COURAGE, NE FUYEZ PAS...

Courage, ne fuyez pas.

Le monde est vaste, le monde est minuscule.

La vie des mots s'en va

toute à travers les murs.

La poésie vibre, hurle, se tait,

elle chante en sourdine

ce qui jamais ne sait se dire.

Encore un peu, poussons un peu plus loin.

Nous ouvrirons la mer où se font les légendes,

ramasserons les coquillages et les lichens.

Et même si la loi de ce temps troublé nous commande

de nous embrasser à distance,

nous apprendrons en quelques mots

à ne pas regarder de travers

la belle inconnue qui vit en nous.

Courage, ne fuyez pas.

                                Dominique Sorrente

Dans le cadre de l'anniversaire des 20 ans de l'association, le Scriptorium lance un projet de portraits brefs en vidéo des poètes scripteurs.

Chaque portrait est une séquence filmée, en un plan tourné-monté d'une minute et 20 secondes. Il pourra s'inspirer (de façon très libre) des Cinématons de Gérard Courant.

Chaque poète participant est invité à partir sur le choix des jours de la semaine ( 1 ou plusieurs) qu'il traitera à sa guise…Lundi...Mardi...Dimanche...

Dans un deuxième temps, la série s'ouvrira à d'autres auteurs sollicités par l'association.

Les poètes du Scriptorium sont invités à préparer leur intervention de façon que les tournages puissent commencer dès le 22 mars 2020, à l'occasion des "Morceaux de bravoure" au monument Bateau Ivre (Marseille, plage du Prado).

Une chaîne Youtube va être mise en place dans les prochains mois pour faire circuler l'opération.

C'est Emmanuelle Sarrouy qui pilote cette opération en coopération avec Dominique Sorrente.

 à l'occasion du Printemps des Poètes, ce poème dédié au courage d'un vieil ami de mon jardin... à partager entre les branches... 

©collection particulière

Mon acacia survivra-t-il à cet hiver ?

Entre deux de ses branches, j'ai posé

un fil de funambule invisible

pour que tout

jusqu'au bout

communique.

Difficile de dire depuis quand

mon acacia

a mis un silencieux à sa joie.

Maintenant,

il persiste devant mes yeux

à tenir solitude malgré le froid.

Ne reste que peu de sève à portée de sa vie,

quelques poussées de vert,

bourgeons rescapés

à la pointe des dernières  branches.

Mais il y a quelque chose de sauvage

qui résiste en lui, un corps

à la peau tendue, nouée,

dont le tatouage des années se lit et s'efface,

un corps dur au mal

qui brave encore

les coups de fouet du vent.

De mes deux mains

je touche mon acacia

pour faire provision d'inconnu,

de lenteur, d'espoir, de courage.

Je regarde trembler

les quelques feuilles qui s'obstinent,

face au soleil,

pour quand la branche la plus haute

parlera à nouveau mésange.

                                        Dominique Sorrente

©collection particulière