poètes. L’une est Lucetta Frisa,  dont Sylvie Durbec, qui n’a pu participer à notre intervalle, a mis à notre disposition certains poèmes en version bilingue. La voix de l’autre, Antonella Anneda, nous est apportée grâce aux partages d’Angèle Paoli, notre scriptrice du Cap Corse, qui avec beaucoup de pertinence nous ouvre à l’écriture de cet auteur, dont l’île sarde de la Maddalena « un’ isola nell’isola » constitue l’épicentre.

    Durant tout ce parcours, c’est Elena Berti, danseuse devenue ici chorégraphe des mots, qui nous fera entendre la présence de la langue italienne, avec une belle justesse de timbre, restituant ce juste équilibre entre l’instinct du chant, le goût de la phrase parlée et ce désir sans cesse de mots qui portent une pensée toujours en mouvement.

    L’Italie en poésie ressemble à un territoire de plus en plus immense au fur et à mesure qu’on s’en approche, un continent aux variations dialectales subtiles, une mine pour le lecteur curieux qui aimera croiser l’expérience d’une vie et celle d’un lieu d’ancrage. Le Trieste de Saba, la Sicile de Quasimodo, le Frioul de Pasolini, les stances du Funiculaire de Giorgo Caproni, le trop ignoré Sandro Penna, l’insistant Mario Luzzi, la liste ne cesse de s’étirer comme dans une conversation qui aurait choisi le déploiement plutôt que la maîtrise…

    Et d’autres noms qui me sont chers se bousculent dans le plus absolu désordre, l’étonnant Dino Campana de jadis en ses poèmes orphiques, les poètes d’aujourd’hui comme le subtil Fabio Scotto ou le rigoureux Daniele Pieroni, et encore l’inclassable Leonardo Sciascia dans ses Fables de la dictature…On n’arrête pas une poésie qui gagne à être fréquentée  encore et encore.

    Le vin blanc, Lacryma Christi, aurait-il délié les pensées ? Un moment, nous tenterons  de cerner  quelques particularités de la pratique poétique dans l’Italie contemporaine. Périlleux exercice…Une attitude est mise en exergue : celle d’embrasser l’actualité, sous toutes ses formes. Et aussi, une poésie où la pensée ne perd jamais ses droits et ses devoirs de former par les mots une véritable pensée du monde, empreinte d’humanité.

    La figure de Piero Bigongiari est venue au bout du voyage, comme présence de l’hermétisme florentin,  mais aussi comme lieu d’un séjour attendu vers les Remparts de Pistoia où le Scriptorium projette de se rendre pour une de ses visites « hors les murs »…

    Mais « Travailler fatigue » n’est pas que le titre d’un livre de Cesare Pavese sur lequel Nicolas Rouzet s’attarde en parlant de San Stefano. Il est près de trois heures de l’après-midi ; un concert de chant choral est encore au menu du soir à l’église d’Endoume. Nous irons de la voix parlée à la voix chantée, comme naturellement, avec nos façons italiennes d’interpréter la vie.

    Daniel Vincent délivre un texte du Balisage de Phoebe, intitulé « Marseille 1950 ». « La plage du Prado était encore à l’état naturel, elle avait le profil que le temps lui avait donné …». Par cette simple évocation, l’adepte de l’amitié, aujourd’hui hospitalisé, se fait ainsi présent parmi nous.  Un dernier verre, et la parade sur la Corniche de l’indispensable vespa d’un scripteur signent la fin de l’Intervalle « Al dente ».

    Nous repartons dans la joyeuse dispersion des moments accomplis en emportant en viatique la citation de Pavese, prélevée par Nicolas Rouzet,  de son journal en date de 1937: « Comme les grands amants, les grands poètes sont rares. Les velléités,  les fureurs et les rêves ne suffisent pas ; il faut ce qu’il y a de mieux, des couilles dures. Ce que l’on appelle également le regard olympien ».

    La sculpture d’Amado dédiée à Rimbaud, à quelques mètres de notre rendez-vous n’a rien perdu de toute la scène et de ses propos. En passant devant elle, j’entends comme une injonction riante à l’adresse de ceux qui en appellent au regard olympien et aux couilles dures: «  Travaux pratiques à suivre ».

     

    Dominique Sorrente

     

    Giorgione La tempesta.jpg

    Giorgione, La tempesta (1502-1503)

     Huile sur toile, 82 × 73 cm

    Galerie de l'Académie, Venise

     

     

     Tempesta ITA.jpg 

    La tempête

     

     

    Mon rêve d’aujourd’hui est un décor :

    maisons vides plantes peintes

    attendent les hommes et le vent.

