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  • T’AS DE BEAUX MOTS, TU SAIS Le Scriptorium lance à Marseille le 21° Printemps des Poètes au Toursky

     

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    À Marseille, le Printemps des Poètes n’a pas dit son dernier mot.

     

    Pour déjouer le silence ambiant qui ne consent à pas grand-chose, pour dérouter les mots vides, trop usés, du monde machinal, les poètes du Scriptorium ont décidé de rallumer l’ardeur, faire entendre la vibration des mots, jouer une partition à plusieurs, le temps d’une échappée belle.

     

    Celle-ci aura lieu au théâtre Toursky à Marseille, dans la salle Léo Ferré, le dimanche 10 mars, à 16h. Axel Toursky, le nom d’un poète…

     

    Pour fêter ce moment, l’association le Scriptorium qui œuvre depuis bientôt 20 ans pour une poésie vivante et partagée s’est trouvé des alliés de choix :  l’association des amis de Richard Martin dont le travail de présence militante au théâtre est de tous les instants, et la revue des Archers qui continue de pratiquer ses « visions obliques », dans sa pratique éditoriale refusant les ostracismes.

      

    C’est donc en tir groupé que vous donnent rendez-vous les acteurs de cette rencontre.   

     

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    À la baguette, le poète Dominique Sorrente, ancré à Marseille, accompagné de la slameuse Marie Ginet, venue de Lille. Deux voix complices qui ont créé ensemble le spectacle « Nord Sud où vont les fleuves » et qu’on retrouvera ce 10 mars dans un rôle dont ils sont coutumiers : animer les podiums, les rencontres-lectures, les scènes slam.

     

    La rencontre aura pour objet de célébrer  la beauté dans tous ses états. La Beauté, thème du Printemps des Poètes, déclinée ici au pluriel. Car il y a tant de façons de croiser la Beauté…De Zénon à Pessoa, de Rimbaud à René Char, de Malherbe à Neruda, la beauté n’en finit pas de faire parler…et écrire…   

     

    Et comment ne pas entendre, dans ce « T’as de beaux mots, tu sais » choisi pour titre clin d’œil de cette rencontre une réinvention du dialogue amoureux entre Jean Gabin et Michèle Morgan ?

     

    Cette rencontre autour des mots du poème se fera donc le plus simplement du monde, mais avec sa part de surprises, d’émotions variées, de paroles à l’air libre. Autour des tables.

     

    Elle alternera des séquences de scène ouverte et des temps choisis ( chansons, performances…), dont deux hommages aux poètes Yves Broussard et Jacques Lovichi,  piliers de la revue Sud puis, plus tard de la revue des Archers, qui ont disparu tout dernièrement.

     

    Quelle démarche pour ce type d’événement ?

    Dominique Sorrente explique : « Il y a des phares en poésie, des paroles qui dessinent et éclairent, mieux que d’autres, le réel ; nous voulons les faire entendre à tout public. C’est comme cela que nous pouvons accueillir les écritures et les paroles nouvelles, leur donner sens. La part créative des uns fait alors écho à celle des autres. » 

     

    Ni élitisme de l’entre-soi, ni démagogie du tout-venant, mais des mots pour nourrir la vitalité.

     

    Un vrai Printemps des Poètes, en somme. 

    Et des tas de beaux mots... 

     

    Aspects pratiques :

    Concernant la Scène ouverte, toute personne qui le souhaite peut y participer.  En tant que spectateur-auditeur, bien sûr, mais aussi en participant de vive voix. Les inscriptions se prendront dès 15h30.

     

    Apportez les poèmes que vous aimez, ceux qui vous sont venus.* Un temps de parole de 3 minutes par passage vous sera offert comme une fenêtre choisie sur le monde.

