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dominique sorrente - Page 2

  • Pour ouvrir le Printemps des Poètes «en rires»

     

      Et à part ça…

     

                                                                  à ceux qui vous demanderont

     

     

     

     

    Et à part ça, 

    qu’est-ce que vous faites dans la vie ?...

     

    - Oh dans la vie, vous savez, pas grand-chose, j’ai fait à tout hasard,

    j’aurais peut-être pas dû faire, mais enfin,

    c’est plutôt  en dehors de la vie, tout en dehors, si vous saviez,

    mais là, pas vraiment fait, plutôt défait,

    expérimenté des défaites, votre mine de maintenant en est une,

    par exemple, mais moi, c’est en dehors de la vie,

    pas le petit

    dehors 

    de l’autre côté de la porte et qu’on entend dedans,

    non le vrai, enfin un début de vrai, au-delà même du dehors,

    quand dehors en prend de la graine, celle des oiseaux, par exemple qui sont postés au-dessus de leur cage,

    qu’il ne se retourne plus, dehors,

    pour compter les cailloux,

    si vous saviez le nombre des cailloux,

     

    au dehors du dehors, ça commence à faire loin à vue de nez,

    c’est toujours drôle de tenter « à vue de nez », ça vous met de la brouillade

    dans les sens, ça vous rend perplexe, presque comme vous en ce moment de maintenant,

     

    au dehors du dehors, on va si dehors qu’on en est tout retourné en fait,

    il y aurait comme un retournement, le dehors d’avant

    pas vraiment gaillard, souffreteux, coincé on dirait,

    pas espacé pour deux sous, pour tout dire, trop en dedans,

    le dehors sortirait de ses gonds, dans un état pareil,

    second est le mot, avec le c qui se prononce g, allez savoir pourquoi,

    sans doute justement parce qu’il est dans cet état-là,

    ce con, ça serait pas correct de dire,

     

    à longueur de journées de ces dehors-là, on finit bien

    par perdre une ou deux dents, n’est-ce pas,

    on se met à prendre part à tout ce qu’on ignore, et on mesure le démesuré

    avec un pied à coulisse,

    étrange ce pied qui s’allonge, s’allonge, s’arrondit aussi,

    se rétracte, se dilate,

    souple et centré comme on est dans les coulisses avant de faire la scène,

    dans le dehors à donner son avis,

    comme on fait, à soi tout seul, bande à part,

    et ça peut vous tenir lieu de vie sur l’agenda troué du temps, vous savez,

    chacun ses marottes

     

    et à part ça, vous, Monsieur le banquier, vous,

    mais il n’y a pas de sot métier,

    je vous l’assure,

    qu’est-ce que vous faites dans la vie ?     

     

                                                                  

     

                                                                        Dominique Sorrente,

                              (tiré des Contre-Performances, inédits mars 2009)

     

     

    DSenScène.jpg

     

     

     

    A l'affiche à Marseille, au Théâtre des 3 ACTES,

    le mercredi 4 mars 2009 à 20h30.

     

    (voir rubrique blog Marseille Bateau Ivre)

     

  • Le dit de la neige

     

    Hiver3.jpg

     

     

    Heureux les enfants de neige qui se sont fait bonshommes.

     

    À l’angle mort des lumières, ils sifflent de l’un à l’autre

    pour une branche où se dessine un bras,

    deux gros cailloux pour voir de leurs seuls yeux,

    une écorce qui se fera chapeau.

     

     

    À l’éclaircie de quelques mots,

    vous les mettez à découvert, enfants prodigues

    qui ne veulent plus repartir,

    tant que le jour n’ aura pas fondu tout entier sur leurs mains.

     

     

    Alors, et sans attendre, connaissant déjà tout

    du temps inculte ou disloqué,

    ils signent le moment fantasque

    qui les a mis au monde. 

     

     

     

     

                                                                                  Dominique Sorrente

                                                                                                           Le dit de la neige (extrait)

  • Dominique Sorrente, poète de la coïncidence

    dominique sorrente

     
                                                           « Signe, signe à toujours, mon bariolé langage...»
     
     
     

     

         Né à Nevers en 1953, Dominique Sorrente vit à Marseille. Il revendique une double influence celtique et méditerranéenne, alternant textes pour la voix haute et traces d’écriture. Une vingtaine d’ouvrages jalonnent son parcours, notamment chez Cheyne éditeur, récompensés par plusieurs Prix (Guy Levis Mano, Artaud, Bérimont) ainsi qu’une anthologie  personnelle « Pays sous les continents, un itinéraire poétique 1978-2008 » chez MLD, prix Georges Perros. En 2012 est paru  « C’est bien ici la terre », préfacé par le professeur d’écologie Jean-Marie Pelt.

     

       Professeur en culture et sciences humaines, Dominique Sorrente s’est également assigné la tâche de « passeur de poésie » entre cultures, disciplines de l’esprit ou publics de différentes origines. Il est le fondateur du Scriptorium (www.scriptorium-marseille.fr) qui propose des formes de poésie partagée (caravane, transcontinentale, jumelages, poésie chorus…) pour favoriser la présence de la poésie au cœur de la vie citoyenne. En 1999, une exposition rétrospective lui a été consacrée à la Fondation Saint-John Perse, à Aix-en-Provence.  

      Après avoir participé à la vie de la revue Sud (1970-1997), il est aujourd’hui membre du Conseil de rédaction de la revue des Archers à Marseille.

     Actualité de l'automne 2013: 

    lancement le 28 septembre, à Dunkerque de la lecture - spectacle « Nord Sud où vont les fleuves » avec la poète slameuse Marie Ginet (production le Scriptorium et La Générale d’Imaginaire )

    communication le 10 octobre à l'Alliance française/ Université de Glasgow (Ecosse) sur le thème: " De la ville-monde au terrain vague, les destins poétiques de Marseille en poésie"

    résidence d'écriture en Provence, avec le soutien du Conseil général des Bouches du Rhône