    Il y a un pont qui relie les deux rives

    comme le temps dévoile

    un regard à un autre.

    Dans l’air le mien s’égare s’il n’aborde pas

    une lumière de femme, si une guerre

    ou une grande chimère ne l’agrippent pas :

    alors seulement le paysage,

    depuis le fond s’avançant,

    se désenchantera, le désordre violera

    la grâce immobile des gestes –

    et je sombrerai dans un autre rêve.

     

     

    Lucetta Frisa

     

    Extrait de Punto di fuga / Point de fuite

                          (traduction  Sylvie Durbec)

     

     

     

     

     * * *

     

    Quelques lectures et précieuses traductions :

    - Dino CAMPANA, Chants orphiques (traduction de Claude Galli, édition Via Valeriano, 1992)

    - Hughes LABRUSSE, Renzo MILANI, André UGHETTO, Anthologie Promenades en poésie italienne en 33 auteurs (Sud, 1984)

    - LEOPARDI, Chants / Canti [traduit par Michel ORCEL,  Flammarion, Paris, 1995 (rééd. GF, 2005)]

    - Bruno ROMBI, Huit temps pour un présage (Autres Temps, 2004)

    - André UGHETTO, Le sonnet, une forme européenne de poésie (Ellipses,  2007) ; Les poètes de la Métamorphose (Sud, 1992  )

    - Piero BIGONGIARI, Les remparts de Pistoia, traduit par André Ughetto en collaboration avec Philippe Jaccottet (Édition La Différence, 1994)

    - sur Antonella ANEDDA, voir pages dédiées sur Terres de Femmes   

    - sur Lucetta FRISA (éléments biographiques en italien)

     

     * 

    « On ne se souvient pas des jours,

    on se souvient des instants.»  

     

     Cesare Pavese (Le métier de vivre)

     

    Au moment où nous partagions ce moment de poésie italienne, notre ami Yves Ughes (mais nous ne le savions pas encore) perdait son épouse qu'il avait accompagnée depuis plusieurs mois dans sa terrible maladie.
    C'est donc  à Nicole et à Yves, un familier de l'oeuvre de Cesare Pavese, que nous dédions rétrospectivement cet instant italien du Scriptorium.

            Dominique Sorrente

     

  • Un anniversaire sous le triple signe de la rencontre

     

    Fonds Papier.jpg

     

     

     

     

    À l’occasion de la Journée mondiale de la Poésie (UNESCO), le Scriptorium, groupe littéraire ancré à Marseille, fêtera ses dix ans par trois rendez-vous : une soirée de gala dite « Transcontinentale », la publication d’un livre référence « Portrait de groupe en poésie » et la Caravane poétique entre le port et la vieille ville…

     

     

     

    aff TRANSCONTlight.jpgCe samedi 20 mars, à 20 heures, à la salle Tempo-Sylvabelle à Marseille, le coup d’envoi sera donné avec la seconde édition de la rencontre Transcontinentale dont le thème sera, cette année, « Poésie d’une rive à l’autre ». Cette soirée animée par  Dominique Sorrente aura pour invité d'honneur le poète Amin Khan, sous-directeur général pour l’Administration à l’UNESCO, auteur d’Archipel cobalt (parution chez MLD, février 2010). Le public sera invité à prendre un itinéraire insolite et varié. Il s’agira en effet d’évoquer les rives, les passages et les franchissements, sous l’aspect géographique et culturel, mais aussi entre les arts, d’une génération à l’autre, entre la folie et la sagesse, dans le lien avec les arbres…Tout cela sous le signe de la poésie, fil d’Ariane  de la rencontre. Nathasha Saje, poète américaine d’origine slovène en résidence à La Camargo Foundation à Cassis participera à ce moment, où l’on pourra notamment découvrir le Trio « Grain de Sable » qui, par la danse, la voix et le violon, proposera des improvisations à partir d’une création de Dominique Sorrente « Rebord du monde ».  D’autres moments surprises (variations impromptues harpe et flûte traversière, projection pictodrame, temps de poésie chorus, hommage au poète haïtien René Depestre…) sont au programme. Ils rythmeront la soirée, rappelant qu’à l’écart des conventions, et en toute indépendance de moyens, le Scriptorium continue d’aller de l’avant et de proposer à tous ceux qui aiment les mots en liberté des éclats poétiques à partager. L’entrée est libre, avec libre participation aux frais.    