     

    Cette rencontre sera aussi l’occasion de découvrir l’anthologie La Beauté, éphéméride poétique pour chanter la vie , établie en 2019 par Bruno Doucey et Thierry Renard (éditions Bruno Doucey) et celle du Castor astral, Pour avoir vu un soir la beauté passer (préfacée par Sophie Nauleau).

     

     

    Attablez-vous. Ce moment est le vôtre.

     

                                       Anne Lofoten

     

    *Vous êtes aussi invités à partager vos textes écrits sur « Dis moi dix mots » sous toutes ses formes, et ainsi participer à la semaine de la Langue française et de la Francophonie qui aura lieu du 16 au 24 mars. Pour rappel, les mots choisis sont : arabesque, composer, coquille, cursif/-sive, gribouillis, logogramme, phylactère, rébus, signe, tracé.

    À vos plumes…

     

  • DANIEL SCHMITT a 90 ans: un PRINTEMPS DES POÈTES en février

                          Au fur et à mesure qu'il avançait dans cette ville trop connue,

                         les rues devenaient nouvelles   

                                         Daniel Schmitt, extrait de Donné par la nuit (Lo Païs)

    Le triomphe de DANIEL  S.JPG

    Quel bonheur ! J’ai connu à Puryicard, au nord d’Aix-en-Provence un vrai Printemps des Poètes avant l’heure. Un 9 février. Mieux qu’un lever de rideau. Tous ceux qui viendront faire « événement » le mois prochain n’ont qu’à bien se tenir pour être à la hauteur.

     

    Le poète Daniel Schmitt vient de fêter ses 90 ans, et nous étions quelques-uns à l’accompagner dans ce geste qui fut aussi celui de croquer dans un gâteau de livres à nul autre pareil, et de compter les bulles de champagne comme tous ces jours traversés.

     

    IMG_20190209_132810 La leçon de Daniel copie.jpg

    J’ai une immense affection pour le poète de Donné par la nuit ( édité par Lo Païs, 1997). Je partage avec lui  mes initiales ( il est mon aîné dans la famille des D.S.) mais aussi évidemment bien plus que ça. Un homme rare, agile, courtois, capable d’une merveilleuse attention, et qui connaît encore par cœur des poèmes et des pensées qu’il partage à l’envi avec le public du moment. Il se dit « rangé des voitures » et tant mieux. À nous les chemins de traverse où il y a du prodige à trouver.

     

    Daniel et Manou.JPG

    Ce samedi où nous avons fêté son bel âge, il nous a encore gratifiés du souvenir de sa première rencontre avec Pablo Picasso. Une salve ! C’était en 1958. Son ami Lucien Clergue lui avait demandé un insigne et surprenant service, faire le quatorzième à la table du maître…et Daniel se demandant bien ce que c’était que cette affaire tordue, mais toujours partant pour l’aventure d’amitié, avait accepté. Il avait pris son intrépide solex, fait quelques heures en deux-roues de Cannes-la Bocca au Pont du Gard chez le collectionneur d’art, Douglas Cooper. Le solex et son conducteur s’étaient amusés comme des fous dans l’ambiance guindée des limousines.

    Dans la demeure, un Nicolas de Staël traînait par terre. Paulo Picasso servait les apéritifs de son père.  Daniel se souvient qu’il avait bu là son premier whisky et qu’on l’avait installé à côté de Jacqueline et en face du maître.

    Fin de l’épisode.

     

