28 octobre 2011
Dans la bascule d'octobre à novembre….
Dix jours déjà ont passé depuis le décès brutal de Patricia Le Roux.
Bientôt viendra la trilogie Halloween, Toussaint, Jour des Morts qui prendra cette année une couleur bien particulière. Dans la bascule d’octobre à novembre, voici un extrait du texte écrit par Dominique Sorrente, en postface de l’ouvrage de Patricia Le Roux sur l’Énergie homéo-hydrogène (Publibook 2003).
Ce matin, j’ai vu s’allumer la stèle incandescente qui nous relie. Je lui ai trouvé une parenté avec ces pierres levées des îles Hébrides extérieures, cerclée par le soleil irradiant d’une tombée du jour. La stèle a parcouru allègrement les siècles. J’ignore quel trou d’air impromptu l’a menée jusqu’ici. On la dirait venue à nous dans une lumière inédite pour prendre maintenant la forme d’un aphorisme de Blaise Pascal. Cueillis sur une stèle griffonnée, ce sont ces quelques mots en stèle de passage que j’ai trouvés pour toi : « Éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre ».
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Une messe du souvenir à la mémoire de Patricia Le Roux, animée par le Massalia Consort, choeur dont elle assurait la direction, aura lieu à l'église d'Endoume à Marseille le jeudi 10 novembre 2011 à 18h00.
La célébration sera suivie d'un moment "Je me souviens", ponctué de musique, lectures et témoignages.
Voir annonce ICI (cliquer sur la photo) >>
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Un second hommage lui sera également rendu par son époux Dominique Sorrente le vendredi 18 novembre à 18h30 à la Fondation Saint-John Perse à Aix-en-Provence.
(cliquer sur l'image ci-contre svp)
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21 octobre 2011
Hommage à l'épouse disparue ~ Dominique Sorrente
à Patricia Le Roux,
décédée le 17 octobre des suites de ses blessures lors d'un accident, à Paris.
Dans la constellation de ses vies (mère de 4 enfants, pédiatre en cabinet, urgentiste à l'hôpital de la Timone, chercheuse en homéopathie, auteur de plusieurs ouvrages scientifiques en langue anglaise, allemande et française dans cette discipline, syndicaliste, membre des Officers du Comité européen d'Homéopathie, pratiquant la flûte traversière dans des ensembles de chambre, directrice d'un groupe de chant choral, navigatrice, généalogiste familiale, polyglotte en anglais, allemand, italien russe...), elle accueillit aussi comme mécène les poètes du Scriptorium dans son cabinet de pédiatre au vallon des Auffes à Marseille, à partir de 1999.
Voici quelques mots pour la saluer en poésie.
Saison, couleur de Sienne
Il y a une femme, devine que c’est toi,
qui revient harassée de tous ses soins d’enfants,
une femme au manège à la tête de cœur.
Elle range au jardin d’été les anecdotes des insectes,
balaie les cendriers d’un regard,
elle enfonce en terre les impatiences.
À table, on lui demande : remplis bien
les carafes qui font parler dans tous les sens,
distrais l’ange joufflu de la fontaine,
sur les charbons désoriente la braise
pour alerter les oiseaux du bonheur
Mais elle, sorcière déconcertante
aux jambes de plein soleil offertes en alibi
comme si de rien n’était
acquiesce.
Dominique Sorrente
Extrait de Mandala des jours , 2007
Traversière
En ce temps-là,
la flûte s’en va,
lissant le monde de sa durée et de sa hâte.
Elle passe à travers les murs,
logeant ses habitations dans le vent.
L’air travaille sous les plateaux. L’air joue
sur les dunes immenses.
De colonne en colonne, sa royauté respire
bien au-delà de nos mémoires d’aigle
ou de serpent ou de danseur
jouant son pas sur la grand-place.
Ainsi par elle
se dresse l’arbre.
Traversière en ce temps-là,
traversière de ce temps-là.
La flûte va
jusqu’à la plus infime tige d’herbe
qui se souvient de Dieu.
(extrait de La Terre Accoisée, 1998)
Celle qui devient abeille
Seule avec tous, sans mot d’ordre,
elle se hâte en héritière de nos traces,
noyau gonflé de miel.
Sur les barres de fer du futur,
de ses pieds libres et soulagés, elle danse.
Parfois elle s’amuse
à ne plus du tout parler sur nos lèvres.
Avec le quotidien
qu’elle sculpte en son corps,
elle fait silence.
Silence
à la nuit rousse des collines,
dans les prémisses de l’éclair.
Et puis un jour, vous la voyez vraiment.
Interminable et fugitive, c’est elle,
l’abeille enceinte de l’été.
DS
(extrait de La terre accoisée, 1998)
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11 octobre 2011
Les siècles de l'hiver
Le gris, l'agacé, le brun, le farouche
tu craques dans la beauté fantôme du froid
dans les marées de bouleaux, les confréries
d'épinettes, de sapins et autres compères
parmi les rocs occultes et parmi l'hostilité
pays chauve d'ancêtres, pays
tu déferles sur des milles de patience à bout
en une campagne affolée de désolement
en des villes où ta maigreur calcine ton visage
nous nos amours vidées de leurs meubles
nous comme empesés d'humiliation et de mort
et tu ne peux rien dans l'abondance captive
et tu frissonnes à petit feu dans notre dos.
Gaston Miron
extrait de La vie agonique, L'homme rapaillé,
[NRF, Poésie/Gallimard, 2007]
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Voir aussi Gaston MIRON sur PIERRE DE LUNE
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