23 mars 2016
LES IVRES VIVANTS ÉTAIENT EN CONCERT-SPECTACLE LES 18 et 19 MARS à LA CASINA à MARSEILLE
À la Casina, à Marseille, dans un concert-spectacle entièrement inédit, Dominique Sorrente, poète et auteur de micro-fictions a proposé un autre versant, moins connu, de son travail: celui de la chanson. Et il était en bonne compagnie pour cette aventure avec Audrey Gambassi qui a ce qu’on appelle une voix ravissante, délicieuse et Lionel Mazari, poète et comédien expérimenté au timbre grave.
C'est ainsi que le public a pu découvrir, après celui de la médiathèque de Salon de Provence, un concert-spectacle de chansons-poèmes en voix chantée et voix parlée. Ces créations toutes originales ont été écrites et composées par D.Sorrente pour la plupart et également par Lionel Mazari. Elles portent un esprit troubadour, agrémenté de divagations vocales et d'arpèges qui chatouillent volontiers les oreilles.
D.Sorrente
Guitares, guimbarde, harmonica, mots parlés, mots chantés, chacun ici tient son registre. Et le trio fonctionne à merveille. Lionel Mazari affirme une présence scénique grave ou facétieuse, où la gestuelle s'invite volontiers créant un personnage à plusieurs facettes. Audrey Gambassi assure la deuxième voix, avec un subtil sens du contrechant et un bel engagement. Dominique Sorrente tient le cap, entre voix et instruments, égrenant, un à un, ses textes chantés qui sont comme de petits récits de vie, portés par un jeu de guitare sensible et varié.
Audrey Gambassi
Et le public suit le chemin d'une ambiance à une autre. De la Chanson du Dandy à la valse des Ivres vivants (qui donne son nom au groupe), des accents tragiques des Villes Millénaires aux aventures de fables coquines de Compère le Marsouin, on parcourt les émotions, à la faveur des échanges constants entre les chanteurs-interprètes.
Un peu plus d’une heure pour emmener les neurones en balade et partager le jardin des mélodies …
Lionel Mazari
Une vraie fête avec les ingrédients que ce groupe sait mettre en jeu, avec exigence, beaucoup de plaisir et de complicité. C’est le genre de concert-spectacle qui ne court pas les planches.
Pour ces deux soirées, la Casina a joué "à guichets fermés", il est vrai dans une jauge intime (un peu plus de 30 personnes à chaque fois) et tout à fait adaptée. Le maître des lieux, Martin Kimmel, avait su préparer le terrain par son accueil chaleureux.
On attend maintenant de nouvelles occasions de retrouver cet univers intimiste, aux confidences qui ne demandent qu'à être partagées. Et où la saveur des mots et l'humour des formules ne perdent jamais leur droit.
Un événement exaltant avec un trio de troubadours contemporains: Les Ivres-vivants.
Avis aux salles de spectacle et aux particuliers, amateurs de concerts à domicile qui voudraient partager des moments "différents"! Les Ivres vivants sont prêts à débarquer.
Faudra le dire à personne/un peu quand même à tout le monde…Si tout chez moi vous déplaît/touchez-moi…Et l’on attend l’instant, la caresse d’or et le corps à corps des ivres vivants…
Sarah Lalique
contact : Le Scriptorium poesiescriptorium13@gmail.com
ou 0610656566
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15 février 2016
POÈMES EN RÉSONANCE POUR ASHRAF FAYAD, avec ROLAND HADJKOKKONYS
Amnésie de l’être
Quand tu dis, parfois tu meurs
Quand tu meurs sans dire
Tu restes masse
Alors meurs après avoir imaginé
Deux trois choses de la vie
L’époque a beau être sournoise
Elle n’est que reflet
L’époque a beau être reflet
Elle n’ est que sournoise
Ici tu deviendras
Là on t’oubliera
Il est hors normes
Ce moment
Où tu ne pleures plus
Où déjà on t’oublie
Ô être délaissé
Prends nos larmes comme un don
L’hiver sans nom
21 janvier 2016, espace Léo Ferré, théâtre Toursky
ROLAND HADJKOKKONYS
texte et photo
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30 janvier 2016
MARSEILLE : LA POESIE AU COEUR AVEC ASHRAF FAYAD
RETOUR SUR LA RENCONTRE DE SOLIDARITÉ
du jeudi 21 Janvier 2016
droits réservés: Lino Cannizaro
Pari réussi au-delà de toute prévision. Ils étaient plus d’une centaine à avoir répondu à l’appel de Dominique Sorrente, soutenu par Richard Martin, en faveur du poète palestinien Ashraf Fayad, condamné à mort pour apostasie en Arabie saoudite, en novembre 2015. Un public attentif et solidaire était réuni dans l’espace Léo Ferré du théâtre Toursky pour partager cette rencontre créée par le Scriptorium et co-organisée par le théâtre Toursky, l’Union des Poètes & cie et la revue des Archers.
