Heureux les enfants de neige qui se sont fait bonshommes.
À l’angle mort des lumières, ils sifflent de l’un à l’autre
pour une branche où se dessine un bras,
deux gros cailloux pour voir de leurs seuls yeux,
une écorce qui se fera chapeau.
À l’éclaircie de quelques mots,
vous les mettez à découvert, enfants prodigues
qui ne veulent plus repartir,
tant que le jour n’ aura pas fondu tout entier sur leurs mains.
Alors, et sans attendre, connaissant déjà tout
du temps inculte ou disloqué,
ils signent le moment fantasque
qui les a mis au monde.
Dominique Sorrente
Le dit de la neige (extrait)
Commentaires
COMMANDOS DES MATERNELLES
L'adoubement des transparences
Se passe de l'autorisation
Des chapeaux de paille
Ou des sous-vêtements de la nuit
Porte-plumes aux ailes de titane
Dans les fauteuils de feu
Des jardins du napalm
Les alluvions joyeux
Jouent des armes de soie
Gravure à l'ancienne
Empreintes de modernité
La touche de l'élégance
Je vous ai lu en "commentaire" de mon poème de Le dit de la neige.
Je suis sensible à certaines de vos images qui montrent un réelle densité métaphorique.
Ma demande ( insatisfaite ?) viendrait que chaque image chasse l'autre, pour ainsi dire. Je songe aux "stupéfiants-images" d'Aragon. Où l'on aimerait séjourner et faire naître une pensée, y compris dans l'ellipse, les mots se refusent parfois au lien.
Peut-être m'éclairerez-vous sur ce point avec les "porte-plumes aux ailes de titane"...
Meilleurs voeux, en tous les cas, à vous, et sans vous départir de "la touche d'élégance" qui sait aussi tutoyer le désespoir.
Dominique Sorrente
DU CHANT ET DES AILES
Les oiseaux chantent
Sous la dictée
D'un souffle clair
Dont ils ne sont
Que les scribes indolents
Assis sous l'aile
Qu'une géante déploie
En voluptés souriantes
Sur l'écran solaire d'une nuit
Que la cécité rend claire
ou alors, polysémie oblige:
LA NUIT DU FAUCON
Le titane peuple
La nuit multicolore
Des poètes aveugles
D'images indiennes
Au dégradé monochrome
Comme un uranium appauvri
Par les marées de sucre
Qui enveniment l'aurore
De parfums univoques
Et de saveurs sans pitié
Un petit dernier, pour le plaisir (en espérant que ces réponses multiples répondent en partie à votre question)
FRAPPER LA MONNAIE
Le vent porte des plumes
Dans les rêves tendres
Des demoiselles de Rochehaut
Qui prêtent leurs jolies mains
Au désir satisfait
D'un ouragan assis
Duquel jaillissent insouciants
Des confettis de joie
En danse d'estampage
Sur les forages d'arc-en-ciel
Caru Dumenicu, je voudrais soumettre à mon ami italien Giacomo Cerrai ta traduction du "Dit de la neige". Peux-tu m'envoyer l'intégralité du poème en français?
amicizia,
Angèle
Votre blog est une (terre) mer de recherche où le mot fait ses vagues et parois divague, mais rien n’est plus grand que la question.