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  • RETOUR SUR LA CARAVANE POÉTIQUE CÔTÉ MER du SCRIPTORIUM - 3 juin 2023

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    3 juin 2023. Un peu avant l’heure convenue, une petite troupe attend, éparse, autour des bancs de la place Ginette Garcin. Un air de départ en excursion...Mais le lieu n'a pas été choisi au hasard. C'est là, à l'entrée du vallon des Auffes, que le Scriptorium est né et a connu sa première décennie entre 1999 et 2011...En préambule, Dominique Sorrente évoque les premiers temps du Scriptorium, l'esprit des fondations ( à travers les mots de songe, rébellion et enthousiasme ). Il rappelle le rôle mécène de son épouse aujourd'hui disparue, Patricia Le Roux (1958-2011), dont le cabinet de pédiatrie accueillit ici les premières rencontres, les premiers intervalles.

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    C'est le moment de lancer le mouvement de la Caravane poétique 2023. Une trentaine de participants se met en marche, longe le souvenir avant de "tenir le pas gagné" en bord de mer, à la rencontre de lieux emblématiques de Marseille "côté mer". Elle donnera la parole à Marseille et à des écrivains qui sont nés ou ont aimé notre ville.

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    Dans le jardin public de Benedetti, sous l’ombre colorée des mûriers, où se débattent les pigeons affolés par le sucre et l’odeur intense des fruits mûrs, un premier hommage est rendu avec élégance par Wahiba Bayoudia à la vie et l’œuvre
    d’Hyppolyte Taine. Emmanuelle Sarrouy nous lit ensuite des extraits de l’œuvre poétique de Jeanine Baude, poétesse qui vécut longtemps sur la colline de Notre-Dame de la Garde et fréquenta la revue Sud. Entre citations et rappels biographiques le groupe se laisse porter par le duo et les battements d’ailes.
    La caravane s’enrichit de nouveaux venus, déambule vers la Corniche jusqu’au
    monument de l’armée d’Orient et des terres lointaines, avec ses bras levés au ciel.
    Elle trouve refuge dans l’ombre en arche du monument, et tandis que la brise adoucit la chaleur et fait voler les feuilles, Yolande Touati nous fait voyager en Amérique du Sud sur les traces du poète Jules Supervielle.

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    Face au château d’If, Henri Perrier-Gustin donne la parole au grand Alexandre Dumas qui dépeint le quartier des Catalans et raconte avec enthousiasme l’évasion de Dantès et la vengeance de Monte-Cristo.
    En surplomb du vallon coloré des Auffes, sur une placette peu fréquentée où des
    motards amusés interrompent un instant la caravane, Marc et Claudine Ross 
    donnent à entendre la voix chantante de Léon Tolstoï parlant en français, visitant Marseille et ses écoles. On imagine ce temps où la culture orale et populaire se transmettait dans les cafés plus que dans les classes d'écoles.

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    Les pas des caravaniers les mènent un peu plus loin sur la Corniche, la mer les
    entoure, ils se faufilent dans les ruelles tarabiscotées de Malmousque, et viennent se perdre ou se nicher dans une improbable et mystérieuse impasse choisie par Nicolas Rouzet pour donner la parole au Suisse Blaise Cendrars et à son Homme foudroyé. Avec Marseille et la mer en arrière-plan.

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    Au port de Malmousque, où les mètres carrés sont comptés, où la densité lumineuse et l’intensité du plaisir d’être et de vivre sont tels qu’on oublie la microscopie de la surface, nous avons dû nous faire un peu de place sur la terrasse du club nautique des Goélands. Debout sur une scène improvisée au milieu d’une cascade de rocailles, c'est le moment pour Junie Lavy de mêler geste et voix colorés, de nous faire plonger de 12 mètres de haut dans l’univers de la corniche Kennedy avec Maylis de Karangal et les gamins de Marseille.
    Les habitants du quartier tendent l’oreille. Dégun reste indifférent. Il ne manque plus que la photo de groupe pour immortaliser cet instant.

    Il est bientôt 19 heures.
    Le temps a passé trop vite. Le jardin Valmer qui tient son nom de Vague à la mer est déjà fermé. Nous ne pourrons y faire étape, ni connaître l'insolite histoire du Marégraphe. Alors on improvise et le groupe jette son dévolu sur la place entourée de murets, d’un ancien café de Malmousque pour écouter religieusement Marie- Philippe Joncheray évoquant l’œuvre décalée et imagée de Walter Benjamin décrivant son ultime passage à Marseille, dernière étape avant sa disparition.

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    Au diable Valmer ! La caravane improvise. Après ce parcours, mêlant la surprise des lieux, le plaisir des regards, la joie de faire des selfies ensemble et d’écouter la
    poésie, nous faisons halte dans la cour de l’une des caravanières : les-uns assis sur
    des chaises, d’autres sur le muret, et parfois à même le sol. Dans une ambiance
    symboliste et sans chichi, Eric Unger redonne vie à un poète dont l’œuvre fut en
    partie décimée par la guerre et dont le nom changea au fil du temps, Saint Pol-Roux, dit le Magnifique. Dans une effervescence de mots et d’images il évoque sa jeunesse et Marseille comme une amante.

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    La caravane fut un moment délicieux et lumineux, presque une communion entre les poétesses et poètes et Marseille, les rues où palpite la ville, les roches blanches et la mer. Un hommage aux autrices et aux auteurs. Les autrices Jeanine Baude et Maylis de Karangal, trop peu nombreuses sans doute. Elles seront plus nombreuses l’an prochain sans doute, nous y veillerons. Alors tandis que certains suivant le programme regagnent le théâtre Silvain pour y trouver la foule des concerts venue célébrer les 100 ans du lieu, d’autres rejoignent la terrasse d’une pizzeria et improvisent un atelier d’écriture dans la mousse des pintes de bière. Ainsi naîtra le poème qui conclut la caravane, brûlée de soleil, brûlée de sel et d’odeur de mer.

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    Le groupe est éclaté et les quelques derniers participants se croisent bien tard,
    sur les gradins du théâtre Silvain dans la douceur d’une nuit de juin dans
    l’incandescence des chants lyriques. Certains rentreront même à pied chez eux. La
    caravane 2023 s’achève, elle laissera dans les yeux des participants, des souvenirs légers, des éclats de bougainvilliers, des pluies d’agaves, de figuiers de barbarie, l’odeur laiteuse des figuiers dans les allées, les baigneuses aux portes Malmousque, la puissance évocatrice, l’intensité inspiratrice de Marseille.  Notre phocéenne cité.

     

    Rendez-vous est donné l’an prochain pour une caravane d’année olympique.


                                                      Henri PERRIER GUSTIN

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    Les Catalans.
    « Un jour, une colonie mystérieuse partit d'Espagne et vint aborder à la langue de
    terre où elle est encore aujourd'hui. Elle arrivait on ne savait d'où et parlait une
    langue inconnue. Un des chefs, qui entendait le provençal, demanda à la commune
    de Marseille de leur donner ce promontoire nu et aride, sur lequel ils venaient,
    comme les matelots antiques, de tirer leurs bâtiments. »
    Alexandre Dumas. Le Comte de Monte Cristo.