Aucun discours convenu, mais un moment rythmé en trois temps : repères, traces, évocations. Dominique Sorrente avait donné le ton dans son ouverture, plaidant pour la liberté poétique contre les veaux d’or de notre époque, et tout particulièrement ici, le dévoiement religieux et la propagande rhétorique. « Nous ne pouvions rester les bras croisés, face à cette décision inique, cet acte visant au cœur la liberté poétique. Au-delà des pétitions, nous avons cherché la juste façon d’agir avec nos faibles moyens, un temps de ferveur poétique… » déclarait l’organisateur de la soirée.
droits réservés: Lino Cannizaro
Ce fut ensuite le tour de brèves mais intenses interventions de Richard Martin pour le Toursky, Brigitte Gyr pour l’Union des Poètes & cie, Henri-Frédéric Blanc pour la revue des Archers, et Isabelle Pellegrini pour le Scriptorium. Et comme la soirée se voulait, avant tout, un moment de partage et d’action en poésie, on put écouter les poèmes incriminés par les juges saoudiens, tirés des« Instructions internes » d’Ashraf Fayad, puis plus tard, une lecture à plusieurs voix d’un beau texte du poète syrien Abou Afach, avec des fragments en langue arabe. La poète italienne Viviane Ciampi, venue tout spécialement de Gênes, partagea un texte d’Erri di Luca et une saisissante performance personnelle.
Les autres arts accompagnèrent la soirée : l’expression plastique avec le diaporama de calligraphies « giclures » d’Hamid Tibouchi projetées au fond de la scène ; la musique, par l’entremise du tonique Ghani et de son groupe de Kabylie-Marseille, puis Abdelsattar à l’oud, ou encore le chanteur Christian Donati interprétant Bernard Dimey. Le trio des Ivres vivants fit entendre une création originale dédiée à Ashraf Fayad « Je suis l’archer des mots » dite en ferveur et gravité par Lionel Mazari, avec la voix aux accents chaleureux d’Audrey Gambassi, accompagnée de Dominique Sorrente à la guitare, pour un final saisissant où fut interprétée par le trio la chanson Les Poètes, véritable hymne écrit par Aragon, en d’autres circonstances, et mis en musique par Jean Ferrat, qui demeure d’une vive actualité dans les temps troublés que nous vivons : « Un plain-chant monte à gorge pleine/Est-ce vers l’étoile Hölderlin/Est-ce vers l’étoile Verlaine… »
Il restait à allier la vibration du moment partagé avec le désir d’agir de façon utile. Tâche qui fut présentée en des mots simples et profonds par un jeune exilé palestinien représentant Amnesty international.
La soirée s’était étirée sur deux heures, hors du quotidien ordinaire. Moment de vie, à part, qu’une participante au verre de l’amitié qui suivit résuma en ces termes : « Ça fait vraiment chaud au cœur pour lui, le poète condamné, et pour nous tous qui voulons continuer d’espérer ». Un moment en forme d’espoir contre une violence inouïe. En tout début de rencontre, Dominique Sorrente se faisait le porteur d’une nouvelle plutôt encourageante ; il avait appris que les juges saoudiens d’Abha venaient de reporter, deux jours avant cette rencontre, leur jugement concernant le recours de l’avocat d’Ashraf Fayad. Signe fragile, mais qui va, on peut le croire, dans le bon sens, parce qu'il marque une forme d’hésitation des juges, et sans doute des dirigeants du royaume, face à la mobilisation, désormais internationale, autour de cette cause.
La rencontre de soutien qui s’est tenue à Marseille, à l’initiative de l’association de poésie Le Scriptorium, est seulement la troisième en France, à ce jour, après celle organisée par deux institutions officielles, la Maison de la Poésie de Paris et l’Université de Strasbourg. Un exemple pour d’autres villes ou régions, une preuve aussi qu’une résolution émanant de la société civile peut avoir un impact non négligeable dans ce domaine. Marseille, par ce geste de quelques-uns, aura montré que, loin des querelles de chapelles, plus que jamais insignifiantes, l’esprit de solidarité en poésie existe.
Rappel : la pétition est toujours actuelle. Elle a accueilli pour le moment plus de 190 000 signatures. Elle peut être signée à la mention Ashraf Fayad sur le site change.org
L’objectif de cette soirée visait à sensibiliser le public le plus large à cette cause pour faire annuler la sanction, témoigner de l’aspect irréductible de la parole poétique sous toutes ses latitudes dans cette mobilisation humaine.
Et puis, envoyer de Marseille à Asfhar Fayad le signe d’une présence solidaire en poésie.
Sophie Leenknegt
droits réservés: Lino Cannizaro
Pour aller plus loin, on peut consulter l'article de Maryvonne Colombani dans le journal ZIBELINE
http://www.journalzibeline.fr/societe/ne-tirez-pas-sur-le-poete/
08:57 Publié dans Hors les murs | Lien permanent | Commentaires (2)