08 décembre 2008
Frontière de l'absence
Femme de l'absence
Femme assoiffée
Où sont tes mots ?
Le vide creuse sa morsure au ventre de l'âme
le feu remonte la gorge
sel au bord des paupières
Quel est ton nom ?
La lame t'aspire vers l'abîme
Avant la parole
Avant le souffle Avant
le regard
Quel est ton cri ?
L'inutile

Le soleil
s'est fait nuée noire
Où vas-tu ?
Je cherche un pays perdu
Filigrane du doute
Les désirs s'altèrent dans une nuit marine
Le pas se fige dans une douleur calcaire
Intégrité broyée
Mort ébréchée
L’écriture redresse l'abîme
Geneviève Bertrand
(extrait de Frontière de l'absence, Éclats d'encre, 2008)
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18 novembre 2008
« Pour renverser le mouvement de l'entropie »
Béatrice Machet - Extraits de DER de DRE.
comme der de der, la dernière de toutes les guerres...
et l'on sait bien que depuis cette fameuse guerre le monde
n'est plus que bombardements, massacres, viols, tortures, déportations,
camps, exodes, murs et frontières, .....
comme dernière époque d'une planète terre habitable
puisque polluée et surpeuplée
der de dre pour jouer avec les verbes et les néologismes
qui au delà du jeu donnent force et régénèrent l'usure du vocabulaire
der commme ouvert
dre comme fermé
der inaugure
dre répète et décale, offre l'écart dans lequel le sens et
la langue vivent d'une autonomie nouvelle
passer de der à dre pour renverser le mouvement de
l'entropie, enrayer son mode de relation qui dévoie.
Der et dre pour conserver la capacité de s'insurger et de
s'émerveiller, malgré ce qu'on a vécu, ce qu'on vit, ce
qu'on sait du monde comme il va.
I
fondre et fonder : deux verbes ; premier groupe, troisième groupe, au pluriel se conguguent de manière jumelle, et comme tous bons jumeaux ne sont pas mêmes. Pas de sens à clôner, mais de la fondation à la fusion quand nous fondons, que vous fondez, l'esprit d'amour dans la langue s'essaie au bien faire....
on voudrait dé-dier le dire
on voudrait dé-lier le lire
le faire vent
l'ardeur sans gorge sèche
l'argile et sa chaleur car souffle humide
tendre mousson
fervente
n'en pouvant plus de trébucher la langue en son donn-aime
me refuse un dom-aine
et c'est très bien ainsi
plaider inconnu devant
embrigader inconnu derrière
poussières poussières imaginer qu'elles n'aient pas d'âge
la lumière ne se détourne pas
les lieux voyagent avec elle qui est passage
n'a pas d'envers crée du lien sans fixer
mine de fil à plomb
pesanteur au visage
guigne à guigne le regard gagne et rebondit mollement
tandis que grogne la gorge
des tourbes dans le ventre
badigeon de sommeil
goutte grave et de guingois le bégaiement
halo gommant la netteté
à contre courant répare la voie
n'en pouvant plus
portion congrue grandeur nature
et c'est très bien ainsi
Descendez la cendre
et scandez la scandre sans craindre la représaille
la cisailler
là peindre sans représenter
défier le mythe barbouiller façon pastrouille
le symbole s'en est allé mironton mironton mirontaine
s'écaille et mal calé tombe retombe lourd de sa prétention
reprendre à partir de répondre qui donne le la ?
tache d'huile se répand de der en dre
ça filandre ça filangue ça in-fidèle à partir de sa foi
les usages les usagés s'en vont vers la vallée
là haut perdu(e) mais pas mort(e) sus-pendu(e)
tissu-langué l'ancêtre-linge
glissade du que au che passe à l'anglois éternué tche
postillons d'essentiels ils ont soulevé la question
gendre ou gender? ainsi les faux amis genre der de dre
Béatrice Machet
DER DE DRE,
publié chez VOIX éditions (2008), dans la collection Vents contraires.
ISBN 2-914640-80-3
22:37 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : béatrice machet, poème
27 août 2008
Fragments sorrentins
Derrière les volets gris
Autrefois, la terre était la terre qui emporte tout sur son passage,
et la terre passait.
Demain, si proche, n'est-ce pas la terre, elle-même, qui est emportée ?
Je voudrais ici sur parole ne pas être cru.
*
Et sur parole encore.
Les vraies questions : celles qui s'ouvrent à la lumière
et glissent sous la porte, au matin.
Les vraies réponses : celles qui savent dans un fossé du soir
perdre leur temps.
*
Je plaide pour des utilités sans gloire et sans armure,
celle des bulles de savon, par exemple.
Elles, du moins, savent s'envoler en demandant : quelle est l'utilité
de vos utilités ?
Et il n'est pas nécessaire de chercher à les retenir.
*
Sur la fenêtre, une déesse à la cognée.
Sa mémoire a fermé les portes à double tour,
pour s'endormir dans la fontaine.
Là, je bois comme j'écris.
D'une gorgée à l'autre, remontant vers le signe d'abondance,
sous le paraphe des orangers.
*
Le monde : tu peux l'appeler ainsi sous l'acacia qui dure.
Il est fait d'étoiles filantes et de mousses, de fourmis et d'anges gardiens,
de rues ouvrant sur des fleuves, de limites et de franchissements.
Une partition qui se donne à portée du premier regard innocent venu.
*
J'aime les yeux qui demandent ce qu'ils savent déjà.
Comme une promesse faisant retour.
*
Cette limite inconnue qui nous raconte, jour après jour.
Ce chant lacunaire où nous tentons des bribes, avec nos gorges d'assoiffés.
*
Dommage parfois de ne pas savoir saluer à sa juste valeur d'oiseau divin
un geste de sportivité au milieu des roses.
Comme refermer en plein soleil les volets gris pour libérer le paysage.
Dominique Sorrente
(Inédit 2006)
14:22 Publié dans Les feuillets de poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dominique sorrente, poème