04 mars 2012
Poèmes des Commencements (VII) ~ Leonor Gnos
AVEU
Mot de passe .... .... ....
des doigts agiles tapent le rythme des aveux
effacer l'ancien amour insérer le nouveau
en cas de doute la poésie nous maintient debout
Kennwort …. ..... ....
flinke Finger tippen
den Rhythmus der Geständnisse
die alte Liebe löschen die neue eingeben
im Zweifelsfall erhält uns die Poesie aufrecht
VERTIGE
Je cherche un mot deux mots des mots
pour chasser le vertige
et je vois un oiseau qui déploie ses ailes
se jette dans le vide et chante
Ich suche ein Wort zwei Wörter Wörter
den Schwindel zu verjagen
und sehe einen Vogel der die Flügel spannt
sich in die Leere wirft und singt
VOEU
Un souhait sans nom
touche le temps
ce que nous ignorons
pourrait rayonner en nous
Ein namenloser Wunsch
ritzt die Zeit
was wir nicht wissen
könnte leuchten in uns
Leonor Gnos
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© Photos Boris Pasmonkov
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04 octobre 2011
De James U. Curtin à Martino Baldi
Sulla tomba di James U. Curtin, nel centenario della morte
A Quarantine Point, un promontorio roccioso proteso a mezz’aria verso il mar dei Caraibi, che lo circonda quasi a trecentosessanta gradi, all’estremo sudovest dell’isola di Grenada, in mezzo a grandi pietre rade sparse su un prato misteriosamente verde e apparentemente curato in mezzo alla foresta bruciata dalla stagione arida, c’è una sola tomba con un piccola modestissima lapide, ai piedi di un piccolo arbusto sempreverde. Probabilmente è il primo e l’ultimo punto della costa da cui si avvista il sole rispettivamente all’alba e al tramonto. Sulla lapide è incisa una scritta, orientata non in direzione dei passanti ma in direzione del mare e del tramonto: In loving memory of my dearly beloved husband James U. Curtin. Born Toronto Oct. 29, 1875 - Died March 24, 1907.
Infine giungerai a questo palmo
di terra, a questo assurdo tuffo
di un prato inglese strappato alla foresta,
al gesto di una mano di roccia aperta verso il mare
e troverai, forse, le ragioni che mossero
ogni tuo illecito passo verso il nulla, ogni respiro
strette in convivio poco prima dell'alba
sulla lapide azzurra dell'oceano, e sull’altra
minima e ferma
le tue labbra ritrarsi nel silenzio
che si irradia prima e dopo la scena.
E troverai nel nome di un fratello,
my dearly beloved husband
James Umbert Curtin,
ancorato e steso
qualcosa che ti stringe e lì saprai
che c’è, che esiste, che non muore
il qualcosa nascosto che si perde,
il patto segreto del viaggio.
E forse per qualcosa avrai dovuto
attraversare i cieli e le foreste, sentire
il canto acuminato delle scimmie e dei serpenti
mentre cala la nebbia notturna nel vulcano
e nel verde più verde, nell'azzurro
più azzurro, nel nero più nero
per qualcosa, forse, avrai dovuto
vedere spalancare le fauci
della bestia letale e l'omicidio perfetto
pronto da estrarre nel fodero della notte.
Oh, beloved wife, Miss Curtin,
che cent'anni adesso gravano sulle tue lacrime,
quale errore mi guida qui, testimone in ritardo
del doloroso culmine del tuo amore, ignota
invidia degli amanti che non sanno
che la luce dell'inizio è la luce della fine
e la luce della fine un tepore eterno
e che i nostri stupidi gesti altro non sono
che l'ombra della tua infuocata speranza
di salvare qualcosa che non esiste
se nessuno la nomina.
Miss Curtin, in nome della luce
del cui mistero è ombra, io ti chiedo
cosa è accaduto veramente qui,
ti chiedo di conoscere il miracolo
che ti spinse ad amare quest'uomo
fino a offrire per sempre alla sua fronte il mare.
Lo invidieranno adesso Elena e Didone
e le più nobili amanti dei poeti a cui
cuori di carta offrirono pomi di cartone,
non questa felicità improvvisa della sorte
questo perpetuo bacio sulla fronte
un infinito "buongiorno (o buonanotte), amore"
che con l'andare del sole gli ripeti
e che insegni adesso a chi si spinge
fino alla soglia marina del cercare,
in questo piccolo spoglio e nascosto
definitivo mausoleo della luce.
Martino BALDI
Sur la tombe de James U. Curtin, au centenaire de sa mort.
À Quarantine Point, un promontoire rocheux penché au milieu des airs, sur la mer des Caraïbes qui le ceint quasiment à 360 degrés, à l’extrême sud-ouest de l’île de Grenade, il y a, au milieu de quelques grandes pierres éparses en un pré mystérieusement vert et apparemment entretenu au cœur de la forêt brûlée par la saison aride, une sépulture unique avec une petite pierre tombale très sobre, au pied d’un arbuste toujours vert. C’est probablement le premier et l’ultime endroit de la côte duquel on aperçoit le soleil tant à l‘aube qu’au crépuscule. Sur la pierre, en direction de la mer et non des passants, est gravée une inscription : In loving memory of my dearly beloved husband James U. Curtin. Born Toronto Oct. 29, 1875 – Died March 24, 1907.
