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Le Scriptorium - Page 34

  • L'ÉPIQUE BISTROT est né...au SCRIPTORIUM de Marseille

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    Que faire quand le moral est dans les chaussettes et qu'on ne retrouve plus ses chaussettes, quand l'agenda est lacéré de rayures, quand on s'énerve à compter le rayon de permission pour marcher en lonesome cowboy ou cowgirl ? Que faire surtout pour se relier quand les signaux de fumée semblent insuffisants? 

    Le Scriptorium a choisi une formule, l'Épique Bistrot, qui mérite une petite explication de texte.

    Un Bistrot, en temps de confinement... Il y a bien sûr de la frustration dans l'air. Mais à tout prendre, sans charges fiscales ni sociales, ouvrir un espace de liberté, c'est déjà ça de pris.

    Le premier rendez-vous a eu lieu le samedi 7 novembre entre 17h et 19h via Jitsi Meet. Une occasion de trinquer à travers les écrans, prendre des nouvelles, dire et écouter des poèmes...Ce jour-là, marqué de deux pierres blanches: l'anniversaire de Marc Ross et la victoire de Joe Biden.

     

    Désormais, le rendez-vous est pris pour ceux qui le voudront. Pour le moment, cela se passe chaque samedi entre 17h et 19h.

    Si un couvre-feu est imposé, les horaires seront modifiés. Chacun, chacune viendra, selon son désir, partager un moment avec les autres poètes du lieu.

     

    Quant au nom "L'Épique Bistrot", il s'est imposé rapidement par le biais d'un désir de quelques scripteurs en demande d'une aventure poétique digne de ce nom. Oui, il y a quelque chose d'épique dans ce temps que nous vivons. Le temps des formalismes semble bien en panne. Les heures du vieux lyrisme réclament une métamorphose. Et si, dans les aléas de ce temps pandémique, les petites échappées narratives ne préfiguraient pas un rêve d'épopée...quitte à échouer en douceur au bord des comptoirs?

    Alors oui, le Scriptorium s'invente ici son lieu "digital"pour favoriser un engouement par temps de mise en berne. Un "intervalle" (comme se nomment tous ses rendez-vous) à l'Épique Bistrot. Les premières frappes de la légende sont sous presse en décasyllabes. D'autres suivront. Chaque scripteur est invité à cette invention à plusieurs voix, dont voici les premières strophes...

     

                                                                                   14 novembre 2020

     

    C'est au vingt-neuf montée de l'Oratoire

    Que la petite a joint la grande Histoire

    On y palabre on y délire et puis

    À ta santé Blue Lagoon Pink Lady

     

    Les scripteurs sont là humeur canapé

    Accrochant leurs mots au bord de l'été

    Ils ouvrent le temps carnets à spirales

    Prêts à libérer des phrases bancales

     

    Les guitares ne sont jamais bien loin

    Revenues d'amours perdues dans les foins

    On ne veut pas croire à la pandémie

    Qui rend dans le soir les visages gris

     

    L'un d'eux s'est levé pour une apostrophe

    Sentant débarquer quelque catastrophe:

    "Scripteurs d'aujourd'hui, ne faillissez pas.

    Le sort des fées vous va plus que des rats! ...

     

    Le reste sera notre façon de conjuguer au rythme des semaines. Que ceux qui souhaitent nous rejoindre nous fassent signe...on fera une haie d'honneur pour laisser passer leurs poèmes.  

                             

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  • À LA DIGUE DU LARGE : quand le poète Dominique Sorrente et le peintre Gilles Bourgeade se relient pour le meilleur...retour sur une lecture à l'atelier très réussie

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    Ce dimanche 11 octobre, ils l'ont fait, et bien fait. Par trois fois.

     

    La triple rencontre était un bon choix. Audacieux, car il n'est pas (encore?) habituel de sacrifier au rite des réservations dans le monde des poètes et des peintres. Précaution sanitaire oblige, il faudra sans doute changer les habitudes... Payant, parce que les invités ont répondu présents, sont venus à l'étage écouter, voir, partager ces instants "à la Digue du Large". Par trois fois, à 16 heures, 17h30 et 19h, on a ainsi pu découvrir le nouveau livre de Dominique Sorrente et Gilles Bourgeade, édité par Tipaza dans la nouvelle collection Nota Bene.

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    Le lieu s'y prêtait, et ce fut pour beaucoup une autre belle découverte. À l'étage du 25 cours d'Estienne d'Orves où Christine Fabre Bourgeois travaille la reliure depuis plus de 20 ans. Un atelier hors du commun, où tentures, papiers, cuirs, œuvres et préparations forment un décor étonnant.

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    L'auditoire (autour de 20 personnes à chaque fois) a ainsi pu admirer les Digues créées par Gilles Bourgeade qui étaient exposées en deux formats, ils ont aussi échangé avec les deux artistes lors de la signature. Et ils sont partis en voyage, le temps d'une suite de poèmes. À la baguette, Dominique Sorrente a joué l'homme-orchestre au service du livre ouvert. Mû par une passion obstinée, lui qui fut aussi longtemps professeur n'a pas oublié le plaisir des synthèses, le goût d'éclairer les bouts de réel, en semant ce qu'il faut de fantaisies et d'humour dans son discours pour aller à la rencontre de l'auditoire. Présentation des deux itinéraires, de la rencontre entre les œuvres, des choix de l'éditeur; lecture de tel ou tel poème, extrait du livre ou de carnets en cours; chanson, également, avec la guitare compagne ou l'hallilitar, venus rappeler que les arts sont singuliers mais ne respirent vraiment bien que lorqu'ils se font signe.

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    Autour de la très grande table de travail où le public s'était installé comme à un repas d'un genre particulier, il y eut une belle énergie communicative. Et l'on put lever les verres à ce temps de poésie prélevé sur les malheurs, empêchements, craintes.

     

    La chance voulut que cette rencontre se passât de peu avant l'instauration du couvre-feu.

     

    On peut penser que les choses n'en resteront pas là entre le poète, le peintre et la relieuse. Ça sonne comme une fable heureuse...

     

    Le livre "À la digue du large" (20 euros) est disponible à l'atelier de Christine Fabre-Bourgeois sur demande, ainsi que les pastels exposés par Gilles Bourgeade dont quelques-uns restent en vente.

     

     

                                              Anne J. Lofoten

     

     

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  • Celle qui devient abeille

     

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                   à Patricia, d'un 17 octobre à l'autre, in memoriam

     

     

    Seule, avec tous,

    sans mot d'ordre,

    elle se hâte

    en héritière de nos traces,

    noyau gonflé de miel.

     

    Sur les barres de fer du futur,

    de ses pieds libres et soulagés,

    elle danse.

     

    Parfois elle s'amuse

    à ne plus du tout parler sur nos lèvres.

     

    Avec le quotidien

    qu'elle sculpte en son corps,

    elle fait silence.

     

    Silence

    à la nuit rousse des collines,

    dans les prémices de l'éclair.

     

    Et puis, un jour, vous la voyez vraiment,

    interminable et fugitive, c'est elle,

    l'abeille enceinte de l'été.

     

     

                        ( extrait de La Terre Accoisée, Cheyne éditeur, 1998)