Ars poetica
Je veux que le poème soit nuit, errance
dans des rues isolées, des artères
où la vie vient danser. Je veux
qu’il soit combat, non pas musique dénouée
mais passion d’exprimer en soi l’incohérence
le désordre qui prendra feu si l’on ne joue pas
le tout pour le tout
tandis que les autres, indifférents, sûrs d’eux
se gaspillent ou se préparent le soir
à mourir, toute la nuit je cherche des petits cailloux
incorruptibles dans le monologue de chaque jour
même très usés. Qu’ils brillent
dans leur épaisse obscurité, maigres insectes
hasardeux, que le sens tue
et qu’abreuve le sentiment
Nìkos-Alèxis Aslànoglou
[La mort de Myron -1959]
Trad. Michel Volkovitch*
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- * Anthologie de la poésie grecque contemporaine, nrf Poésie/Gallimard, 2007
- voir aussi d'autres poèmes de Nìkos-Alèxis Aslànoglou sur la page de M. Volkovitch