      

     

       

    Couv_Livr.jpgLe moment sera également marqué d’une pierre blanche, avec la sortie de l’ouvrage « Le  Scriptorium  -  Portrait de groupe en poésie » pour les dix ans du collectif d’auteurs. Ce livre (252 pages) donnera au lecteur une juste idée et la pleine mesure de cette aventure  littéraire fondée par Dominique Sorrente, en 1999, dans le port du Vallon des Auffes, sous le signe de la « coïncidence », aventure revendiquée comme une utopie nécessaire à notre époque, vivant de nombreuses métamorphoses et traçant de plus en plus une voie singulière qui suscite un intérêt grandissant, notamment à l’étranger. Le livre s’articule de façon vivante en quatre parties, Quelque part à l’aube, Écrits de la constellation, Chroniques du futur antérieur, Carnet d’images, où l’on retrouvera en textes et en photos, la genèse du mouvement, les textes de création de près de trente auteurs qui ont participé à l’aventure, et aussi des témoignages sur  les expériences entreprises, telles que la Transcontinentale, la Caravane, les Jumelages, les Intervalles…autant de concepts en action, de gestes de poésie vivante et collective que le Scriptorium a  créés durant ces dix années de vie farouchement indépendante.  L’ouvrage sera présenté pour sa première sortie au cours de la soirée Transcontinentale, avec un temps de dédicace-signature par les « scripteurs ».

     

     

    aff Carav-web.jpgLe dimanche enfin, à 14 heures, c’est au pied du Fort Saint-Jean que la Caravane poétique prendra la route dans un itinéraire dessiné « Entre Lacydon et Panier ». Le parcours comprendra quatre haltes, chacune étant consacrée à un thème, successivement Entre deux rives (Fort Saint-Jean), Raison d’être (Parvis de l’église Saint-Laurent), Parole publique (Place de Lenche), Page de vie (place du Refuge). À chaque halte, sera également lu un poème d’un auteur qui  participe, chacun à sa façon,  à l’imaginaire poétique de la rive nord de la Méditerranée et de Marseille, en particulier : Louis Brauquier, Antonin Artaud, Victor Gelu, Andrée Chedid. La marche dure deux heures environ.

     

     

     

     

    Lorsque le Scriptorium a lancé il y a deux ans la première Transcontinentale-poètes du monde entier pour faire vivre à Marseille la Journée mondiale de la Poésie créée par l’Unesco, la perplexité était de mise. Aujourd’hui, cette initiative modeste, mais ardente et résolue, suscite un intérêt croissant.  C’est sans doute que dans une logosphère tentée par l’ustensilisation du langage, le pari des poètes demeure, plus que jamais, d’actualité : réveiller des « mots à ciel ouvert », portés par l’énergie créatrice, la beauté des formes, la fulgurance des rencontres. Des mots pour ré-enchanter le monde au quotidien. Tâche que le Scriptorium partagera volontiers avec d’autres initiatives qui se dérouleront dans d’autres villes du monde au même instant. Ce sera notamment le cas chez nos amis italiens de Pistoia dont  les rencontres organisées lors du Tempo del Ceppo, autour de la remise du prix littéraire de l'Accademia del Ceppo, célèbreront également la Journée mondiale de la poésie.

     

     

      

  • Le mura dei poeti II - Stanze per un incontro

    médaillon jumelage2.jpg

     

     

     

    encreAmici_PFI.jpg

     

     

     

    Non c’è più tempo amici per le cose

     

     

    Per andré, angèle, dominique, elena, yves, olivier, valerie

                                                                             dopo il terremoto

     

     

     

    I

     

     

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    Fino a quando abbiamo il tempo d’incontrarci

    Il tempo è dalla nostra parte per una sera.

     

    Ma quando siete venuti qui da lontano ancora

    Il lontano ha smesso di essere minaccia vera.

     

    Si è fatto calca attorno al tavolo quadrato.

     

    Dove le parole scorrono in contraddizione.

     

    Alla fine ciascuno di noi sceglie la versione

    Che più somiglia al destino che non ha scelto.

     

    L’ha avuta in sorte dal padre e dalla madre.

     

     

     

     

    II

     

     Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    Venite da lontano da una terra dove i papi

    Sono migranti. Ed i poeti sono uccisi perché

    Confessano parole che sono soltanto sussurri.

     

    Negli orizzonti limitati da valli di fieno e di lavanda.

     

    Simulando gli universi. Invece sono le cornici

    Di monti più bassi delle Alpi piene di neve.

     

    Siete venuti qui. E per essere arrivati disegnate

    Sula carta geografica l’omega immenso della fine.

     

    Solo della mia. Sono l’amico della fossa comune.

     

     

     

     

    III

      

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    L’ho capito da un colpo di tosse più profondo.

