19 décembre 2018
POÈMES AU COIN DU SOURIRE, et le feu du Scriptorium en décembre
"J'eus en ma vie un si beau jour,
Qu'il éclaire encore mon âme.
Sur mes nuits il répand sa flamme ;
Il était tout brillant d'amour,
Ce jour plus beau qu'un autre jour ;
Partout, je lui donne un sourire,
Mêlé de joie et de langueur ;
C'est encor lui que je respire,
C'est l'air pur qui nourrit mon cœur."
Marceline Desbordes-Valmore, Le beau jour (extrait)
Voilà, la veillée poétique des poètes et amis du Scriptorium s'est tenue ce 08 décembre 2018 au coin du feu, montée de l'Oratoire, à quelques pas d'un monde en révolte. Des retrouvailles entre humains qui s'avèrent tellement nécessaires quand la parole se cherche dans la confusion des tumultes. Nous étions cet îlot du moment, armé de feuilles et de livres, sourire aux lèvres et verres à portée de souvenirs et de promesses.
Ils / Elles ont échangé, au coin du feu de fin d'année, entre rires, sourires, musique et poésie… L'état d'un monde entre nos mains, tendues vers l'autre infiniment… Et ce lien, à préserver absolument.
Dominique Sorrente a ouvert la soirée avec un juste hommage aux deux poètes récemment disparus, Jacques Lovichi et Yves Broussard, dont il fut un compagnon de route au temps de la revue Sud, puis de la revue des Archers. L'occasion de revenir sur le parcours des revues et autres scènes collectives qui ont irrigué la création à Marseille et auxquelles ils ont de près ou de loin collaboré : les Cahiers du Sud, Encres vives, Action Poétique, Sud, Autre Sud, La Revue des Archers (née en 2000), Phœnix, le Scriptorium (né en 1999)…
Ensuite, chacun / chacune a présenté et lu un texte soit issu de sa création personnelle, soit dégoté dans ses lectures actuelles ou plus lointaines…
Entre autres, Jacques Prévert (Le temps des noyaux, Le cancre) ; François Caradec ; Jean-Marie Le Sidaner ; François Cheng ; Ito Naga ; Roselyne Sibille ; Valérie Rouzeau; Marlène Tissot …
Voyage entre les pages réchauffées par les flammes…
"Un jour, j’ai pas dormi de la nuit
pas évident de se faire à l’idée d’être soi
la vie, ce n’est pas que ça, il faut savoir fermer les yeux
dessiner l’aube sous nos paupières
on dirait que les nuages accélèrent
je passe en pilote automatique
faut savoir rester prudent quand on a
l’envergure d’un insecte"
(extrait)
La veillée s'est poursuivie autour d'un verre festif et de quelques mets délicatement préparés par les poètes.
Histoire de se raconter leurs vies et leurs envies.
Avant les prochaines retrouvailles en 2019, prévues le 26 janvier autour du thème de la Magie et des crêpes de saison. Avec en point de mire les 20 ans du Scriptorium !
Anne Lofoten
Marseille, décembre 2018
"Lorsque avec un bon sourire dans le métropolitain
poliment vous nous demandiez
deux points ouvrez les guillemets
descendez-vous à la prochaine
jeune homme
c'est de la guerre dont vous parliez
mais vous ne nous ferez plus le coup du père Français
non mon capitaine
non monsieur un tel
non papa
non maman
nous ne descendrons pas à la prochaine
ou nous vous descendrons avant
on vous foutra par la portière
c'est plus pratique que le cimetière
c'est plus gai
plus vite fait
c'est moins cher"
Jacques Prévert, Le temps des noyaux (extrait)
"Depuis les larmes écrire
Écrire jusqu’au sourire
Tenter d’écrire
Depuis
Les larmes
Jusque
Au sourire"
Emmanuelle Sarrouy (extrait)
Indignation
Charles CROS
Recueil : "Le collier de griffes"
J’aurais bien voulu vivre en doux ermite,
Vivre d’un radis et de l’eau qui court.
Mais l’art est si long et le temps si court !
Je rêve, poignards, poisons, dynamite.
HOMMAGE
Hommage ici à la chaussette désœuvrée,
l’unijambiste, l’orpheline.
Celle qui attend la divine rencontre de l’âme-sœur
dans le tambour du lave-linge.