Pour finir, tu parviendras à cet empan
de terre, à ce plongeon absurde
d’un gazon anglais arraché à la forêt,
à ce geste d’une main de roche ouverte sur la mer
et tu trouveras, peut-être, les raisons qui ont mu
chaque souffle, chacun de tes pas illégitimes vers le néant,
entassées au banquet peu avant l’aube
sur la plaque azur de l’océan, et sur l’autre,
infime et immobile
tes lèvres faisant retraite au silence
qui irradie l’avant et l’après-scène.
Et tu trouveras dans le nom d’un frère,
My dearly beloved husband
James Umbert Curtin,
ancré et allongé sans vie
quelque chose qui t’étreint, et là tu sauras
qu’il y a, qu’existe, que ne meurt pas
ce quelque chose enfoui et perdu,
le pacte secret du voyage.
Et sans doute c’est pour quelque chose que tu auras
parcouru cieux et forêts,
pour entendre le chant perçant des singes et des serpents
quand la brume nocturne descend au volcan
et dans le vert plus vert, dans l’azur
plus bleu, dans le noir plus noir,
c’est pour quelque chose sans doute que tu auras
vu s’ouvrir béante la gueule
de la bête meurtrière, vu le crime parfait
mûr pour être extirpé du fourreau de la nuit.
Oh, beloved wife, Miss Curtin,
cent ans maintenant pèsent sur tes larmes,
quelle erreur me conduit ici, témoin retardataire
du pic tourmenté de ton amour, jalousie
ignorée des amants qui ne savent pas
que la lumière de l’aube est lumière du couchant
et la lumière du couchant, une éternité tiède,
et que nos gestes insensés par ailleurs ne sont
que l’ombre de ton ardente espérance
de garder sauf quelque chose qui n’existe pas
si nul ne le nomme.
Miss Curtin, au nom de la lumière
dont le mystère est ombre, je te demande
ce qui réellement est advenu ici,
je te demande de connaître le miracle
qui te conduit à aimer cet homme
jusqu’à lui offrir la mer pour façade éternelle.
Et l’envieront dorénavant Hélène ou Didon
et les plus nobles amantes des poètes auxquelles
des cœurs de papier offrirent des pommes de carton,
non cette euphorie impromptue du destin
ce baiser à vie sur le front
un sempiternel « bonjour (ou bonsoir) mon amour »
que tu lui répètes dans la marche du soleil
et que tu enseignes aujourd’hui à celui qui s’aventure
jusqu’au seuil marin de la quête,
en cet ultime petit mausolée,
nu et dérobé, de la lumière.
Martino Baldi,
Trad. Valérie Brantôme
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03 janvier 2011
Leonor Gnos - LUFT
Die Klassik trägt den Atem
die Moderne schneidet ihn ab - sagte er
als die Front des Gewitters
von der Meereslinie abging und gleich
von ihrer Rückseite eingeholt wurde
schwere Wind- und Wasserschichten
einander hochwarfen
bis hin zu den Wolkenmassen
in immer kürzeren Pausen
auf die Küste hinzielten
und wir auf einmal in der Luft
einen Absturz von Kunstwerken sahen
und es für Erklärungen zu spät war
Der Reisende geht schnell
im Rhythmus des jagenden Pulses
der ausfiel im letzten Traum
als er die Distanz
zum präzisen Satz maß
nun zählt die Wirklichkeit
zwischen Ein- und Ausatmen
Wort für Wort ist er allein Zeuge
seiner Rückkehr
Das Wolkenkissen zerfällt am Horizont
von den wandernden Schatten auf den Felsen
bleiben nur noch Schattierungen
oder sind es Variationen dunkler Klänge
eines Namens der vorbeigeht
und zittert in der dünnen Luft
Leonor Gnos
AIR
Le classicisme porte le souffle
le modernisme le coupe - dit-il
comme le front de l’orage
s’en allait de la ligne de mer et aussitôt
était rattrapé par sa face arrière
de lourds empilements de vent et d'eau
s’élançaient l’un contre l’autre
jusqu'aux masses nuageuses
à toujours plus courtes haltes
tiraient vers la côte
et d’un seul coup dans l'air
une chute d'œuvres d'art – nous vîmes –
mais pour des explications, il était trop tard
Le voyageur va vite
au rythme du pouls en chasse
il achoppa dans le dernier rêve
comme il mesurait la distance
à la phrase exacte
désormais compte la réalité
entre inspir et expire
terme à terme il est le seul témoin
de son retour
Le coussin de nuages se décompose à l'horizon
des ombres errant sur les rochers
demeurent seuls des chatoiements
ou sont-ce les variations de sons graves
d'un nom qui passe
et tremble dans l'air léger
Traduction Leonor Gnos / Lionel-Édouard Martin
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