    À notre dernière rencontre, il y a peu, Daniel nous avait crédité d’autres histoires réjouissantes avec un art consommé de l’effet et une rare précision dans les détails. Comme Marie Ginet lui parlait de slam, irritée de la méconnaissance de nombreux poètes en la matière et capables pourtant de discourir sur le thème (lire son excellent article « Slam, peuple et poésie », publié dans la revue Terre à ciel https://www.terreaciel.net/Slam-peuple-et-poesie-par-Marie-Ginet#.XF_lIs9KjOQ   ), Daniel Schmitt, haut comme deux pommes et demie, était allé se hisser au-dessus d’une bibliothèque et avait brandi avec un grand sourire une coupe, en racontant l’histoire de son trophée. « Ça s’est passé en 1993. Deux américaines qui avaient sans doute connu Marc Kellly Smith, le fondateur du mouvement slam, ont eu l’idée d’organiser un premier concours de slam en France au château de la Napoule. Elles avaient battu le rappel. Et de ce fait, il y avait beaucoup de monde, et notamment toute la poésie qui compte et qui voulait se montrer pour ce moment. Je me suis inscrit. Le concours était mené tambour battant. Je disais un texte différent à chaque fois comme il se doit. Le public votait. Les compétiteurs tombaient petit à petit. Les poètes éliminés faisaient de drôles de têtes. Et c’est moi qui suis resté ! J’ai gagné des t-shirts, devenus des reliques, et cette coupe ». La rencontre pionnière de La Napoule ne fut jamais renouvelée. Fin d’épisode. On en fut quittes pour une photo de fortune.

     

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            Daniel Schmitt et Marie Ginet, Cannes janvier 2019

    C’est le même Daniel Schmitt, admirateur de Trenet, qui a souvent côtoyé René Char, André Villers, et plus tard écrit des paroles de chansons pour Henri Salvador.  

    Fidèle à sa passion de toujours, la poésie. Sans faux-fuyant, draperies, coteries sociales, avec juste le goût d’enchanter le réel, malgré les malheurs des temps.

     

    Déjà enfant, atteint gravement de la scarlatine, il avait inventé dans un délire de fièvre le nom de ses ennemis « les « hangués » pour mieux les convertir en mots.

    Et aujourd’hui, il en est de même : face aux monstres de notre époque dont il se sent étranger, s’accorder quelques bulles d’air, ou phrases caressantes. Et partager tout ça, partager avec ses plus intimes, comme sa femme Manou, la « Manou des quatre saisons », ou Lucile, son arrière-petite fille aux coloriages étincelants. Partager encore avec le premier venu.

     

    IMG_20190209_154805 Le gâteau.jpg

    Ce 9 février, à Puyricard où merveilleusement accueillis par sa fille Nathalie, nous fêtions notre ami, Daniel a refait ce geste que je l’ai vu faire tant de fois : sortir de son sac un feuillet, sa « Besace », et nous en donner à chacun un exemplaire.  On pouvait lire un poème de novembre-décembre 2018, grave comme la conscience du temps. Et l’énigme de ce que nous devenons en « disparus » que tôt ou tard nous serons.

                                                                 

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                         A gauche, le photographe et plasticien André Villers - à droite Daniel Schmitt 

     

     

    Comment va-t-il se rassembler

    Le Dispersé

    À qui donc va-t-il ressembler

     

    Comment va-t-il se rencontrer

    L’Éparpillé

    Dans quelle improbable contrée

     

    Qui ou quoi va-t-il retrouverL’Introuvable Trouvère

    De trous d’air en trous d’air égaré

     

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    Avec ma guitare, j’ai chanté la chanson « Petit prince de nonante ans » que j’avais écrite et composé en l’honneur de mon D.S. Et dit un poème « Quand l’année me tourne la tête » qui me semble avoir été écrit par lui. J’ai fait ça du mieux que j’ai pu comme Lucile avec son cadeau coloriage. J’ai été payé d’une embrassade d’évidence. Ici la vie ne ment pas.

     

    Oui, l’anniversaire a bien duré jusqu’ à 18h30.

    Le temps de la poésie s’étire en douceur. Avec le consentement des convives complices. Dont le peintre aixois Gilles Bourgeade, qui fut le passeur inspiré entre Daniel et moi. Pour ceux qui ne connaissent pas, visitez sans attendre son atelier virtuel: http://gilles-bourgeade.wixsite.com/arts

     

      

    Au moment où je devais repartir, j’ai vu Daniel déplacer son auto. Il s’apprêtait à repartir vers Cannes, vers son appartement à double vue montagne et mer. Avec Miro, Cocteau, et tant d’autres dans son coffre à souvenirs.