IVRESSE
Aujourd’hui, vraie bonne humeur.
Je suis sorti sur la jetée
photographier le vent.
JE
À force de dire je,
tout devient nuageux.
OFFRANDE
Qui d’autre que le vin serait capable
par pur plaisir de convoquer
la pourriture noble ?
Dominique Sorrente
( Abécédaire en décembre)
17:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
04 décembre 2018
Veillée Poétique au coin du feu - intervalle de décembre
Et nos rires seront
toujours plus enflammés !
Rendez-vous au désormais mythique coin du feu …
rejoignez-nous, pour terminer l'année, au siège de l'association:
samedi 08 décembre 2018 - Marseille
Si vous n'êtes pas encore membre adhérent, prenez contact à:
poesiescriptorium13@gmail.com
Venez « Écrire jusqu’au sourire »…
Nous ouvrirons la rencontre par un double hommage aux deux poètes compagnons de route, récemment disparus, Jacques Lovichi et Yves Broussard.
Nous bavarderons fraternellement au coin du feu, échangerons nos lectures et nos créations sur ce thème, extensible à volonté, nous parlerons et échangerons sur les sens de la vie, l'état monde, le secret des poètes et de tout autre chose…
La rencontre sera prolongée d’un buffet. Chacun étant invité à apporter un plat salé/ sucré accompagné d’une boisson. Nous mettrons le tout sur la table.
Et contre les tremblements du monde
Et contre la détresse et la misère humaine
Nos rires seront
toujours plus enflammés !
Anne Lofoten
Marseille, décembre 2018
Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire,
Soyez généreux donnez-lui le vôtre,
Car nul n'a autant besoin d'un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.
Raoul Follereau, Le livre d'amour (1920)
18:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
YVES BROUSSARD (1937-2018) dans l'infini tremblement de l'être
"Il y a ce poème en moi
épais comme une vague de sang
qui bat la mesure
d'un monde à la dérive..."
écrivait Yves Broussard.
Le 1er décembre, quelques jours après le décès de Jacques Lovichi, un de ses proches compagnons d'écriture, nous avons appris par Teric Boucebci la nouvelle du décès d'Yves Broussard qui s'était retiré depuis peu "dans la lumière froide de Valserres".
Poète du peu, scrutateur de signes au-delà du visible, Yves Broussard poursuivait d'un poème à l'autre, d'un livre au suivant, un geste minutieux d'attention au réel. Il procédait d'une façon angulaire et lente et précise, posant ses mots un à un sur la page. C'était sa façon de se faire perméable à tous les temps dans leur "pauvreté essentielle".
"Un long travail intérieur... dont ne serait livrée que la trace essentielle, dans l'économie de la matière et de ses effets. » écrivait Jean-Max Tixier.
L'autre volet du parcours littéraire d'Yves Broussard fut l'action collective à travers la tâche de revuiste, d'Action Poétique jusqu'à Phoenix, mais essentiellement comme directeur de la revue Sud à partir de 1976 et jusqu'en 1997. À partir de 2000, il contribua à une nouvelle aventure, celle de la revue des Archers, au théâtre Toursky, également à Marseille.
La bibliographie d'Yves Broussard est abondante; il fut récompensé à plusieurs reprises (Prix Artaud, Prix Apollinaire...).
Ses poèmes sont traduits en plusieurs langues.
On pourra se référer au site du Printemps des Poètes: https://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poethequ...
Une belle façon de re-visiter tout un pan du travail d'Yves Broussard est de lire l'anthologie personnelle "Grand angle" publié chez son ami et éditeur Yves Namur au Tallis Pré (Belgique) qui couvre la période de 1960 à 1990.
Le Scriptorium rendra hommage à Yves Broussard (et à Jacques Lovichi) lors de sa prochaine Veillée poétique du 8 décembre 2018.
Lentement
comme au sortir d’un mythe
l’araignée tisse
sa toile
dans l’angle obscur
Libre
l’étoile glisse
sur le nuage
et
par compassion
t’attire en un immense rêve
où prendra le feu
( La nuit tremblée, édition Le Taillis Pré, 2002)
Pensée de l'alouette
être un moment
du murmure
des dieux
Y.B.
Dominique Sorrente
15:22 Publié dans Portraits | Lien permanent | Commentaires (0)