02 mars 2009
Pour ouvrir le Printemps des Poètes «en rires»
Et à part ça…
à ceux qui vous demanderont
Et à part ça,
qu’est-ce que vous faites dans la vie ?...
- Oh dans la vie, vous savez, pas grand-chose, j’ai fait à tout hasard,
j’aurais peut-être pas dû faire, mais enfin,
c’est plutôt en dehors de la vie, tout en dehors, si vous saviez,
mais là, pas vraiment fait, plutôt défait,
expérimenté des défaites, votre mine de maintenant en est une,
par exemple, mais moi, c’est en dehors de la vie,
pas le petit
dehors
de l’autre côté de la porte et qu’on entend dedans,
non le vrai, enfin un début de vrai, au-delà même du dehors,
quand dehors en prend de la graine, celle des oiseaux, par exemple qui sont postés au-dessus de leur cage,
qu’il ne se retourne plus, dehors,
pour compter les cailloux,
si vous saviez le nombre des cailloux,
au dehors du dehors, ça commence à faire loin à vue de nez,
c’est toujours drôle de tenter « à vue de nez », ça vous met de la brouillade
dans les sens, ça vous rend perplexe, presque comme vous en ce moment de maintenant,
au dehors du dehors, on va si dehors qu’on en est tout retourné en fait,
il y aurait comme un retournement, le dehors d’avant
pas vraiment gaillard, souffreteux, coincé on dirait,
pas espacé pour deux sous, pour tout dire, trop en dedans,
le dehors sortirait de ses gonds, dans un état pareil,
second est le mot, avec le c qui se prononce g, allez savoir pourquoi,
sans doute justement parce qu’il est dans cet état-là,
ce con, ça serait pas correct de dire,
à longueur de journées de ces dehors-là, on finit bien
par perdre une ou deux dents, n’est-ce pas,
on se met à prendre part à tout ce qu’on ignore, et on mesure le démesuré
avec un pied à coulisse,
étrange ce pied qui s’allonge, s’allonge, s’arrondit aussi,
se rétracte, se dilate,
souple et centré comme on est dans les coulisses avant de faire la scène,
dans le dehors à donner son avis,
comme on fait, à soi tout seul, bande à part,
et ça peut vous tenir lieu de vie sur l’agenda troué du temps, vous savez,
chacun ses marottes
et à part ça, vous, Monsieur le banquier, vous,
mais il n’y a pas de sot métier,
je vous l’assure,
qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
Dominique Sorrente,
(tiré des Contre-Performances, inédits mars 2009)

A l'affiche à Marseille, au Théâtre des 3 ACTES,
le mercredi 4 mars 2009 à 20h30.
(voir rubrique blog Marseille Bateau Ivre)
16:46 Publié dans Le sens de l'humeur | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, poésie, marseille, dominique sorrente
27 décembre 2008
Le dit de la neige

Heureux les enfants de neige qui se sont fait bonshommes.
À l’angle mort des lumières, ils sifflent de l’un à l’autre
pour une branche où se dessine un bras,
deux gros cailloux pour voir de leurs seuls yeux,
une écorce qui se fera chapeau.
À l’éclaircie de quelques mots,
vous les mettez à découvert, enfants prodigues
qui ne veulent plus repartir,
tant que le jour n’ aura pas fondu tout entier sur leurs mains.
Alors, et sans attendre, connaissant déjà tout
du temps inculte ou disloqué,
ils signent le moment fantasque
qui les a mis au monde.
Dominique Sorrente
Le dit de la neige (extrait)
16:34 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dominique sorrente, poème
08 octobre 2008
Dominique Sorrente, poète de la coïncidence
« Signe, signe à toujours, mon bariolé langage...»
Né à Nevers en 1953, Dominique Sorrente vit à Marseille. Il revendique une double influence celtique et méditerranéenne, alternant textes pour la voix haute et traces d’écriture. Une vingtaine d’ouvrages jalonnent son parcours, notamment chez Cheyne éditeur, récompensés par plusieurs Prix (Guy Levis Mano, Artaud, Bérimont) ainsi qu’une anthologie personnelle « Pays sous les continents, un itinéraire poétique 1978-2008 » chez MLD, prix Georges Perros. En 2012 est paru « C’est bien ici la terre », préfacé par le professeur d’écologie Jean-Marie Pelt.
Professeur en culture et sciences humaines, Dominique Sorrente s’est également assigné la tâche de « passeur de poésie » entre cultures, disciplines de l’esprit ou publics de différentes origines. Il est le fondateur du Scriptorium (www.scriptorium-marseille.fr) qui propose des formes de poésie partagée (caravane, transcontinentale, jumelages, poésie chorus…) pour favoriser la présence de la poésie au cœur de la vie citoyenne. En 1999, une exposition rétrospective lui a été consacrée à la Fondation Saint-John Perse, à Aix-en-Provence.
Après avoir participé à la vie de la revue Sud (1970-1997), il est aujourd’hui membre du Conseil de rédaction de la revue des Archers à Marseille.
Actualité de l'automne 2013:
lancement le 28 septembre, à Dunkerque de la lecture - spectacle « Nord Sud où vont les fleuves » avec la poète slameuse Marie Ginet (production le Scriptorium et La Générale d’Imaginaire )
communication le 10 octobre à l'Alliance française/ Université de Glasgow (Ecosse) sur le thème: " De la ville-monde au terrain vague, les destins poétiques de Marseille en poésie"
résidence d'écriture en Provence, avec le soutien du Conseil général des Bouches du Rhône
22:00 Publié dans Portraits | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dominique sorrente