    Avec Manou, dans son silence parlant, « Manou ma saison jusqu’au bout ».

     

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    Un poëte est un sentier

    Un chemin de traverse

    Parfois même une impasse

    Et c’est bien comme ça

     

    Avec plein de gens de rencontre

    À chaque Besace expédiée

    Contre la mort contre la montre

    Je fais l’amour ou l’amitié

     

    Et que nous dit ici Lucile (qui a 4 ans et demi maintenant) ? :

    « Je décide et tout est possible ! ».

     

    Même pour Daniel de mettre un tréma sur le e de poète. Sans sourciller.

     

      

                                                         Dominique SORRENTE

     

     

     

  • ET LA MAGIE FUT AU SCRIPTORIUM !

    "Ne m'attendez pas ce soir

    car la nuit sera noire et blanche"

    Gérard de Nerval

     

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    Petit retour sur la magie qui a opéré au Scriptorium le samedi 26 janvier dernier à l'Oratoire…Nous y étions.

     

    Se taire

     

    que les voix éteintes

    résonnent encore

     

    Schweigen

     

    die ausgelöschten stimmen

    nie verkligen lassen

     

    Eva Maria BERG

     

    En début d'intervalle, lecture fut faite par Dominique Sorrente (avec également le poème Choeur d'arbres de Nelly Sachs) du poème d'Eva Maria Berg, retenue à Fribourg, pour l'hommage à la cérémonie de libération du camp d'Auschwitz-Birkenau. Le Scriptorium s'était associé à l'événement.

    Les voix des "mis au repos" pour cause de grippe furent également écoutées : Gérard Boudes et sa petite mécanique de mitraille en magie minuscule; Henri Tramoy et son Dans la gorge, l'abrasion du brasier.

     

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    Après une discussion à bâtons rompus sur les prochains événements en préparation et à élaborer… Olivier Bastide, qui avait pu se déplacer pour l'occasion, nous a fait le plaisir de nous apporter les photos et textes du projet collectif  Quinze vues, quinze voix (né avec les quinze ans de notre association). Après l'expo à Oppède le vieux, cet ensemble doit être bientôt présenté dans la revue en ligne Ce qui reste. Quelques textes furent relus pour l'occasion par les auteurs présents (Leonor Gnos, Isabelle Alentour, Nicolas Rouzet, Dominique Sorrente, Thérèse Dufresne) en vis-àvis des images proposées par Olivier. Bon préambule à la magie… qui prit bientôt toute sa place.

     

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    Des textes, des tours de cartes accompagnés d'un joli conte proposé par Francesca Manson, une chorégraphie tout en nuance de sentiments du pantin SEB, l'ami d'enfance de Sophie Leenknegt, accompagné en impro par Nicolas Rouzet, pianiste du moment !

     

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    Le petit Lucas (6 ans) formant des écritures de bon coeur au centre de la pièce, tandis que Medjina ( son aînée de quelques années) jouait du timelapse, le télécran de jadis, faisant surgir des silhouettes. Des paroles en questionnements, c'est bien la magie qui était à l'honneur, dans la multiplicité de ses définitions : émerveillement, peur, anxiété, étonnement, "et si", surgissement, "il y a un truc", apparition, "c'est fou"...

     

    L'intervalle fut clôturé devant le feu de cheminée par une ronde de crêpes salées, sucrées, toutes plus tentantes les unes que les autres… Et comme c'était le jour, elles se multiplièrent comme par enchantement.

     

    Non loin de là, en belle compagnie, la chatte Grisette, lectrice invétérée de Chateaubriand, nous adressait ses salutations du moment en bord de Chandeleur.

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                                                                    Anne Lofoten