21 mars 2020
J-1 DE NOUVEAUX POÈMES DE BRAVOURE pour le SCRIPTORIUM
Les Bulle de Charlotte
Mardi 10 mars 2020 – Bulle de 8h35
Eu égard à vos regards
Mon idéal se porte bien
Eu égard à vos blessures
Mon idéal se porte bien
Eu égard à votre vacuité
Il germe et bourgeonne
Sans maux dire
Jeudi 19 mars 2020 – Bulle de 23h57
Des egos se promènent
Et se brisent sur la jetée
Du ressac à l’hymen
Un semblant d’éternité
Jeudi 19 mars 2020 – Bulle de 15h12
Comme un très long dimanche
Coloré d’une pointe d’appréhension
Des jours et des nuits arrogantes
On lui fait la nique
Gueule de bois virale
Épaules basses et jambes coupées
Brava brava la commedia
Vendredi 20 mars 2020 – Bulle de 22h23
Des germes combattants
Musique et inflexions de voix
Tout est bon pour tuer le temps
Printemps par-ci
Printemps parla et dit
Sauvez ce qui reste
Sauvez ceux qui restent
Charlotte Hamer
Luynes, mars 2020
ROUGIR VOS ÎLES
Le vide m’aspire
l’orage des marées met du chaos
les filles folles n’ont plus peur des loups hissés dans la mémoire épaisse des eaux
brumes et marais de leur visage
bel or, ouvre un bouquet de bruyère allume les peintures
relève
tes jupes sur l’alphabet de tes marines tes langues tes lèvres écumeuses
je sèmerai tant de mots au livre des pages brûlées
sur mes savoirs distincts la mer étale ses fers sa roue s’emmêle
au soleil et aux morsures d’oiseaux lassée des berceuses
des abîmes
et ils porteront mes yeux
sur leur poitrine
et une hache sur leur cou
car l’homme doit mourir deux fois.
Henri Tramoy
***
Au carnaval de la vie
avait-on besoin d’
un / virus meurtrier
pour nous rappeler
au chant des marées
à la douceur du
printemps naissant
au rythme des sirènes et
des matins dorés ?
avait-on besoin d’
un / virus meurtrier
dans la grande gueule
de la vie effrénée
pour amorcer le virage
en plein accéléré
poser nos points de suspension
en toute sidération ?
avait-on besoin d’
un / virus meurtrier
pour enfin respirer ?!
à Venise on rejoue le lac des Cygnes
la danse est belle et effrénée
d’un air de rien accompagnée
dans les miroitements de la lagune
sans un paquebot à l’horizon
sans ces touristes et leurs avions
commedia dell’arte dans les rues défigurées
commedia dell’arte dans les rues réanimées
commedia dell’arte de tout un peuple abandonné
mais les nantis ont-ils seulement compris
ce qu’est / le carnaval de la vie ?
Emmanuelle Sarrouy
Marseille, 21 mars 2020
IL N'Y AVAIT RIEN À DIRE...
Il n'y avait rien à dire, ce courage il m'avait manqué et il me manquerait chaque fois que je respirerai cette même odeur ...l'odeur des ports croupissants sous des soleils d'acier, l'odeur du poisson pourri et des coquillages en voie de putréfaction.
bigorneau vide la déception du crabe privé de repas
Le matin de la mort de mon homme dans son lit auprès de moi, sont venus dans l'heure qui a suivi d'abord le fidèle infirmier qui s'était occupé de lui durant ces longs mois d'agonie et de souffrances intenses, puis le cercueil et dans la journée ont afflué des dizaines de ses amis qui se sont succédé , 4 jours durant, avant que l'on puisse procéder à sa crémation.
Comment n'ai-je pas compris dès le premier regard, plutôt l'absence de regard, comment n'ai-je pas compris qu'ils voulaient tous ma destruction ? Pourquoi ai- je continué à croire qu'il pouvait en être autrement ? Il fallait que je disparaisse, que je n'existe plus; l'unanimité en avait décidé ainsi.
Pendant des semaines j'avais servi de bouclier pour les empêcher d'approcher, celui qui, moribond, refusé tout contact avec les autres... Mais peut-on en vouloir à un mourant ? Peut-on imaginer que cette personne festive et généreuse puisse désirer mourir sans ceux avec qui elle avait bringué toute sa vie ?
Pour ces gens là, il était impensable, que n'étant plus que l'ombre de lui-même, tordu de douleurs inimaginables, il puisse désirer une seule chose: vivre ces derniers moments entouré des deux seules personnes comptant pour lui, son frère de lutte et son dernier amour.
Nid de buse dans le rocher des collines une place pour deux
Douze mètres carrés de salon de cette minuscule maison perchée sur la colline, Son cadavre au milieu. Des ombres allant et venant nuit et jour. La froideur étincelante des ciels d'hiver.
L'odeur de sa dépouille mêlée au parfum épicée d'une bougie Ma tristesse dans l'écho de leur brutalité. La violence d'une indifférence froide. La force de la vengeance d'un groupe.
Et les heures s'ajoutant aux heures , les jours après les jours. L'oppression se mua en hallucinations. La faucheuse sur mes pas Je délirais seule parmi ces visages qui avaient été mes amis.
Par-dessus l'épaule le scintillement fugace de la Mort
Fuir la silhouette des fantômes. Leur laisser son corps en pâture. Ce cercueil ouvert aux hyènes affamées. Laisser derrière soi les ténèbres. Sortir de cette obscurité. Mon travail était terminé. Lui n'était plus rien, une enveloppe en train de pourrir dans une odeur de mer en décomposition. Le courage m'a manqué, j'ai cru que la bravoure était de rester. Ils m'ont mis en pièces et se sont acharnés. Violenter la vivante, ils étaient tous d'accord et jusqu'au soir de la crémation alors que tu n'étais plus que cendres ...
.. Le courage m'a manqué...
Oies sauvages par-dessus les tuiles la nostalgie des beaux jours
CLAUDINE BAISIÈRE
Le 20 03 20 COURAGE
19:48 Publié dans Marseille Bateau Ivre... | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
LA BRAVOURE EN MORCEAUX
Aurai-je la bravoure de pleurer pour de bon ?
Je n’ai que la couardise de sourire et mentir.
Mais que dire aux enfants, qui demain oublieront.
C’est ma peur qui me porte à la joie de m’enfuir.
La bravoure, dites-vous ! Elle est mise en morceaux.
Sur le sol, tel un pot de faïence renversé
Bout à bout, c’est ainsi que je l’ai ramassée
Pour donner cette miette, cette larme d’un peu d’eau.
Car la larme c’est moi, le petit vermisseau
Que refuse la fourmi à la pauvre cigale
Elle a dit que j’étais un microbe de gale
Et qu’elle pouvait danser au milieu des oiseaux.
A vrai dire, sur le sol, les morceaux sont perdus
On ne sait comment les recoller sans défauts.
Écrit par : GERARD BOUDES | 23 mars 2020
Écrire un commentaire
NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.