     

    Da un cedimento del costato per un colpo di tosse

    più aggressivo. Vi sedete per l’ultima traduzione.

     

    Siete gli apostoli attorno al corpo dell’Amato.

     

    Scegliete le parole per capirci o per non capirci.

     

    Ma il vento entra dalla Cattedrale senza porte

    Né finestre. Pile di vocabolari. Scatole di biscotti.

     

    Hanno parole dolci ma impervie. Sinonimi di verbi.

     

    Antonimi di fiori. Siamo fuoco e cenere del senso.

     

     

     

     

    IV

      

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    Finché il saggio ha capelli bianchi bastone d’argento

    Emette la sentenza. Gli altri sono ammutoliti al fuoco

    Di parole comuni e annuiscono subito in silenzio.

     

    Siamo tutti così vicini alla stella da bruciarci le dita.

     

    Si arrampicano i versi in salita alle svolte delle strade.

     

    Nelle discese dal fondo gelato le parole si scostano

    Dal significato. Al dolce ritmo si piegano le mani.

     

    In applauso ridi forte Dominique e il gesso di bambino

    Cade da lavagna mentre scrivi la prima parola neve.

     

     

     

     

    V 

     

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    L’ho detto e ripetuto a Valérie. Meritava di leggere.

     

    Ha l’asfalto dentro. La parola macchina la parola strada.

     

    Guida fino qui. Porta parole da una lingua all’altra.

     

    Sembra che per un attimo sia la fidanzata di tutti noi.

     

    Speranza di volare. Di sposare due lingue. Farle

    Scivolare una sull’altra. Il vento scivola sotto la soglia.

     

    Mescola di Piero i libri le dediche i foglietti acronici.

     

    A salvare le parole. A consegnarcele immeritate.

     

    Mentre Ungaretti ci guarda nella rete a lato opposto.

     

     

     

     

    VI 

     

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    André decano delle ampolle a un certo punto quando

    Il senso di un poema sembra tutto chiaro. Esplode.

     

    Spariglia le carte all’improvviso. Tutto cambia gioco.

     

    Si smarrisce e solo una risata stabilisce il passo. Più

    La stessa strada. Il verso in italiano appare sfigurato.

     

    Lambisce l’impossibile. Ci dà illusione di possederlo.

     

    Spicca il salto difficile a sostenere. Si batte un record

    Ogni volta. L’apnea ci secca la gola. Magico André

    Illuminato dalla via. Le parole ti siano casa leggera.

     

     

     

     

    VII

      

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    Ve lo ripeto credetemi. Mi tradurrete uno per uno.

     

    E le parole mi saranno babele di varianti. Io finalmente

    Scoppio nei coriandoli. Salto sul primo verso che passa.

     

    Faccio l’autostop. Prestatemi un pollice per il viaggio

    Che ci faccia più uniti. Sono straniero nel mio paese.

     

    Sono con voi in una lingua che ancora non comprendo.

     

    Ne capisco il cuore. Ne sento una sola sillaba senza

    Il senso della frase. Improvvisa si leva la vertigine.

     

    Angèle mi guida in terre delle femmine. Corse-are.

     

     

     

     

    VIII

     

     

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    Anche il mio verso sotto il peso delle traduzioni

    Ha finito per cedere. Ha creato spazio. Fessura.

     

    E’ crepata la parete da scalare. Ormai il verso è solo.

     

    Si affigge oppure si tace. E finalmente come ora

    Da crisalide si spiegano le ali di bianca sorgente.

     

    Spaziarsi rompere il macigno finalmente dopo anni.

    La cornice è diventata un libro. Dove il tempo

    Degli amici è diventato progetto. Si muovono case.

     

    Il terremoto cerca parole tra macerie. Qui si sale.

     

     

     

     

    IX 

     

    Non c’è più tempo amici per le cose.

     

    Ogni mattino discendono Iano con la macchina.

     

    Suonano alle curve. Per essere presenti all’atelier.

     

    Quando scendono il clacson rimbomba. La curva

    Si fa irreparabile. Ma sono salvi. In disparte

    Olivier discute contrario sopra una parola rara.

     

    Nel frattempo si accumula la polvere su noi statue.

     

    Elena paziente nell’amore delle valli. Dalla Sorgue

    Sul parallelo 44 fino a Pistoia tira un filo inteso.

     

    Tende l’arco. Variante decisiva. Pietra dell’origine.

     

     

     

     

     Paolo Fabrizio Iacuzzi

     

     

     

     

    Osp_Ceppo.jpg

              © Ph. Dominique Sorrente

     

    ___________________________________________________________________